Info climat à l'international N°54 - 25 janvier 2013
 

ACTUALITES FRANÇAISES ET EUROPEENNES

France : un nouvel ambassadeur en charge des négociations climat.

Jacques Lapouge, ancien ambassadeur de France en Afrique du Sud, a été nommé ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique en conseil des ministres. Il succède à Serge Lepeltier, qui occupait cette fonction depuis 2011.
Cette nomination s’inscrit dans la perspective de la volonté de la France d’accueillir la 21e conférence des parties à la Convention climat en 2015. La disponibilité française avait été confirmée par le ministre des Affaires étrangères lors d’un discours en séance plénière à Doha. Si cette offre est avalisée par la conférence de 2013, la France jouerait ainsi un rôle central dans les négociations : en 2015 la communauté internationale s’est fixé comme objectif de parvenir à un accord engageant tous les pays à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. Pour atteindre cela, la France aura besoin d’échanger avec tous les acteurs de la négociation, et devra travailler en étroite collaboration avec les présidences des conférences à venir.

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France : la relève du défi climat aux vœux de la Présidence au corps diplomatique.

François Hollande a appelé à l’Élysée où il présentait ses vœux au corps diplomatique à un « sursaut » de tous face aux menaces du réchauffement climatique qu’il a décrites avec gravité et insistance « La France a le devoir de permettre à notre monde de rester viable », a dit le président français, en évoquant « l’hypothèse de quatre degrés de réchauffement » de la planète. « Je ne me réjouis pas de l’inertie, de l’immobilisme, du fait qu’aucun accord global susceptible de limiter cette progression n’ait été trouvé », a-t-il poursuivi. Le chef de l’État a rappelé la candidature de la France à l’accueil de la conférence des Nations unies sur le climat en 2015 et le soutien de Paris à une agence des Nations unies pour l’environnement qui serait installée en Afrique.
Il a également rappelé cette candidature lors de son discours d’ouverture au World Future Energy Summit aux Emirats arabes unis et invité pays développés et en développement à préparer les enjeux de demain afin d’éviter un réchauffement climatique de +4°C.
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France : 2 scientifiques récompensés par la communauté internationale

Jean Jouzel est désormais le premier lauréat français du prix Vetlesen, prestigieux prix dans le domaine des Sciences de la Terre et décerné tous les quatre ans depuis 1959. Médaille d’or du CNRS 2002, honoré à titre collectif avec le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) du prix Nobel de la Paix en 2007, Jean Jouzel reçoit ainsi une nouvelle récompense prestigieuse pour ses travaux en sciences du climat. Ils ont permis de reconstituer l’histoire du climat sur une durée inédite, et ont ainsi contribué à la compréhension du phénomène récent de changement climatique d’origine anthropique.
http://www.developpement-durable.gouv.fr/spip.php?page=article&id_article=30960
Juste avant, c’était Anny Cazenave, chercheuse au Centre national d’études spatiales (CNES) en géodésie, membre de l’Académie des Sciences, et co-auteure française du futur 5ème rapport du GIEC, qui a reçu la médaille William Bowie, la plus haute distinction décernée par l’American Geophysical Union. Anny Cazenave est l’une des spécialistes mondiales dans la connaissance du niveau marin, de ses variations passées, de sa mesure par les techniques spatiales, de la modélisation de son évolution au 21ème siècle et au delà.
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UE : présidence irlandaise du Conseil de l’Union

L’Irlande a succédé le 1er janvier à Chypre et précède la Lituanie, qui prendra la tête de la présidence tournante du Conseil le 1er juillet. Les autorités irlandaises estiment que l’Union a atteint l’essentiel de ses objectifs à Doha et sont donc globalement satisfaites des résultats notamment ceux relatifs à une seconde période d’engagement du Protocole d’une durée de 8 ans, à la clôture du groupe de travail lancé à Bali en 2007 et ceux sur les progrès obtenus sur la nouvelle plate forme de Durban. Dans ce contexte, les priorités irlandaises pour le premier semestre 2013 seront tout d’abord la ratification en droit interne de l’engagement européen sur la deuxième période de Kyoto. Dublin aura également la charge de l’avancée des dossiers européens afférents au changement climatique, notamment, le vote du budget de la CCNUCC (Convention cadre des Nations unies sur les changement climatiques) et la prise de mesures effectives pour relancer le marché européen du carbone .
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UE : accord de Bruxelles pour 11 pays en faveur de la TTF

