Info climat à l'international N°46 - 9 Mars 2012
 

AGENDA

Du 12 au 23 Mars 2012

12-17 Mars Forum mondial de l’Eau, Marseille
13-14 Mars 45ème session du Bureau du Giec , Genève
16 Mars WPIE Climat, Bruxelles
22 – 23 Mars Changement climatique et sécurité internationale , Londres

ACTUALITES FRANÇAISES ET EUROPEENNES

France : les nouvelles simulations françaises pour le prochain rapport du Giec

En vue du prochain rapport du Groupe d’experts sur l’évolution du climat (Giec) attendue pour 2013 , la communauté climatique française ( CNRS, CEA, Météo France … ) a développé de nouveaux modèles de simulation du climat, afin de réduire notamment les incertitudes liées à la prédiction du climat. Ils prennent en compte l’atmosphère, les océans, les glaces de mer, les surfaces continentales, les lois physiques et chimiques. De plus , les scientifiques français ont veillé à ce que ces modèles intègrent de mieux en mieux des effets comme les échanges de CO2 entre les océans et l’atmosphère ou l’effet des nuages. En terme d’évolution de la température moyenne globale, les chercheurs français ont défini 4 scénarios couvrant les années 2000-2300 : de la stabilité du réchauffement à +2°C en 2100, par rapport à l’ère pré-industrielle (dit RCP 2,6) à un réchauffement de 3,5 à 5°C entre les années 1990-2090 (RCP 8,5). Pour la première fois, ces modélisations se projettent jusqu’en 2300. Dans le scénario RCP 8,5, la température moyenne globale pourrait bondir de 12°C entre la fin du XXe siècle et le début du XXIVe siècle. A contrario, le scénario RCP 2,6 évoque une stabilisation, sur le long terme, d’une température à peine d’un degré supérieure à celle que nous connaissons aujourd’hui. En prenant en compte le couplage entre le climat et le cycle du carbone ces résultats montrent que quel que soit le scénario retenu, les puits de carbone (océan, forêts) perdent en efficacité.
Les scientifiques français ont aussi estimé les trajectoires d’émissions compatibles avec chaque scénario. Pour le plus optimiste , c’est à dire limiter le réchauffement à 2°C, il faudrait rapidement diminuer les émissions anthropiques, et atteindre des émissions négatives. Le message est sans appel : sans prélèvement du CO2 de l’atmosphère, par une action anthropique, il n’est pas possible de stabiliser les températures à un niveau acceptable .
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France : énergie et climat , enjeux majeurs de sécurité et de défense

L’Etat français vient de publier deux rapports appelant les stratèges de la défense et de la sécurité nationales à s’intéresser aux changements climatiques et ses conséquences.
Le document préparatoire à l’actualisation du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale est le fruit des réflexions du Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN). Dans ce premier, qui servira de base de discussion à l’évolution de la stratégie de défense , le changement climatique y est plusieurs fois évoqué . Il contribuera « à fragiliser les populations les plus vulnérables des pays en développement, mais aussi de la France d’outre-mer. ». « Conjugué à l’évolution démographique, il rendra plus difficile l’accès aux ressources naturelles ». Une attention particulière est également portée aux questions énergétiques. Rappelant qu’en 2035, la plupart des grandes nations ne « seront pas en mesure de satisfaire leur demande d’énergie à partir de leur production locale », ils plaident pour une autonomisation du mix énergétique français.
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Les députés André Schneider (UMP) et Philippe Tourtelier (PS) ont de leur côté présenté à leurs homologues de la commission des affaires européennes de l’Assemblée nationale le premier rapport parlementaire sur l’impact du changement climatique en matière de sécurité et de défense. « Un certain nombre de phénomènes » conséquents au réchauffement climatique pourraient « être à l’origine de nouveaux conflits », de « tensions nécessitant l’intervention des armées », ou « créer des conditions favorables au développement du terrorisme ». Conclusion essentielle : « la stratégie de Défense doit être repensée et adaptée de manière à faire face aux différents effets induits » par le changement climatique. Région par région, les auteurs notent que "les effets du réchauffement sont susceptibles de générer des tensions entre les pays du sud et les pays du nord de l’Europe", et peser sur les finances des Etats. L’ Afrique sera, selon eux, le continent le plus affecté. Les difficultés des Etats africains "à répondre aux attentes de la population peuvent conduire au développement de guerres civiles, de systèmes de types mafieux et à la montée de l’intégrisme islamique. Mais aucun continent n’est vraiment à l’abri . Au plan international, l’Onu est selon eux l’"instrument clef de la recherche d’une solution aux changements climatiques".
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UE : Directive efficacité énergétique , la commission Itre du Parlement vote des objectifs contraignants

