Une semaine de négociations informelles s’est terminée le 5 septembre à Bangkok par des progrès concrets sur des questions clés dans les trois groupes de négociation en cours. Ils rendent possibles l’obtention de décisions importantes en faveur du futur accord international contre le changement climatique, lors de la Conférence ministérielle en fin d’ année au Qatar (COP 18). Ces négociations ont prouvé que l’ensemble des délégués voulaient réellement progresser sur les décisions prise en décembre dernier à Durban, notamment l’obtention d’un accord global à définir d’ici 2015 pour une entrée en vigueur en 2020 qui rassemblera tous les grands émetteurs de gaz dans un même cadre légal mais avec des objectifs différentiés.
La délégation française à Bangkok a jugé cette réunion technique constructive, car elle a permis l’élaboration de documents et positions susceptibles de servir de base de décision à Doha. Trois groupes de travail étaient réunis pendant une semaine – le groupe de travail sur le protocole de Kyoto (KP), le groupe de travail sous la Convention sur la coopération à long terme (LCA - le groupe établi à Bali en 2007), et le nouveau groupe de travail sur la plateforme de Durban qui devra préparer le futur accord post-2020 (ADP).
Le groupe KP prépare l’amendement formel au protocole de Kyoto à adopter à Doha pour en fixer la deuxième période d’engagement qui démarrera dès 2013 ainsi que des décisions connexes. Outre la question essentielle de la participation et du niveau d’ambition des pays développés, le débat a porté également sur la durée de cette période (5 ou 8 ans), la garantie de l’application immédiate de la deuxième période d’engagement dès janvier 2013 dans l’attente des ratifications par les Parties, l’éligibilité aux mécanismes de Kyoto pour les pays qui ne prendront pas de nouvel engagement et le traitement de l’excédent de crédits d’émissions de la première période. Le texte issu de Bangkok reflète désormais les options clés qui seront à trancher à Doha par les ministres. A ce jour, seule l’Union européenne et quelques autres pays ont confirmé leur volonté de s’engager dans cette deuxième période.
Après les décisions prises par le groupe LCA à Cancún et Durban qui définissent les grandes lignes du système hors Kyoto pour la période 2013-2020, le débat à Bangkok s’est focalisé sur la résolution des points toujours en suspens, en vue de la clôture du groupe LCA à Doha. La liste de ces points n’étant pas la même selon les pays développés ou selon les pays en développement. La question du financement apparaît par ailleurs essentielle pour Doha, les pays en développement demandant davantage de visibilité de la part des pays développés sur la continuité et la montée en puissance de leurs aides après la période « fast-start » qui s’achève en 2012. Les travaux sur la mobilisation de nouvelles sources de financement pour atteindre l’objectif de 100 milliards USD d’ici 2020 devront également s’accélérer.
Après une première réunion à Bonn en mai dominée par des questions d’organisation, le groupe ADP a entamé quant à lui son travail de fond dans une ambiance constructive, aussi bien sur le renforcement de l’ambition avant 2020 que sur la vision des pays pour la période après 2020. La priorité à Doha sera de préciser la planification de ses travaux jusqu’en 2015, et en particulier pour 2013.
A l’issue de Bangkok, il est clair que la réunion de préparation ministérielle d’octobre en Corée (« pré-COP ») devra porter sur la recherche d’un équilibre politique entre les résultats de nature différente de ces trois groupes, ainsi que sur la résolution des questions relatives au règles de la seconde période du protocole de Kyoto. L’objectif final pour la France et l’Union européenne est de maintenir à Doha la dynamique politique de Durban, et de mettre les négociations sur de bons rails en vue du futur accord pour 2015.