Le Conseil a adopté une décision autorisant onze États membres* représentant les deux tiers du PIB européen, dont la France, à introduire une taxe sur les transactions financières (TTF) au moyen d’une "coopération renforcée ». La Commission va à présent présenter une proposition définissant le contenu de la coopération renforcée, qui devra être adoptée à l’unanimité des États membres participants. Devraient être taxées toutes les transactions entre institutions financières : les échanges d’actions et d’obligations à un taux de 0,1 % et les contrats dérivés à un taux de 0,01 %. Un pas dans la bonne direction pour les pays qui comme la France font depuis longtemps campagne en faveur d’une TTF et d’autres mécanismes de financement innovant, pour l’aide au développement et à la lutte contre le changement climatique.
*Belgique, Allemagne, Estonie, Grèce, Espagne, France, Italie, Autriche, Portugal, Slovénie et Slovaquie.
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L’APRES DOHA

Derrière la porte de Doha

Tout en fermant un cycle de négociations et en ouvrant un nouveau, la conférence de Doha fin 2012 au Qatar a été essentiellement une conférence de consolidation et de transition. Elle a fixé les jalons des prochaines étapes. Si les décisions prises à cette occasion n’empêcheront pas un réchauffement de plus de 3°C d’ici la fin du siècle, l’accord met en place un cadre qui devrait conduire à un renforcement progressif de la réponse multilatérale au défi climatique.
Ainsi pour 2013, les travaux des négociations internationales sur le climat porteront d’un côté sur la mise en œuvre des décisions des 3 dernières conférences ( Cancún, Durban et Doha ) , dont celles de la seconde période du protocole de Kyoto qui a pu être formellement adoptée à Doha et le relèvement de l’ambition avant 2020 dans un cadre institutionnel rénové et simplifié et de l’autre côté sur la préparation de l’accord de 2015 sous la plate forme de Durban.

-* La préparation d’un nouvel accord d’ici 2015

Des débats toujours exploratoires ont eu lieu à Doha. Ils se poursuivront en 2013, dans le groupe de travail ad hoc sur la plateforme de Durban (ADP) et devront progressivement se concrétiser avec la préparation des éléments d’un texte de négociation d’ici fin 2014 et d’un véritable texte de négociation pour mi-2015.
La France a confirmé à Doha sa volonté d’accueillir la COP21 en 2015 : cette année sera donc consacrée à la confirmation de son offre et le début d’une réflexion sur la gestion de 2015 .
En dehors de la Convention climat, plusieurs processus politiques devront également participer à la réussite de ces négociations : le G8 et le G20, le dialogue de Petersberg, le Forum des économies majeures, le dialogue de Carthagène des pays « progressistes », l’OACI et l’OMI . Les deux années à venir seront également marquées par l’adoption du 5ème rapport d’évaluation du Giec.

-* Les principaux travaux de mise en œuvre en 2013

Si les décisions de Copenhague, Cancún, Durban and Doha permettent de clore les processus de négociation lancés pour certains depuis 2005, des actions sont à entreprendre pour faire fonctionner pleinement les institutions et les processus du régime applicable à la période avant 2020, dont certains joueront sans doute un rôle clé dans le système au-delà de 2020 (comptabilisation, vérification, institutions, …).

la seconde période du protocole de Kyoto

Suite à Doha la France prépare la ratification de l’amendement, ce qui nécessitera un processus parlementaire. De son côté, l ’Union précisera et préparera ses propres modalités de ratification, en liaison avec celle des États membres individuels au sein de la bulle européenne.