La commission Itre (Industrie, recherche et énergie) du Parlement européen a adopté, 17 des 18 compromis proposés par le rapporteur du projet de directive sur l’efficacité énergétique . Le projet de directive sur l’efficacité énergétique avait été présenté par la Commission en juin 2011 . Il s’inscrit dans le cadre du paquet énergie climat de décembre 2008, qui fixe trois objectifs (-20 % d’émissions de gaz à effet de serre, 20 % d’énergies renouvelables et 20 % d’efficacité énergétique d’ici à 2020), dont seuls les deux premiers sont contraignants. La commission Itre demande ainsi à la Commission européenne de fixer des objectifs contraignants d’efficacité énergétique pour 2020 par État membre basés sur des valeurs de référence, puis d’évaluer à partir de juin 2013 si les pays sont en voie d’atteindre leur objectif. Ces objectifs contraignants seraient fixés, selon le projet de compromis, en échange de davantage de flexibilité pour les mesures de rénovation des bâtiments ou d’économies d’énergie des entreprises de distribution d’énergie. La commission parlementaire demande également à la Commission européenne de présenter des objectifs d’efficacité énergétique pour 2030 d’ici à juin 2014. Le vote en séance plénière au Parlement européen sur ce projet de directive n’interviendra qu’après les négociations du Conseil de Juin .
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Conseil Environnement 9 Mars

Conseil Environnement : l’UE décide de poursuivre ses efforts à …. 26

Les 27 ministres chargés de l’environnement se sont réunis pour la première fois depuis le début de l’année, sous présidence danoise , pour adopter des décisions communes sur plusieurs grands dossiers environnementaux . Sur le dossier climat , les conclusions du Conseil devaient porter sur les suites de la conférence de Durban et sur la feuille de route pour une économie sobre en carbone en 2050.

Les conclusions sur la feuille de route du suivi de Durban ont porté sur l’évaluation du résultat de cette conférence , le travail à accomplir en vue de la conférence de Doha et la mise en place de la plate-forme de Durban. La France a pu faire valoir ses positions, et contribuer à élaborer un projet de conclusions plus équilibré sur les différents volets de la négociation (mention des progrès réalisés à Durban, non seulement sur l’atténuation, mais également sur l’adaptation, l’agriculture, ou les technologies). Les débats se sont toutefois concentrés principalement sur les règles de la deuxième période du Protocole de Kyoto. Pour rappel , plusieurs pays développés, et en particulier l’Union Européenne , se sont engagés à Durban à participer à la deuxième période d’engagement du Protocole de Kyoto à partir du 1er janvier 2013 ; les règles doivent pour cela être finalisées lors de la COP18 à Doha, notamment sur la durée de la période d’engagement , la fixation des objectifs de réduction (QELRO ) ou encore le report de l’excédent des quotas d’émissions issus de la première période (Unités de Quotas Attribués : UQA).
Le Conseil à donc décidé que la durée de cette période devra être de 8 ans (2013-2020), et ce afin de garantir une meilleure cohérence avec le Paquet Énergie Climat régissant les émissions européennes sur la période 2013-2020 et afin de faciliter la convergence vers un régime global devant entrer en vigueur au plus tard en 2020. Toutefois, pour éviter l’inscription durable d’un moindre niveau d’ambition, une revue à mi-période des engagements de réduction des émissions des Pays a été justement décidé , dans l’unique objectif de les relever, en cohérence avec la revue prévue sous la Convention climat en 2013-2015. Ainsi les conclusions appellent à une augmentation du niveau d’ambition dans le cadre du Protocole de Kyoto qui coïncide avec cet examen de 2013-2015

