N°25. Novembre 2021
 

« Le meilleur CO² est celui qu’on n’émet pas »

Décarboner le bâtiment - quand la COP26 montre la voie

« Il n’y a pas 4 000 chemins pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre en France et respecter l’accord de Paris. Il faut agir en priorité dans les secteurs qui émettent le plus, comme celui du bâtiment. » Ces mots de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, montrent l’enjeu de taille que représente ce secteur pour le climat.
La construction est en effet le deuxième secteur le plus émetteur de CO2 en France. Reconnaissant l’importance de ce secteur dans la lutte contre le changement climatique, la COP26 qui s’est tenue à Glasgow pour fixer les objectifs de limitation des gaz à effet de serre (GES), a choisi cette année d’inclure une journée thématique centrée sur le bâtiment et son environnement dans le programme des négociations (le Built Environment Day le 10 novembre) et de présenter, dans un pavillon virtuel (Built Better Now) 17 réalisations exemplaires qui illustrent les opportunités du secteur pour répondre à la crise climatique en limitant son impact environnemental.

Dans le sillage de ces négociations internationales, nous avons voulu, dans cette lettre de la construction durable, revenir sur les défis que le bâtiment doit relever pour décarboner son activité et faire un zoom particulier sur l’apport de la Réglementation environnementale RE2020 dans cette ambition.

Manuelle Seigneur,
cheffe du service Intermodalité, Aménagement, Logement

J’entretiens, je rénove, j’évite les émissions

France Rénov’ : le service public de la rénovation de l’habitat pour informer et orienter

Pour inciter toujours davantage de Français à rénover leur logement, la loi Climat et Résilience crée le service public de la rénovation de l’habitat : France Rénov’. Un service unique qui rassemble désormais le réseau FAIRE et le réseau de l’Anah, dans lesquels les collectivités locales sont fortement impliquées, pour un parcours simplifié et harmonisé de bout en bout.

À partir du 1er janvier 2022, France Rénov’ organise et assure le déploiement du service public de la rénovation de l’habitat. Pensé pour le public et organisé par les collectivités pour assurer un service de proximité harmonisé, France Rénov’ sera le point d’entrée unique de tous les parcours de travaux, pour la rénovation énergétique comme pour l’amélioration de l’habitat, des plus simples aux plus complexes.

Pour en savoir plus.

Le label bas carbone étendu à la rénovation

Favoriser le financement de projets permettant la réduction des émissions de gaz à effet de serre, c’est l’objectif du label bas carbone. Le ministère de la Transition écologique a étendu ce label à plusieurs secteurs, dont celui de la rénovation des bâtiments par l’emploi de matériaux ou produits moins émetteurs de GES.
La méthode construite par le CSTB a été publiée au Bulletin officiel du ministère le 26 août 2021.

Ce label bas carbone étendu à la rénovation concerne :

  • les projets de rénovation énergétique qui atteignent au moins le niveau BBC rénovation, et qui utilisent des matériaux issus du réemploi ou des matériaux ou produits contribuant à la performance énergétique des bâtiments ;
  • les opérations de rénovation utilisant des matériaux issus du réemploi.

Le focus réalisé sur les matériaux et produits issus du réemploi (avec ou sans changement d’usage) pour l’ensemble des opérations de rénovation (atteignant ou non le niveau BBC rénovation), est de nature à inciter les acteurs à se tourner vers ces pratiques qui restent, aujourd’hui, encore marginales.

Le ministère de la Transition écologique a mis en ligne les vidéos d’une série de webinaires présentant ce label sous différents aspects, notamment celui du financement.

Vers une sobriété énergétique du parc tertiaire

Le dispositif Eco-énergie tertiaire contraint le parc tertiaire (parties de bâtiment, bâtiment ou ensemble de bâtiments sur un même site) de plus de 1000m² à réduire ses consommations d’énergie. Le décret, l’arrêté méthode et l’arrêté valeurs absolues qui fixent les consommations à ne pas dépasser à l’horizon 2030 pour les bureaux, l’enseignement et la logistique du froid, sont publiés. Deux autres arrêtés valeurs absolues sont attendus pour fin 2021 et début 2022.

Report d’un an de l’obligation de remontée des données :
Afin de s’adapter à la crise sanitaire, le décret n°2021-1271 du 29 septembre 2021 et l’arrêté du 29 septembre modifiant l’arrêté méthode, actent le report d’un an de l’obligation de remontée des données. Ainsi, les données administratives, les consommations 2020 et 2021 ainsi que les données de référence, sont à remonter au plus tard le 30 septembre 2022.

