Info climat à l'international N°48 - 20 Avril 2012
 

AGENDA

Du 17 au 30 avril 2012

17 Avril MEF 12 (Forum des Économies Majeures), Rome
18-19 Avril Conseil Informel Environnement, Horsens
25-26 Avril 3 ème réunion du Clean Energy Ministerial, Londres

ACTUALITES FRANÇAISES ET EUROPEENNES

France : des études et des bilans de plus en plus pointus pour mesurer au quotidien les émissions individuelles sur le sol national

Si les États, dans le cadre de leurs obligations internationales, se basent sur leur inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre, c’est à dire le total des émissions émises sur leur territoire, il est de plus en plus pertinent de pourvoir identifier les émissions à un niveau local voire individuel, et ce afin de pouvoir agir de manière ciblée sur leur réduction. Confiée à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME), la récente Base Carbone est une gigantesque base nationale de données publiques contenant un ensemble de facteurs d’émissions et données sources. Elle est destinée à la réalisation réglementaire ou volontaire de bilans Gaz à Effet de Serre. La première étude sur le contenu carbone annuel moyen du panier des ménages vient d’être quant à elle réalisée par le MEDDTL : ce panier d’achats d’un poids de 700 kilos contient en moyenne 1,4 tonne équivalent carbone. Une autre étude du Ministère compare les évolutions, entre 1990 et 2007, de l’empreinte carbone des particuliers et des émissions mesurées dans l’hexagone. On y apprend qu’en 2007, les Français ont globalement émis 750 millions de tonnes équivalent CO_2 (MteqCO2) : l’empreinte carbone de la demande finale intérieure française est donc supérieure, de près de 250 MteqCO2, à la quantité de gaz effectivement émise sur le territoire métropolitain (506 MteqCO2). Rapportée à la taille de la population, l’empreinte carbone d’un Français est donc, en moyenne, de 12,2 teqCO2, contre 8,2 t émis sur le territoire. Entre 1990 à 2007, cette empreinte s’est accrue de 5% alors que les émissions par personne sur le territoire baissaient de 15%. Une part croissante de cette consommation étant satisfaite à l’aide … d’importations. Principales conclusions : trop ou mal consommer contribue au renforcement de l’effet de serre. L’affichage environnemental, actuellement en phase d’expérimentation nationale, devra pallier les mauvaises habitudes en apportant de nouvelles informations aux consommateurs sur l’impact d’un produit sur l’environnement.
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UE : baisse des émissions de gaz à effet de serre des industriels

La Commission européenne vient de publier le bilan 2011 du système d’échange de quota (ETS). Les 11.000 sites industriels soumis à l’ETS ont émis 1,7 milliard de tonnes de GES, soit 2,45% de moins qu’en 2010. Cette réduction, dont l’ampleur s’explique en partie en partie par l’hiver doux et la crise économique, a entrainé une hausse du volume de surplus de quotas (+163 millions de permis en un an), qui elle même a occasionné une baisse du prix du carbone (6,14 Euros le quota). C’est pourquoi le Parlement européen a fait une proposition permettant à l’exécutif européen de mettre de côté des crédits carbone afin de stimuler leur prix sur le marché avant que la troisième phase de l’ETS ne débute en 2013. Cette question sera en outre à l’ordre du jour du Conseil Environnement informel .
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Italie : un nouveau plan climat 2013-2020

Alors qu’elle émettra 18,6% de plus que l’objectif que lui a fixé le Protocole de Kyoto pour 2012, l’Italie, en marge du Forum des économies majeures qui se tenait à Rome, a annoncé l’ adoption d’ un nouveau plan national de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre, pour la période 2013-2020. En phase avec la feuille de route 2050 de la Commission européenne, ce plan vise une diminution de 25% des émissions en 2020 (par rapport à celles de 1990) et de 40% en 2030. Pour y parvenir, l’Italie va élargir son dispositif de certificats d’économie d’énergie jusqu’à 2020. Le taux de TVA sur l’achat de produits sobres sera réduit de 55%. Une taxe sera instaurée sur les rejets d’émissions , sauf bien sûr pour les secteurs déjà assujettis au système européen d’échange de quotas . Avec le produit de cette taxe et celui de la vente aux enchères des quotas d’émission, des programmes de recherche et de coopération devront être financés et l’achat par les entreprises de matériels et technologies à basse émission seront subventionnés. Est aussi entre autres prévue une nouvelle gestion du patrimoine forestier, afin d’accroître les capacités de puits de carbone.
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Autriche : achat de crédit carbone pour respecter Kyoto