Un accord a été également trouvé celle sur la définition du QELRO ( Quantified Emission Limitation and Reduction Objective - Objectif quantifié de limitation et de réduction des émissions) européen pour cette seconde période d’engagement . Pour mémoire , le QELRO correspond à la moyenne des émissions allouées sur la période d’engagement exprimée (en pourcentage) par rapport aux émissions de l’année de base . Ainsi, pour la première période d’engagement, le QELRO pour l’Union européenne et ses États membres était 92, correspondant à une réduction moyenne de ses émissions de 8% sur la période 2008-2012 par rapport à 1990. Le Conseil a donc confirmé que le 1er mai 2012, l’Union européenne et ses États membres enverront conjointement au Secrétariat de la CCNUCC la conversion de leurs objectifs pour 2020 de réduction des émissions . Ceux-ci seront provisoires, et sans préjudice de la notification ultérieure de la répartition de la charge entre Etats membres et sous réserve du consentement écrit des Parties. La présidence a rappelé que cette proposition sera basée sur l’objectif de réduction des émissions de 20% déjà inscrit dans le cadre du Paquet Energie Climat , n’ entraînant ainsi aucun changement dans les obligations de réduction des émissions existantes des Etats membres , mais elle reflète également une offre conditionnelle de l’UE sur un engagement à - 30 %.
La session de négociations qui se tiendra à Bonn du 14 au 25 mai sera l’occasion d’examiner toutes les soumissions faites par les pays de l’annexe B, représentant l’ambition de chaque pays pour cette seconde période, à l’exception du Canada, du Japon et de la Russie qui ont déjà clairement indiqué leur refus à s’inscrire dans une seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto .
Le traitement du surplus d’UQA , c’est à dire du report des unités excédentaires de quantité attribuée, qui devrait en effet s’élever à 11ou 12 milliards de tonnes pour la période 2008-2012, est essentiel pour assurer l’intégrité environnementale de la seconde période du Protocole de Kyoto. La conseil a donc décidé que cette question devra être résolue d’une manière non discriminatoire et dont la réponse devra traiter de manière égale les Etats membres de l’ Union et ceux non européens qui feront une soumission de QELRO en vertu de la deuxième période d’engagement.

L es ministres de l’Environnement n’ont pu aboutir que sur des Conclusions de la Présidence sur le dossier de la « feuille de route 2050 » présenté en mars 2011 par la Commission européenne , qui vise une « Europe sobre en carbone en 2050 », en raison du blocage de la Pologne qui avait déjà rejeté le texte en juin 2011.
L’enjeu de la reconnaissance de la feuille de route 2050 comme base de discussion pour l’Union portait notamment sur la définition de trajectoires de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050 et d’étapes intermédiaires pour les années 2020, 2030 et 2040. Pour l’année 2020, la feuille de route montre qu’atteindre l’objectif d’efficacité énergétique de 20 % pour 2020 placerait l’UE sur une trajectoire de -25 % d’émissions de gaz à effet de serre et que le jalon de -25 % en 2020 est le meilleur moyen d’atteindre -80 % de gaz à effet de serre en 2050. Afin de faciliter enfin un accord à ce Conseil sur l’adoption de nouveaux objectifs pour les années 2030 et 2040, la Commission européenne avait décidé de recentrer le débat sur des jalons intermédiaires.
Bien que 26 États membres s’étaient mis d’accord sur le texte de compromis de la présidence , il n’a pas été possible de parvenir au consensus nécessaire pour l’adoption formelle par le Conseil du texte. La Pologne n’a pas accepté les dispositions concernant en particulier les jalons de réductions des émissions et la poursuite des travaux sur l’objectif 2030.
Le veto polonais aux propositions de conclusions a conduit à la signature d’une déclaration de la présidence demandant à la Commission de poursuivre ses travaux et de présenter des propositions.
Cette déclaration de la présidence signée par 26 des 27 ministres de l’Environnement de l’Union reste toutefois un signal très fort de la volonté de l’Union d’aller de l’avant dans ses ambitions, climatiques . La présidence a conclu qu’elle devra tenir compte de cette nouvelle situation et qu’ elle fera rapport à ce sujet au Conseil européen de juin . Des discussions approfondies avec la Pologne, à l’image de celles qu’avait menées la présidence française de l’Union européenne avant l’adoption du paquet énergie climat, sont indispensables.

