Info climat à l'international N°59 - 15 juillet 2013
 

AGENDA

Du 15 juillet au 30 août 2013

16-17 juillet Conseil Environnement informel (Vilnius)
16-17 juillet 1er atelier CCNUCC du programme de travail sur le financement de long terme (Manille)
18 juillet MEF (Cracovie)
18-19 juillet Dialogue de Carthagène (Accra)
19 juillet Consultation ministérielle informelle sur climat organisée par les Polonais (Cracovie)
24-25 juillet Groupe de travail CCAC - Coalition Climat et Air Propre (Mexico)
16-17 août Réunion informelle experts sur pertes et dommages (Stockholm)
21-22 août Atelier sur le financement REDD+ (Bonn)

ACTUALITES FRANÇAISES ET EUROPEENNES

France : Triangle de Weimar des ministres de l’Écologie

M. Philippe Martin, nouveau ministre de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, s’est rendu en Pologne pour rencontrer ses homologues polonais, M. Marcin Korolec, et allemand, M. Peter Altmaier, dans le cadre de la réunion des Ministres de l’Environnement du Triangle de Weimar, avant la réunion informelle des Ministres européens de l’Environnement à Vilnius.
Les négociations internationales sur les changements climatiques ont été au cœur de la discussion des ministres. Lors de la conférence de presse, les trois ministres ont souligné le rôle important de la Pologne, en sa qualité de future présidente de la COP de novembre qui devrait poser les bases du futur accord global devant se dessiner à Paris en 2015 : « une vision claire du processus d’ici l’accord de 2015 doit y être définie ». Les trois ministres ont ainsi annoncé l’établissement d’un « trio des présidences entre la Pologne, le Pérou (qui présidera la COP en 2014) et la France, afin de développer une ligne politique commune autour de l’accord de 2015, de Varsovie à Paris ». La Pologne désire en effet une collaboration renforcée entre les présidences polonaise et française des COP19 et COP21, et a été très sensible aux messages et aux informations que la France a présentés durant cette réunion. L’enjeu principal pour la France , d’ici 2015, sera de passer d’une logique de « partage du fardeau » à une logique de « partage des opportunités » pour relever le défi climat . Dans le cadre d’un « agenda positif », il s’agit de faciliter le lancement d’actions concrètes et coordonnées, dans les domaines de l’atténuation et de l’adaptation. Tous ces messages font partie de la réponse de la France à la consultation européenne sur l’accord climat de 2015.
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France : la réponse à la consultation européenne sur l’accord climat de 2015.

Afin de déterminer les meilleurs moyens d’élaborer l’accord international de 2015 sur le changement climatique, la France a adressé ses recommandations à la Commission européenne. Elles portent sur 3 axes centraux : la vision globale de l’accord, les principes d’élaboration de l’accord et des engagements des pays et enfin le processus de négociation de cet accord . Ainsi, tous les Etats doivent participer à cet accord qui devra imposer une même force juridique pour tous . Équitable , cet accord doit s’inscrire dans une démarche de développement économique durable, avec des engagements transparents. Des réponses au deux défis des changements climatiques, que sont l’atténuation et l’adaptation, devront y être apportées de façon proportionnelle . Afin notamment d’être compatible avec l’objectif d’un réchauffement à 2°C , cet accord devra pouvoir être évolutif . Même si les engagements des États pourront être de nature et de niveau différentiés et ce , en cohérence avec les principes de la Convention , chacun de ses engagements devra reposer sur des règles et contrôles internationaux communs . Une approche inclusive animera les négociations. Des sujets phares comme ceux liés aux financements , aux règles de mesure et de vérification et à l’opérationalisation du Fonds vert devront faire partie de cet accord . Enfin, afin de rendre cet accord ambitieux , les opportunités économiques, professionnelles ou sociales de la réponse au défi climat devront être identifiées et partagées .
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UE : passage de relais entre l’Irlande et la Lituanie pour la présidence du Conseil

Début juillet, la Lituanie a débuté sa présidence du Conseil de l’Union européenne. Elle succède à l’Irlande et passera le flambeau début 2014 à la Grèce. La Lituanie qui exerce cette responsabilité pour la première fois depuis son entrée dans l’Union, sera le premier État balte à présider le Conseil : ce sera le tour de la Lettonie en 2015 et l’Estonie en 2018. Sa charge de travail sera importante, car sa présidence correspond à la fin d’un cycle institutionnel de l’Union, où le Parlement européen et la Commission européenne chercheront à terminer les travaux entamés avant les élections de 2014. Pendant sa présidence, la Lituanie devra « gérer » quelque 560 questions sur l’agenda de l’UE. Le ministre de l’Environnement Valentinas Mazuronis a souligné l’importance de sujets comme le changement climatique, les gaz fluorés, les biocarburants et le système européen d’échange de quotas d’émissions. S’agissant des négociations climatiques, la présidente Dalia Grybauskait? a rappelé que son pays dirigera l’Union à l’occasion de la conférence de Varsovie (Pologne) à la fin de l’année. Elle estime qu’un accord ferme de tous les pays au niveau mondial est essentiel pour assurer la complémentarité de la compétitivité et des politiques environnementales.
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UE :« une diplomatie climatique européenne plus pro-active »