Alors que la première période d’engagement du Protocole de Kyoto arrive à échéance en fin d’année, entrainant ainsi le décompte par chaque état de son volume d’émissions émis lors des 5 années de cette période, l’Autriche a fait savoir qu’elle allait acquérir pour 160 millions d’euros de droits d’émission de gaz à effet de serre pour compenser son retard sur ses objectifs, soit l’équivalent de 32 millions de tonnes de CO2. Le pays affiche en effet un déficit de 6,2 millions de tonnes par rapport à son objectif Kyoto et ce, principalement à cause des secteurs des transports et du chauffage. Ces 160 millions d’euros ainsi dépensés devraient être investis dans des projets de protection de l’environnement en Europe. Au total, l’Autriche a déboursé depuis 2008 presque 2 milliards d’euros pour honorer son objectif Kyoto (-13% sur 2008-2012 par rapport à 1990). Pour mémoire, les modalités d’application du protocole prévoient que le manquement d’un pays dans ses objectifs de première période soit reporté sur la seconde période et comptabilisé avec une pénalité de 30 %. Mais l’Autriche est partie à l’accord intra-européen de répartition des efforts.
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Les détails du Qelro européen

Les détails de l’engagement européen pour la seconde période d’engagement sous le Protocole de Kyoto

Quatre mois après la conférence de Durban, qui grâce à l’action de l’ Union européenne et de la France a décidé d’une seconde période d’engagement sous le protocole de Kyoto, les pays industrialisés doivent soumettre les informations sur le niveau de leur engagement (QELRO* prévisionnel) à la CCNUCC pour le 1er mai 2012, en vue d’une adoption formelle à Doha à la fin de l’année. L’Union européenne est la première à avoir répondu à cette invitation, en communiquant le 19 avril 2012 son QELRO : ce chiffre de 80 est le QELRO inscrit pour l’Union et ses Etats membres, qui s’engagent de manière solidaire sous couvert de la bulle Européenne, et traduit au niveau international l’objectif européen du paquet énergie-climat adopté en 2008 sous présidence française.

Un QELRO européen appelant à une augmentation du niveau d’ambition pour 2020

Le choix retenu pour le calcul du QELRO européen est celui d’un chiffre global traduisant les engagements du Paquet énergie climat. La soumission présente donc un calcul basé sur l’objectif actuel (-20% de réduction des émissions de GES en 2020 par rapport au niveau de 1990). En plus de cet engagement de 20%, l’Union européenne dans sa soumission confirme son offre pour passer à une réduction de 30% en 2020 par rapport aux niveaux de 1990 et ce, à condition que d’autres pays développés s’engagent à des réductions d’émissions comparables et que les pays en développement apportent une contribution adaptée à leurs responsabilités et capacités respectives. En effet, les décisions de Durban ont reconnu l’insuffisance des engagements souscrits à ce jour pour répondre aux défis du changement climatique et la nécessité d’une action renforcée. Ainsi, pour encourager la hausse du niveau d’ambition collectif, l’UE souhaite que Doha valide le principe d’une revue à mi-période du QELRO, dans l’unique objectif de le relever, en cohérence avec la revue prévue sous la Convention climat entre 2013 et 2015. Pour la France et l’Union européenne, la reconduction du Protocole de Kyoto doit s’inscrire dans une logique de transition vers l’instrument juridique plus complet, applicable à tous, qui devra, conformément aux accords de Durban, être conclu d’ici 2015 et entrer en vigueur au plus tard à compter de 2020.

Un QELRO au périmètre légèrement différent de celui du paquet énergie-climat

D’une part, le QELRO correspond à une réduction moyenne sur toute la durée de la deuxième période sous Kyoto, et non à un objectif à atteindre en 2020. D’autres part, le champ des émissions couvertes par le paquet énergie-climat et par le protocole de Kyoto n’est pas exactement le même. En effet, l’Union européenne prend en compte dans le paquet énergie-climat les émissions du secteur aérien, non couvert par le Protocole de Kyoto, mais ne prend pas en compte les émissions du secteur forestier(UTCF) qui sont en revanche incluses dans le périmètre Kyoto. Elle prendra bientôt en compte les émissions des pays candidats à l’entrée dans l’Union européenne. De plus, le protocole de Kyoto couvre, depuis les accords de Durban, un septième gaz à effet de serre (le trifluorure d’azote, NF3) et utilise une nouvelle méthode de calcul du pouvoir de réchauffement global des sept gaz. En intégrant tous ces éléments, et en tenant compte du fait que certains Etats membres de l’Union européenne utilisent sous le protocole de Kyoto une année de référence autre que 1990, le calcul fait à partir de l’objectif de réduction de 20% en 2020 aboutit pour l’UE à un QELRO de 80.