les décisions existantes
La pleine application des décisions existantes et l’animation des instances de mise en œuvre des dernières décisions font partie des principaux enjeux des travaux de la Convention en 2013 et 2014 et constitueront le point de départ pour le traitement de plusieurs thèmes dans les négociations post-2020 ( adaptation, technologies …). Le Comité technologique et le réseau, le Comité adaptation, ou le forum sur les mesures de riposte seront autant d’éléments à faire vivre pour faire avancer la compréhension des problèmes et utilement nourrir les échanges.

la relève de l’ambition avant 2020
Les décisions de Doha prévoient plusieurs actions :
les pays développés ayant pris des engagements au titre de la seconde période du protocole de Kyoto sont invités à les revoir d’ici début 2014 ;
les travaux se poursuivront d’ici 2014 sous la plate forme de Durban sur l’ambition avant 2020 en vue d’identifier des activités possibles avec des ateliers et une analyse technique des actions et initiatives identifiées sera conduite en 2013 ;
reconnaissance sous la Convention des actions de diversification économique ayant un impact sur l’atténuation et/ou l’adaption en tant qu’actions nationales de pays non Annexe I, et ce afin d’impliquer davantage les pays pétroliers ;
des pays ont fait part de nouveaux engagements pour 2020 ( République dominicaine et Liban).

la mobilisation du financement pour le climat
Suite à Doha, les pays développés doivent maintenir leurs niveaux actuels de financement pour le climat et soumettre leurs stratégies et approches pour parvenir à l’objectif de mobiliser 100 milliards USD par an d’ici 2020 . Le programme de travail sur la mobilisation du financement a été prolongé d’un an et un événement à haut niveau est programmé lors de la COP19 fin 2013. Le comité permanent sur le financement pourra se ressaisir de la question de l’amélioration du reporting en matière du financement. Enfin le fonds vert est invité à faire le nécessaire pour permettre son abondement initial aussitôt que possible.

une réponse aux pertes et les dommages
Pays insulaires et autres pays très vulnérables ont toujours demandé un mécanisme de réponse aux « pertes et dommages » liés aux impacts néfastes du changement climatique, sachant que la Convention a été conçue avec l’objectif d’éviter les impacts potentiels du changement climatique. Doha a prolongé le programme de travail lancé sur le sujet en 2010 avec l’objectif d’une décision à Varsovie sur les aspects institutionnels, laissant encore ouvertes toutes les issues possibles.

EN CHIFFRES

286 lois sur le climat

Selon un rapport réalisé par Globe international et le Grantham Research Institute , 286 lois régissent dans 33 pays, à l’origine de 85% des émissions anthropiques de Co2, la lutte contre le changement climatique : 116 concernent la consommation d’énergie et 156 la production. C’est l’Union européenne qui en détient le plus avec 25 textes . Le gros de l’activité législative a eu lieu en 2009 et 2010, en raison du Sommet de Copenhague sur le climat entraînant ainsi une pression immense sur les gouvernements. Ces législations ont progressé en 2012 principalement dans les pays du sud et encore plus dans les économies émergentes . Les principales législations portent sur l’efficacité énergétique, la lutte contre la déforestation, ou encore des marchés carbone ou des taxes carbone .

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ACTUALITES INTERNATIONALES

USA : retour du changement climatique dans les discours présidentiels

« Nous réagirons face à la menace du changement climatique, en gardant à l’esprit que ne pas le faire constituerait une trahison pour nos enfants et les générations futures. Certains pourront nier le jugement accablant de la science, mais personne ne pourra éviter les impacts dévastateurs des feux violents, les dommages des sécheresses et les tempêtes toujours plus puissantes. » C’est ce qu’a déclaré Barack Obama, lors de son second discours d’investiture. Il avait déjà, après le passage de l’ouragan Sandy à New York, mentionné « le pouvoir destructeur du réchauffement climatique ».
Au lendemain de ce discours d’investiture, le porte-parole de la présidence américaine a défendu le bilan de la Maison Blanche contre le changement climatique et a assuré que ce dossier restait une priorité en évoquant l’objectif d’une indépendance énergétique des États-Unis. « M. Obama a l’intention de continuer à agir dans ce dossier, parce que "ce n’est pas seulement une question de climat et d’environnement, mais aussi de sécurité nationale" ».