Dans leurs dernières conclusions, les ministres européens des Affaires étrangères ont appelé à une « diplomatie climatique européenne plus pro-active et plus ciblée » : ils reconnaissent que les changements climatiques constituent un « risque » pour l’environnement, mais aussi pour la « prospérité économique, le développement et plus largement, en matière de stabilité et de sécurité ». Soulignant que les négociations onusiennes sur le climat étaient désormais dans une phase décisive en amont de la COP-21, ils appellent à une démarche plus volontariste en matière de diplomatie climat de l’Union visant à maximiser les efforts collectifs, tout en renforçant la "voix climat" de l’Union et en restant ouverts au dialogue et à la coopération.
Ainsi l’Union et les réseaux diplomatiques nationaux ont « un rôle caractéristique à jouer pour faire en sorte que leurs partenaires adoptent des cadres politiques nationaux en vue d’un accord mondial ambitieux ». Ces mêmes ministres ont également adopté l’idée d’une « boîte à outils pour la diplomatie climatique européenne, comportant des messages généraux et régionaux aux partenaires européens, en vue de 2015 et après ».
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UE : le Parlement européen adopte une proposition renforcée de backloading pour son marché du carbone

Le Parlement européen a adopté début juillet une proposition renforcée de backloading, par rapport à sa version précédente votée en commission de l’environnement en juin. Le texte consiste bien à retirer temporairement 900 millions de quotas de CO2 du marché européen de carbone ( ETS) . Par contre l’idée d’une réintroduction « linéaire et prévisible » et « progressive » des quotas à compter de la première année qui suit la dernière année de retrait des quotas a disparu . Le texte adopté donne mandat au Parlement européen pour négocier avec le Conseil de l’Union européenne. En Europe, une dizaine de pays ont exprimé leur soutien au projet de backloading, dont la France. En effet ce vote envoie un signal fort quant à la volonté de l’Union européenne de poursuivre une politique ambitieuse en matière de lutte contre le changement climatique. Ce système communautaire d’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre connaissant aujourd’hui de graves difficultés en lien avec la crise économique, ne permet plus d’infléchir les décisions d’investissement vers les technologies sobres en carbone. Mais ce « backloading » ne représente qu’une solution provisoire et de court terme. Le conseil européen du printemps 2014 examinera ces enjeux.
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UE : un système de reporting d’émissions du transport maritime à compter de 2018 .

La Commission européenne a publié fin juin une communication visant à intégrer le secteur du transport maritime dans la politique européenne de réduction des émissions de gaz à effet de serre. En l’absence de politique internationale de réduction des émissions de ce secteur qui représente 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre et 4 % des émissions européennes, la Commission propose, à compter du 1er janvier 2018, de mettre en place un système de reporting d’émissions pour tous les navires de plus de 5 000 tonnes de passage dans les ports européens. Cette mesure doit ensuite être accompagnée d’objectifs de réduction des émissions entre 2020 et 2050, ainsi que de mesures de marché qui restent à définir. La proposition législative doit être adoptée au Conseil de l’UE et au Parlement européen. Elle devrait entrer en vigueur en 2015.
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HFC et GAZ A EFFET DE SERRE