Une seconde période d’engagement de 8 ans (2013-2020)

La soumission européenne précise, conformément à la position arrêtée lors du Conseil des ministres européens de l’environnement du 9 mars dernier, que la durée de cette seconde période devra être de 8 ans (2013-2020), et ce afin de garantir une meilleure cohérence avec le Paquet Énergie Climat régissant les émissions européennes sur la période 2013-2020 et afin de faciliter la convergence vers un régime global devant entrer en vigueur au plus tard en 2020. Cette durée permettra également la garantie d’une sécurité juridique et d’une visibilité à plus long terme pour les marchés.

La session de négociations onusiennes qui se tiendra à Bonn du 14 au 25 mai sera l’occasion d’examiner les soumissions faites d’ici là par les pays de l’annexe B, représentant l’ambition de chaque pays pour cette seconde période, à l’exception au moins du Japon et de la Russie qui ont déjà clairement indiqué leur refus à s’inscrire dans une seconde période d’engagement du Protocole de Kyoto, et du Canada, dont le retrait annoncé en décembre dernier du Protocole sera effectif à la fin de l’année. Enfin, un dernier exercice devra être réalisé ultérieurement au niveau européen, celui des modalités de partage de l’effort entre les États membres au sein de la « bulle » européenne pour respecter le QELRO européen. A l’instar de la première période, l’Union européenne et les États membres devront indiquer, lors du dépôt de leurs instruments de ratification pour la deuxième période d’engagement, l’accord auquel ils sont parvenus à ce sujet.
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[ QELRO : Quantified Emission Limitation and Reduction Objective - Objectif quantifié de limitation et de réduction des émissions. Le QELRO correspond à la moyenne des émissions allouées sur la période d’engagement exprimée (en pourcentage) par rapport aux émissions de l’année de base (1990 pour la plupart des pays). Il est inscrit à l’annexe B du Protocole de Kyoto. Pour la première période d’engagement, le QELRO pour l’Union européenne et ses États membres (l’UE-15 à l’époque) était de 92, correspondant à une réduction moyenne de ses émissions de 8% sur la période 2008-2012 par rapport à 1990. Le Protocole de Kyoto et ses mécanismes a d’ores et déjà permis de réduire les émissions de gaz à effet de serre en Europe de plus de 17 % entre 1990 et 2009.La France en 2010 affichait quant à elle une réduction de ses émissions de 9,2% par rapport à 1990, alors que son objectif pour la première période d’engagement du protocole est une stabilisation de ses émissions.

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EN CHIFFRES

14,46 °C

La décennie 2001-2011 a été désignée par l’Organisation météorologique mondiale comme "la plus chaude jamais observée sur tous les continents du globe". La température moyenne durant cette décennie a été de 14,46 °C, contre 14,25 °C pour celle de 1991-2000 et 14,12 °C pour celle de 1981-1990. Sur l’ensemble de la décennie, l’année 2010 a été la plus chaude jamais observée depuis 1850, date des premiers relevés, avec une moyenne de 14,53 °C suivie de près par 2005 (14,51 °C).
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ACTUALITES INTERNATIONALES

CCNUCC : lancement des travaux sur les sources de financement pour le climat

Suite à la réaffirmation des pays développés de mobiliser 100 Mds USD par an d’ici 2020 pour lutter contre le changement climatique dans les pays en développement, les gouvernements avaient décidé en décembre 2011 à Durban d’entreprendre un programme de travail sur les financements à long terme, dans le but d’analyser les options pour la mobilisation de ces ressources à partir d’une grande variété de sources (sources publiques et privées, bilatérales et multilatérales …). Ce travail d’analyse portera également sur les besoins de financement liés au climat des pays en développement. Les co-présidents de ce groupe de travail sont désormais connus : il s’agit du sud africain M. Fakir et du norvégien M. Børsting, anciens conseillers au Comité transitoire du Fonds vert. Ils débuteront la coordination et le pilotage de ce programme de travail lors de la session de négociation sous la Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques à venir à Bonn en mai 2012. Leur travail comprendra l’organisation d’ateliers tout au long de 2012 et une présentation des résultats de ces ateliers lors de la conférence de Doha (COP18) à la fin de l’année. Ces ateliers devraient notamment permettre de valoriser sous la CCNUCC le travail produit en 2011 en G20 sous présidence française.
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Fonds vert : nomination du pays hôte et des membres du Conseil

