Les Nations Unies ont réuni à New York pour deux semaines, un forum consacré aux stratégies de « promotion du développement social et de la lutte contre la pauvreté via la gestion durable des forêts de la planète et de leurs écosystèmes ». Le point d’orgue de ce forum a été le lancement officiel de l’année internationale des forêts. Le forum visait à « mettre en lumière le rôle et les responsabilités de ceux qui dépendent des forêts pour leurs moyens de subsistance, à une époque où les écosystèmes sont directement menacés par le changement climatique, des activités humaines non pérennes et la crise économique ».
Selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), les forêts couvrent environ 31 % de la surface de la planète, soit un peu moins de quatre milliards d’hectares. Environ treize millions d’hectares de forêts sont perdus chaque année, principalement en raison de la déforestation pour des usages agricoles ou le développement urbain. Mais , même s’il reste alarmant, le taux de déforestation et de perte de forêts dues à des causes naturelles accuse un ralentissement. Au niveau mondial, le taux est passé de 16 millions d’hectares par an dans les années 90 à environ 13 millions d’hectares par an au cours de la décennie écoulée.
Les forêts jouent donc un rôle très important pour le changement climatique : d’un côté, leur destruction et/ou dégradation serait responsable d’un bon tiers des émissions mondiales de CO2 et, de l’autre, leur maintien garantit des facteurs d’absorption du carbone atmosphérique (puits de carbone). Les négociations internationales sur les changements climatiques menées dans le cadre des Nations unies s’intéressent donc aux forêts.
Dans le Protocole de Kyoto, les activités agricoles et forestières dans les pays industrialisés qui ont donc un objectif de réduction, sont prises en compte dans deux articles . Un concerne la déforestation et la reforestation et l’autre traite les autres activités sans changement d’utilisation des terres (gestion forestière, restauration du couvert végétal, gestion des terres cultivées et des pâturages). Le Protocole inclut également l’activité forestière dans les mécanismes de développement propre : les projets de boisement et de reforestation sont autorisés , mais la déforestation évitée est exclue . Ces projets ouvrent donc droit à l’attribution de crédits carbone, mais leur utilisation est limitée .
Dans les négociations actuelles sur le futur régime international qui devra succéder à la première période d’engagement du Protocole de Kyoto , c’est à dire à partir de 2013, la forêt est négociée à 2 titres : son traitement dans les futurs engagements des pays développés (UTCF) et son traitement dans les pays en développement afin de réduire la déforestation (REDD+) . Le chapitre REDD+ des Accords de Cancun de 2010 établit un mécanisme REDD+ pour la protection des forêts dans les pays en développement ( objectif général, orientations, clauses de sauvegarde, champ d’application, approche par phases, suivi des résultats et financement). Les premières actions REDD+ doivent être financées via les canaux bilatéraux et multilatéraux existants et la prochaine conférence des Parties à la Convention Climat fin 2011 devra clarifier les instruments à utiliser pour le financement à long terme. Mais la conférence de Cancun n’a pas permis de définir toutes les modalités de comptabilisation de l’Utilisation des Terres, leur Changement et la Forêt (UTCF)dans les pays développés . L’enjeu de la discussion actuelle est de faire évoluer ces règles vers un système de comptabilisation plus transparent, reflétant plus fidèlement les flux réels de gaz à effet de serre (« intégrité environnementale »), et plus incitatif pour les acteurs du secteur. Ce thème sera donc à nouveau à l’ordre du jour des prochaines négociations.
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