Le Protocole de Montréal et la CCNUCC contre les HFC

Les hydrofluorocarbures (HFC) sont composés d’atomes de carbone, de fluor et d’hydrogène. Principaux représentants de la famille des gaz fluorés, ils sont utilisés dans la réfrigération, la climatisation, ainsi que dans les équipements électriques, les mousses isolantes ou les bombes aérosols. Ils ont été introduits depuis les années 1990 pour remplacer d’autres gaz aux mêmes propriétés : ce sont des gaz de substitution de seconde génération aux CFC (chlorofluorocarbures), après ceux de première génération, les HCFC (hydrochlorofluorocarbures). Les CFC et les HCFC sont des substances qui appauvrissent la couche d’ozone et sont donc réglementés par le Protocole de Montréal, de 1987 visant à protéger la couche d’ozone. S’ils ne détériorent pas la couche d’ozone, les HFC favorisent en revanche l’effet de serre et leur impact sur le climat s’avère conséquent : ces gaz ont ainsi un pouvoir de réchauffement plusieurs milliers de fois supérieur à celui du dioxyde de carbone (CO2) même si la plupart d’entre eux persistent moins longtemps dans l’atmosphère. Leur pouvoir de réchauffement global (PRG) moyen est de 1 949 fois le PRG du CO2 qui sert de référence (PRG CO2 = 1) et varie selon les molécules .
Or, sous l’effet du boom de la construction dans les pays en développement, et d’une climatisation en pleine expansion, notamment aux Etats-Unis et en Europe, les émissions de ces gaz progressent très rapidement. On estime que les HFC contribuent aujourd’hui à environ 1 % de l’effet de serre global et que cette contribution atteindra plusieurs % en 2050. En effet, les émissions de HFC sont en hausse depuis les années 1990 (+312% de 1990 à 2011 en France), mais ces dernières restent beaucoup moins alarmantes que celles des CFC qui totalisaient 25 % des contributions à l’effet de serre global en 1990, de sorte que l’utilisation des HFC demeure avantageuse sur le plan énergétique et pour l’environnement .
Une récente étude publiée dans Atmospheric Chemistry and Physics calcule que le remplacement des HFC à fort pouvoir de réchauffement global par des HFC alternatifs à faible PRG, peut éviter jusqu’à 0.5°C de réchauffement à l’horizon 2100. Une limitation globale des HFC pourrait même potentiellement réduire de 90 gigatonnes les émissions en équivalent CO2 d’ici 2050, soit environ l’équivalent de deux ans d’émissions de tous les gaz à effet de serre.
Ces HFC font partie des six principaux gaz à effet de serre inscrits sur la liste du Protocole de Kyoto . La proposition visant à éliminer les HFC a été avancée il y a quelques années par la petite nation insulaire de la Micronésie, l’un des endroits les plus vulnérables à l’élévation du niveau de la mer et d’autres effets du réchauffement climatique. Au cours des quatre dernières années, les Etats-Unis, le Canada et le Mexique, soutenus par l’Union Européenne mais bloqués par certains pays, ont proposé un amendement au Protocole de Montréal visant à réduire progressivement la production et la consommation des HFC. L’amendement permettrait de réduire progressivement la consommation et la production et le contrôle des émissions des HFC dans tous les pays . La modification comprend un volet d’aide financière pour les pays qui peuvent déjà accéder au Fonds multilatéral du Protocole, et laisse inchangées les dispositions de reporting et de comptabilité de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et le Protocole de Kyoto sur les émissions de HFC. Ces États estiment que le protocole de Montréal serait l’instrument juridique le plus efficace pour éliminer rapidement les HFC, comme il l’a fait pour les CFC et HCFC.
L’Union européenne a aussi avancé de son côté : en novembre 2012, la Commission avait présenté un projet de règlement afin de renforcer la législation en vigueur, datant de 2006. Il visait à réduire de deux tiers les émissions de gaz fluorés ainsi que de 80% la quantité totale de HFC pouvant être vendue dans l’UE d’ici à 2030. Depuis, la commission de l’environnement du Parlement a adopté en juin 2013, une proposition de rapport du Parlement européen concernant la révision du règlement portant sur l’interdiction progressive des gaz fluorés dans les nouveaux appareils d’air conditionné et les réfrigérateurs d’ici 2020, ainsi que sur la réduction de 84 % des HFC d’ici 2030. Elle propose ainsi d’interdire totalement l’utilisation de gaz fluorés entre 2015 et 2020 dans plusieurs secteurs pour lesquels des solutions « sûres et efficaces » existent, et propose également de réduire l’utilisation globale de HFC à 16 % de la consommation actuelle, contre 21 % suggérés par la Commission européenne. Les eurodéputés proposent également d’imposer aux producteurs des frais s’élevant à dix euros par tonne d’équivalent CO2 pour les HFC qu’ils utilisent. Ils introduisent également le principe d’interdiction de l’exportation des appareils contenant des gaz fluorés en dehors de l’UE, afin d’éviter qu’ils soient mis à la décharge dans des pays à la réglementation environnementale moins stricte. La commission de l’environnement a confié au rapporteur du texte un mandat de négociations en trilogue, avec le Conseil de l’UE et la Commission européenne. Le texte ne sera donc examiné en plénière au Parlement qu’une fois un accord trouvé.
Ce vote s’inscrit quelques mois avant la réunion, en octobre, des parties au protocole de Montréal sur la protection de la couche d’ozone . Il s’inscrit également dans un contexte de projet français de taxer les HFC. Ce sujet fait aussi l’objet de l’attention de la Coalition pour le Climat et l’Air Pur (Climate and Clean Air Coalition, CCAC) lancée début 2012 par un groupe de pays, dont les Etats-Unis, qui comptent aujourd’hui 32 pays dont la France et qui visent à réduire les forceurs radiatifs à courte durée de vie dont font partie les HFC.