La nomination des 24 membres du Conseil du Fonds vert (12 pour les pays développés, 12 des pays en développement) prévue initialement pour le 31 mars est dans sa phase finale. Par contre, six pays sont désormais officiellement candidats pour accueillir le siège de ce Fonds : l’Allemagne, le Mexique, la Namibie, la Pologne, la Corée du Sud et la Suisse ont en effet envoyé une déclaration d’intérêt. Ces déclarations seront examinées par le conseil du Fonds vert lors de sa toute première réunion prévue du 31 mai au 2 juin à Genève, où sera alors ouvert le processus formel de désignation. Le pays hôte sera choisi par ce même conseil au cours de l’année pour être officiellement approuvé lors de la prochaine conférence des Parties, à la fin de l’année au Qatar.
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Chine : une loi climat au secours du plan quinquenal ?

Les autorités chinoises viennent de déclarer que la Chine n’avait pu atteindre que de la moitié de ses objectifs environnementaux, mettant principalement en cause la lenteur d’évolution du modèle développement économique chinois. Ainsi en 2011, la consommation d’énergie par unité de PIB n’a diminué que de 2% par rapport à 2010 au lieu de 3,5% visé. L’objectif de réduction de 3,5% de l’intensité carbone n’a pas non plus été atteint. Mais le pays reste confiant sur les capacités du pays à atteindre les principaux objectifs de 2015, soit une réduction de l’intensité énergétique et des
émissions carbone respectivement de 16 % et 17% par rapport à 2010. Afin de sensibiliser les autorités locales sur le sujet, la Chine prévoit une campagne d’audit sur la performance des provinces et régions en matière d’efficacité énergétique. De plus, l’objectif de croissance de 7,5%, du PIB chinois pour 2012, inférieur à celui de 2011 de 0,5 points, pourrait inciter les provinces à porter davantage d’attention aux problématiques environnementales et à l’efficacité énergétique. De son côté, l’Académie des sciences sociales a fait une proposition de loi comprenant dix chapitres et 115 articles afin de fournir un cadre juridique pour les politiques climatiques futures en Chine. Cette proposition est en cours de consultation publique, avant une présentation à l’Assemblée populaire nationale pour une éventuelle approbation finale.

L’après-Durban : 38 Parties à la réunion du Dialogue de Carthagène

La septième session du Dialogue de Carthagène, groupe de pays progressistes au sein de la négociation climat, a réuni les représentants de 38 Parties, dont la France, début avril au Kenya. Première réunion du dialogue depuis la conférence de Durban, la réunion de Nairobi a redonné un certain souffle au dialogue de Carthagène. Des échanges constructifs et utiles ont porté principalement sur l’atténuation, la forme juridique, et l’organisation au cours des prochaines années de la plateforme de Durban. L’Australie et la Nouvelle-Zélande ont fait savoir qu’elles n’avaient pas encore de position arrêtée quant à leur participation à une deuxième période du protocole de Kyoto : cette déclaration pourrait remettre en cause la pertinence de leur participation au Dialogue de Carthagène. La réunion ministérielle de pays progressistes convoquée par la Commissaire européenne au climat Connie Hedegaard à Bruxelles les 7-8 mai devrait permettre d’en apprendre plus et de travailler sur le nouvel équilibre à trouver à ce dialogue.

GIEC : Rapport spécial sur « la gestion des risques d’événements extrêmes et des catastrophes pour progresser dans l’adaptation climatique »

Après l’adoption en décembre dernier de son résumé pour décideurs, les membres du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) viennent d’adopter le rapport final sur « la gestion des risques d’événements extrêmes et des catastrophes pour progresser dans l’adaptation climatique ». Ce rapport est le résultat du travail de trois catégories de scientifiques : des scientifiques qui étudient les aspects physiques du changement climatique, d’autres ayant une expertise dans les effets, l’adaptation et la vulnérabilité au changement climatique, et des experts en matière de gestion des risques de catastrophe. Il apporte les preuves que le changement climatique a entraîné au cours des 50 dernières années des modifications dans les phénomènes climatiques extrêmes (vagues de chaleur, records de températures élevées et fortes précipitations). Les politiques visant à éviter, préparer, intervenir et à récupérer des risques de catastrophes peuvent réduire l’impact de ces phénomènes et accroître la résilience des personnes exposées à des phénomènes extrêmes. Les 592 pages de ce rapport vont maintenant être présentées aux parties prenantes à travers le monde, dans les pays développés et en développement.
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Comité de rédaction

 

Ministère de l’ Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement .

Directeur de la Rédaction : Raymond Cointe

Rédaction : Marie Jaudet