Forum de Davos : les émissions de gaz à effet de serre au 3e rang des risques mondiaux

« Le monde est perçu comme davantage vulnérable aux risques, en raison de la crise financière qui perdure et qui détourne l’attention du changement climatique, alors que les événements météorologiques extrêmes sont en progression » constate le rapport « Global risks 2013 » publié en amont du Forum économique mondial de Davos. Ce rapport décrit 50 risques mondiaux et les classe en risques économiques, environnementaux, géopolitiques, sociétaux et technologiques. L’augmentation des émissions de gaz à effet de serre est classée au troisième rang parmi les risques mondiaux les plus probables, tandis que l’incapacité à s’adapter aux changements climatiques représente le risque environnemental dont les effets seront les plus marquants au cours de la prochaine décennie . C’est pourquoi il s’interroge sur la possibilité de renforcer la résilience de nos systèmes économique et environnemental en même temps, étant donné la probabilité de crises financières et de catastrophes naturelles à l’avenir.

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AIE : la « très petite part » des financements relatifs à l’efficacité énergétique dans les pays en développement .

Selon un dernier rapport de l’AIE (Agence internationale de l’énergie), les financements internationaux consacrés à la lutte contre les changements climatiques sont estimés entre 343 et 385 milliards de dollars chaque année, mais « l’efficacité énergétique ne représente qu’une très petite partie de ces financements », note l’AIE. Et ce, bien que les économies d’énergies devraient représenter 44 % des baisses d’émissions recommandées d’ici à 2035 afin de permettre de limiter le réchauffement de la planète à 2°C. De plus lorsqu’ils existent, ces investissements sont hétérogènes, puisque beaucoup plus nombreux dans les émergents que dans les pays au PIB plus faible.
Le rôle que peuvent jouer les banques multilatérales et bilatérales de développement est également abordé. L’agence présente enfin ainsi plusieurs options possibles afin d’examiner comment le Fonds vert pour le climat pourrait contribuer à financer des projets d’efficacité énergétique : « Dédier une partie spécifique des fonds à l’efficacité énergétique, mettre en place des critères d’éligibilité, allouer des fonds à la définition de politiques publiques en matière d’efficacité énergétique, rassembler des projets au sein de ’cluster’, etc. »

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L’Irena : doubler la part des énergies renouvelables

Avec la présentation de sa feuille de route 2030, l’Irena (Agence internationale des énergies renouvelables) souhaite que la part des énergies renouvelables atteigne 30% dans le mix énergétique mondial en 2030. L’Irena, lancée en janvier 2009, compte 160 États membres à ce jour, dont 105 dont la France ont ratifié ses statuts.
Alors que celles-ci représentaient en 2012 16 % de la consommation finale d’énergie dans le monde, l’Irena indique qu’en suivant la tendance actuelle, les énergies renouvelables ne représenteront que 21 % du mix énergétique mondial en 2030, soit un écart de 9 % à combler. La feuille de route prévoit de « recommander des actions au niveau régional et inter-régional, afin d’évaluer des actions prioritaires dans les domaines de la production d’électricité, de l’industrie, du bâtiment et des transports ». L’objectif de doublement est réaliste , selon l’Irena, puisque les coûts sont en baisse, les technologies se déploient et les pays développent des politiques pour rendre cet objectif faisable . Et ce bien que les investissements dans les énergies renouvelables aient à priori pour la première fois chuté de 11 % en 2012, après trois ans de hausse continue. L’Atlas mondial de l’Irena sur les énergies renouvelables devrait aider à la réalisation de cet objectif.
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L’Atlas

Comité de rédaction

 

Ministère de l’ Écologie, du Développement durable et de l’Énergie .

Directeurs de la Rédaction : Paul Bertrand Barets et Philippe Geiger

Rédaction : Marie Jaudet