EN CHIFFRES

4675

4675 maires de villes d’Europe, dont 110 français, ont signé à la mi juillet la Convention des Maires et s’engagent ainsi à respecter et dépasser l’objectif européen d’une réduction de 20 % des émissions de gaz à effet de serre en 2020 par rapport à leur niveau de 1990 
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ACTUALITES INTERNATIONALES

Fonds vert : nomination de sa directrice exécutive et avancées opérationnelles

La 4ème réunion du Conseil du Fonds vert pour le climat en Corée, où se situe son siège , a permis de progresser sur deux sujets très importants : la sélection du directeur exécutif du secrétariat permanent et la précision du business model du Fonds. La tunisienne Hela Cheikhrouhou, actuellement directrice du département de l’énergie, de l’environnement et du climat au sein de la Banque africaine de développement, a ainsi été nommée directrice exécutive du secrétariat du Fonds vert pour le climat
La réunion a également permis de prendre des décisions sur le business model, en particulier sur la facilité secteur privée et les modalités d’accès. Elle portent sur l’appel à désignation de points focaux ou d’autorités nationales dans les pays en développement ; la conception des procédures d’accréditation des entités intermédiaires de mise en œuvre et l’appel à lancer la mise en place de critères pour les prêts concessionnels ou les dons qui seront mis en place par le Fonds. Le Fonds a également avancé sur la question de l’accès du secteur privé au Fonds en installant une « facilité pour le secteur privé ».
La France accueillera la prochaine réunion du Conseil, la dernière de l’année, du 7 au 10 octobre à Paris. Cette réunion sera importante, dans la mesure où les travaux sur le business model devront arriver au terme duquel sera considéré le lancement du processus d’abondement du Fonds .
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États-Unis et Chine : cinq mesures pour réduire les émissions de GES et la pollution de l’air

Moins de trois semaines après l’annonce du nouveau Plan fédéral américain de lutte contre le changement climatique , les États-Unis et la Chine ont annoncé cinq mesures ayant pour but de réduire les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique lors de la réunion du Dialogue économique et stratégique des deux puissances. Ces cinq nouvelles mesures seront développées dans le cadre du groupe de travail commun sur le changement climatique, mis en place entre les deux pays en 2013. Elles portent sur les émissions des véhicules utilitaires, les techniques de captage et stockage du carbone, l’efficacité énergétique des secteurs du bâtiment, de l’industrie et des transports, la collecte des données sur les émissions de gaz à effet de serre et les réseaux intelligents. Ce groupe de travail s’attachera à mettre en œuvre l’accord sur les hydrofluorocarbures (HFC) décidé par le président américain et le président chinois lors de leur réunion en juin dernier en Californie. La secrétaire exécutive de la convention climat a salué cet accord qu’elle juge « bienvenu et important ». « Des politiques et des actions concrètes pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre sont les plus grandes contributions qu’un pays puisse faire en vue d’un nouvel accord international. »
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G8 : une déclaration sur le climat réaffirmant les engagements de Durban et Doha

Lors du sommet du G8 en Irlande du Nord sous Présidence britannique, le changement climatique a figuré parmi les sujets abordés. Au terme du sommet, les dirigeants des huit pays les plus industrialisés au monde (Etats-Unis, Canada, Japon, France, Royaume-Uni, Allemagne, Italie et Russie) ont publié un communiqué final, dans lequel quatre paragraphes, sur un total de 96, sont consacrés au climat . Ils s’engagent ainsi à poursuivre des travaux ambitieux et transparents au sein de la Convention Climat (CCNUCC) complétés par des actions mises en oeuvre dans d’autres cadres pertinents (Forum des Economies Majeures , Organisation de l’Aviation Civile Internationale …). Ils feront avancer les négociations au sein de la CCNUCC pour qu’un accord post-2020 soit adopté en 2015 et que l’ambition pré-2020 soit renforcée. Ils ont également réaffirmé l’engagement des pays développés de mobiliser collectivement 100 milliards de $/an d’ici 2020 pour financer les actions climat des pays en développement. Le communiqué qualifie également le changement climatique de « facteur d’augmentation des risques économiques et sécuritaires au niveau mondial » et se dit engagé à « répondre à ce défi ».
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Comité de rédaction

 

Ministère de l’ Écologie, du Développement durable et de l’Énergie .

Directeurs de la Rédaction : Philippe Geiger et Marine de Carné

Rédaction : Marie Jaudet