Pour en savoir plus : rubrique dédiée au dispositif Eco énergie tertiaire sur le site de la DREAL Pays de la Loire

Je construis sobrement, je réduis les émissions

Réglementation environnementale RE2020

Diminuer l’impact carbone des bâtiments, poursuivre l’amélioration de leur performance énergétique et en garantir la fraicheur pendant les étés caniculaires : tels sont les grands objectifs de la RE2020, qui s’appliquera aux constructions neuves à partir du 1er janvier 2022. L’entrée en vigueur sera progressive, en commençant par les bâtiments résidentiels en janvier 2022 et les bâtiments tertiaires en juillet 2022.
Nous illustrerons ci-dessous, au travers d’exemples issus notamment des webinaires consacrés par la DREAL et le CEREMA à cette nouvelle réglementation, quelques leviers possibles permettant d’atteindre ces objectifs et la neutralité carbone à l’horizon 2050.

Choisir un réseau de chaleur pour décarboner son énergie

Une étude menée conjointement par le Cerema et la DREAL a montré que le raccordement de 3 bâtiments de l’État au réseau de chaleur renouvelable Centre-Loire de Nantes métropole a permis de réduire la consommation en moyenne de 15% et d’éviter l’émission de 620 tonnes d’équivalent CO2 chaque année, pour un coût d’investissement rentabilisé sur 10 à 15 ans. La baisse de la consommation des bâtiments s’explique du fait d’un meilleur ajustement des puissances et de la température de l’eau.

Le réseau de chaleur Centre-Loire est 84 % renouvelable grâce à l’utilisation de la chaleur d’incinération des déchets et du bois. Il émet ainsi 5,5 fois moins d’équivalent CO2 qu’un chauffage 100 % gaz.

Avec la RE2020, pour un bâtiment raccordé à cet équipement, seule la part non-renouvelable de ses consommations sera comptabilisée dans le "Coefficient d’Énergie Primaire non renouvelable (Cep,nr)" [voir ci-contre]. Il ne restera donc que 16% des consommations issues de ce réseau de chaleur à prendre en compte.

Pour en savoir plus sur cette étude.

Garantir un confort d’été passif

Au travers d’une simulation thermique dynamique réalisée par Pouget Consultants sur un bâtiment d’habitat collectif (Guiné*Potin architectes, Quartus MOA) en conception à Angers sur la ZAC des Capucins, on voit apparaître les différents leviers passifs visant à garantir le confort d’été [pour la méthodologie de la STD voir le diaporama, pages 4-5].
Les conclusions de cette étude mettent largement en avant la responsabilité des occupants sur la qualité du confort intérieur. Une bonne gestion des occultations intérieures par l’occupant peut apporter entre 30 à 60 % de gains.
Sur le volet conception, quelques points d’attention ressortent particulièrement :
• l’intégration de brasseur d’air qui permet de réduire la température ressentie par l’occupant et de réduire fortement les taux d’inconfort ;
• l’augmentation du taux d’ouverture des menuiseries qui peut apporter de 10 à 40% de gains ;
• l’importance des logements traversants pour la ventilation nocturne et le rafraichissement naturel ;
• la végétalisation et la création de puits de fraicheur dans la conception générale du quartier.

Décarboner les modes constructifs

Piloté par Coop Logis, filiale de La nantaise d’habitation spécialisée dans l’accession abordable, Only Wood est l’une des 16 opérations résidentielles labellisées BBCA excellence en France, ce qui correspond au minimum à 45 % de réduction d’émission carbone.
Ce projet compte 20 logements collectifs sociaux, 14 parkings semi-enterrés et 8 maisons individuelles vendues en location-accession. Il a été conçu par le cabinet d’architecture nantaise Vendredi à partir d’une structure mixte béton et murs à ossature bois, avec des isolants biosourcés issus du chanvre et du lin, des menuiseries mixtes bois-alu ou encore des chaudières bois.
Les leviers identifiés pour atteindre le niveau Excellence BBCA sont :

  • Construction raisonnée
    Système constructif mixte bois (ossature façade) / béton
    Diminution de la quantité de bitume en voirie
  • Exploitation maîtrisée
    Compacité des bâtiments et enveloppe thermique performante.
    Chaudière granulés à condensation (chauffage et ECS).
  • Stockage carbone
    Utilisation au maximum de matériaux biosourcés en isolation, bardage, structure, menuiseries extérieures, revêtements de sol, balcons et garde-corps.
  • Economie circulaire
    Limitation des matériaux à fort taux de renouvellement.
    Réemploi de produits (déchets de déconstruction) .