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EN CHIFFRES

1700 Gt de carbone

1700 milliards de tonnes de carbone : c’est le volume de carbone renfermé par l’ensemble des sols gelés des régions arctiques et qui pourrait aggraver la situation climatique sous l’effet du réchauffement en cours . L’Union européenne finance désormais un projet de recherche pour mieux anticiper les effets du dégel de ces sols .
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ACTUALITES INTERNATIONALES

Post Durban : réunion informelle convoquée par le Japon et le Brésil

Le Japon et le Brésil ont organisé à Tokyo pour la 10e année une réunion informelle sur les négociations climat. Ont participé à la réunion les représentants de 27 pays, dont la France , et de plusieurs institutions internationales. Cette réunion était la première rencontre des représentants de tous les principaux groupes de négociation depuis la conférence de Durban . Tous les participants, même ceux de pays comme l’Inde et les Etats unis, ont reconnu les avancées de Durban tout en en soulignant les faiblesses et se sont montrés ouverts à un travail pragmatique en 2012 afin de préparer les prochaines étapes. Si le Japon avait proposé un point portant uniquement sur la nouvelle plateforme de Durban, le débat a porté sur l’ensemble des travaux en 2012, y compris ceux de la conclusion de la définition d’une deuxième période du protocole de Kyoto, objectif essentiel pour les pays en développement , et celle du groupe de travail sur l’action à long terme. Les questions de finance figurent également en place prioritaire (leçons de la période « fast start », programme de travail sur le financement à long terme, réussite de la mise en place du fonds vert, mobilisation d’un financement initial) . Toutefois, plusieurs réunions informelles devront encore faciliter la réussite de la première réunion formelle de négociations en mai à Bonn . Une réunion ministérielle a été également annoncée pour début mai par la présidence sud-africaine de la COP en liaison avec la future présidence qatarie. Les Américains ont évoqué la relance du MEF avec une possible réunion en avril .

CCNUCC : une session additionnelle pour les groupes de travail post 2012

Le Bureau a donné au Secrétariat de la Convention son feu vert pour prendre des dispositions pour la tenue d’une session supplémentaire de négociation en 2012, pour :
• le Groupe de travail sur l’action à long terme au titre de la Convention (AWG-LCA),
• le Groupe de travail des nouveaux engagements des Parties de l’Annexe I au titre du Protocole de Kyoto (AWG-KP) ;
• et le Groupe de travail ad hoc sur la plate-forme de Durban pour une action renforcée (ADP).
Cette session aura lieu du 30 Août au 5 Septembre au centre de conférence des Nations-unies à Bangkok en Thaïlande. Le secrétariat sera à la recherche de fonds pour couvrir les frais d’organisation de cette session et de la pleine participation des Parties éligibles, car ces frais ne sont pas reflétées dans le budget actuel approuvé
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PNUE : renforcement du réchauffement avec les pratiques agricoles intensives

Selon le dernier annuaire du Programme des Nations unies pour l’Environnement ( PNUE) , la détérioration des sols pourrait également avoir des implications profondes dans le mécanisme des changements climatiques. En effet, les sols contiennent d’énormes quantités de carbone, sous forme de matière organique. Au cours du 19e siècle, 60% du stock de carbone emprisonné dans les sols et dans la végétation a été relâché à la suite des changements dans la façon dont sont utilisées les terres . Un rapport qui vient renforcer la décision prise à Cancun , grâce notamment à l’implication de la France , d’inclure l’agriculture dans les négociations internationales sur le climat. Pour ce faire , les Parties et organisations devaient envoyer début mars à la Convention Climat des soumissions sur le programme de travail à définir pour ce nouveau secteur . La France et l’Union européenne ont été les premiers à répondre à cette invitation .
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MDP : une nouvelle méthodologie en faveur de l’accès à l’électricité rurale propre

Les ménages ruraux dans les pays en développement vont bientôt pouvoir remplacer leurs lampes à pétrole ou leurs générateurs diesel par des énergies renouvelables grâce à une nouvelle méthodologie validée lors de la dernière réunion du Comité Exécutif du Mécanisme de Développement Propre (MDP) . Afin d’ être éligible et d’être sûr de bien réduire sur la durée des émissions de gaz à effet de serre , chaque projet doit utiliser une méthodologie reconnue : prés de 200 sont à ce jour validées. Cette nouvelle méthodologie peut être utilisée par des projets qui installent des technologies de production d’électricité renouvelable , comme les panneaux solaires, dans les communautés qui n’ont pas accès à l’électricité, aussi longtemps que 75% des consommateurs sont des ménages. Une nouvelle méthodologie qui confirme l’objectif du MDP : réduire des émissions de gaz à effet de serre et contribuer au développement durable.
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Comité de rédaction

 

Ministère de l’ Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement .

Directeur de la Rédaction : Raymond Cointe

Rédaction : Marie Jaudet