40%

Part des énergies fossiles en résidentiel

Le gaz naturel et le pétrole représentent près de 40% des consommations totales d’énergie dans le résidentiel. Les chiffres clés de l’énergie (édition 2021)

Exemplarité des bâtiments de l’Etat

La DREAL Pays de la Loire - référente énergie pour le patrimoine régional de l’État

Une feuille de route "transition énergétique" a été mise en place en 2019 en 8 actions que la DREAL suit avec les référents énergie de chaque ministère. Voici une liste non exhaustive d’actions :

Agir et gagner rapidement en sobriété énergétique

48 actions dites de gains rapides « simples, immédiates et économes » permettant de réaliser facilement des économies d’énergie à moindre coût, ont été financées dans le cadre d’un appel à projet national en 2020-2021, pour :

  • un investissement de 489k€,
  • des gains énergétiques prévus à hauteur de 995 MWh/an,
  • des économies de 100k€ /an,
  • 57TeqCO2 évitées par an.

Ces actions sont portées par la DDTM44, la DDT53, la DDFiP72, le SGAMI, les Douanes, la DRFiP et les services de gendarmerie.

Isoler l’enveloppe des bâtiments

Le Plan de relance finance des actions de plus long terme comme l’isolation des murs du bâtiment D de la cité administrative à Angers.

Se passer du fioul

Les acteurs de l’Etat s’appuient sur le réseau des énergies renouvelables en Pays de la Loire qui réalise des notes d’opportunité gratuites pour analyser la conversion d’une énergie fossile vers une énergie renouvelable des bâtiments publics. Un bâtiment de bureaux des Douanes à Montoir de Bretagne a ainsi converti sa chaudière fioul en chaudière à granulés bois en 2020, pour moins de 40k€.

S’inscrire dans le dispositif Eco énergie tertiaire

Plus de 250 bâtiments sont identifiés dans le cadre de ce dispositif. Leurs consommations doivent être réduites prioritairement d’ici à 2050.

Laval - Cité administrative

Le biosourcé en rénovation énergétique


Le préfet de la Mayenne a visité le chantier le 5 octobre 2021.

Dossier RE2020

A lire sur le site du CEREMA !

  (nouvelle fenetre)
Les indicateurs ci-dessous sont issus de ce dossier spécial.

Nouveaux indicateurs

Un CEP non renouvelable (Cep,nr)

L’indicateur Cep,nr représente la consommation d’énergie primaire non renouvelable du bâtiment. Cet indicateur comptabilise uniquement les énergies non renouvelables pour couvrir les besoins du bâtiment. Hormis ce point il est en tout point identique au Cep.
Avec ce nouvel indicateur, la RE2020 diffère de la RT2012 et incite au recours aux énergies renouvelables via un seuil maximal ambitieux de consommation d’énergie primaire non renouvelable.
En savoir +

Des degrés-heures pour évaluer le confort d’été

L’indicateur "degrés-heures d’inconfort" (DH) prend en compte les effets du changement climatique sur les bâtiments, à savoir l’évolution des températures à venir, et notamment les vagues de chaleur qui vont devenir plus fréquentes, plus intenses et plus longues. Cet indicateur s’apparente à un compteur qui cumule, sur l’année, chaque degré ressenti inconfortable de chaque heure.
Les équipements passifs de rafraichissement (brise-soleil, brasseur d’air…) seront pris en compte et valorisés dans le calcul réglementaire conventionnel.
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Quantifier les émissions de GES de la construction

L’indicateur Ic construction évalue l’impact sur le changement climatique des produits de construction et équipements et de leur mise en œuvre. Il représente l’impact des contributions « Composants » et « Chantier ».
Les données environnementales nécessaires au calcul sont rassemblées dansla base de données INIES et sont consultables gratuitement. Il peut s’agir de données issues de déclarations environnementales (FDES et PEP), de données environnementales par défaut ou de données environnementales de service.
En savoir +

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Fiches de déclaration environnementale et sanitaire

C’est le nombre de FDES en ligne sur la base INIES :
https://www.inies.fr/

Mentions d’édition

 

Directrice de la publication : Manuelle Seigneur, cheffe du Service Intermodalité, Aménagement et Logement de la DREAL des Pays de la Loire.

Rédactrice : Céline Lemasson, chargée de mission "Bâtiment durable".
Contributrice : Muriel Labonne, chargée de mission énergie, immobilier de l’État