Certitude toujours plus grande sur la responsabilité de l’homme dans le changement climatique, montée du niveau de la mer, hausse probable des températures : voici les principaux points relevés par le volume 1 du nouveau rapport d’évaluation du Giec. Ce volume dédié aux aspects scientifiques de l’évolution du climat comporte 14 chapitres, dont des chapitres spécifiques sur le cycle du carbone , les nuages et aérosols, le niveau des mers et les phénomènes climatiques importants à l’échelle régionale . Les résultats des simulations climatiques seront mis à disposition sous la forme d’un atlas des projections régionales et globales
TEMPERATURES : la hausse des températures, une certitude confirmée
La Terre se réchauffe et cela va continuer au moins jusqu’à la fin du 21e siècle. La température de surface moyenne annuelle a déjà augmenté de 0,85 °C depuis 1880. Chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850. Il est probable (66 à 100%) que dans l’hémisphère Nord, la période 1983-2012 ait été la période de 30 ans la plus chaude depuis 1 400 ans.
Cette hausse des températures devrait encore croître de 0,3°C à 4,8°C d’ici 2100, en fonction des émissions de gaz à effet de serre. A plus court terme, sur la période 2046-2065, le réchauffement devrait être de l’ordre de 0,4 à 2,6°C selon les scénarios.
Concernant plus précisément les océans, le réchauffement en surface (75 mètres de profondeur) s’est élevé en moyenne à 0,11°C par décennie sur la période 1971-2010. L’océan va continuer de se réchauffer au 21e siècle.
Les scientifiques estiment que pour limiter le réchauffement à 2°C par rapport à 1861-1880 (avec une probabilité de réalisation supérieure à 66 %), il faudrait que la quantité cumulée d’émission de CO2 d’origine humaine dans l’atmosphère n’excède pas 800 gigatonnes de carbone (GtC) si on tient compte de l’ensemble des gaz à effet de serre et des effets induits. Or, les hommes ont déjà relâché largement plus de la moitié de ce total (531 GtC) depuis 1870.
OCEANS : l’énergie accumulée par l’intensification de l’effet de serre pénètre l’océan profond
Les océans renferment plus de 90% de l’énergie additionnelle accumulée dans le système climatique entre 1971 et 2010.
le réchauffement des océans est plus prononcé près de la surface et les 75 premiers mètres de profondeur se sont réchauffés de 0,11°C par décennie sur la période 1971-2010 .
plus de 60% de l’augmentation nette d’énergie absorbée par le système climatique a été emmagasinée dans la partie supérieure de l’océan (0-700 m) pendant la période 1971 à 2010 et environ 30% sont emmagasinés à une profondeur de plus de 700 m.
CRYOSPHERE ET FONTE DES GLACES : la fonte des calottes glaciaires, une question cruciale
La perte de glace de la calotte du Groenland atteint 215 (157 à 274) Gt par an au cours de la période 2002/2011 et celle de l’Antarctique 147 (72 à 221) Gt par an . Sur la période 1979-2012, Il est très probable (90 à 100 % ) que la banquise* arctique, dont la fonte a atteint un record à l’été 2012, a décru à un rythme moyen de 3,5 à 4,1% par décennie (soit 0,45 à 0,51 millions de km2 par décennie). Il est très probable (90 à 100 % )que cette fonte se poursuive pendant le 21e siècle. il est très probable que l’étendue moyenne annuelle de la banquise de l’Antarctique se soit accrue à un rythme compris entre 1,2 et 1,8% par décennie entre 1979 et 2012 (soit 0,13 à 0,20 millions de km2 par décennie).
Dans le scénario le plus optimiste, en ligne avec un réchauffement contenu entre 0,3°C et 1,7°C à la fin du siècle, il est aussi probable (66 % à 100%) de voir l’océan Arctique quasiment libre de glace avant le milieu du siècle. Le volume des glaciers de montagne devrait aussi continuer à se réduire, quel que soit le scénario étudié.
*La banquise est constituée de glace produite par la congélation d’eau de mer.
ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER : revue à la hausse des projections
Alors qu’en 2007, il projetait une élévation du niveau de la mer de 18 à 59 cm d’ici 2100, le nouveau rapport évoque une hausse probable (intervalle de confiance 5 % à 95%) de 26 à 82 cm d’ici la fin du siècle (2081-2100) par rapport à la moyenne 1986-2005. Il prend notamment mieux en compte le l’évolution des glaciers du Groenland et de l’Antarctique. Mais dans toutes les projections, les deux contributions les plus importantes à cette montée de la mer sont l’expansion thermique (dilatation de l’eau liée au réchauffement) et la fonte des glaciers. Il est très probable (90 à 100%) que la hausse du niveau de la mer se soit accélérée ces deux dernières décennies, avec une élévation de 3,2 mm par an en moyenne entre 1993 et 2010 contre 1,7 mm par an en moyenne entre 1901 et 2010 ( soit 19 cm au total ) .
CYCLE DU CARBONE : concentrations atmosphériques de CO2, de CH4 et de N2O sans précédent sur au moins 800 000 ans
Les concentrations de CO2 dû aux activités humaines ont augmenté de 40% depuis l’ère préindustrielle (1750), pour atteindre en 2011 un niveau de 391 parties par millions. Et ce, en premier lieu en raison des émissions provenant de la combustion des combustibles fossiles et en deuxième lieu du fait des émissions nettes liées aux changements d’utilisation des terres.
Les océans ont absorbé environ 30% des émissions anthropiques cumulées de CO2 depuis 1750, entraînant notamment leur acidification.
ATTRIBUTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE : le rôle déterminant des activités humaines
Le Giec confirme — avec 95% de certitude contre 90% dans le rapport de 2007 — que les activités humaines constituent la cause dominante du réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle.
L’influence humaine a été identifiée dans le réchauffement de l’atmosphère et les océans, dans les changements du cycle de l’eau à l’échelle planétaire, dans la fonte de la neige et de la glace, dans l’élévation du niveau moyen des mers, et dans des modifications de certains épisodes climatiques extrêmes.
LES PROJECTIONS : l’objectif de +2C encore possible sous certaines conditions
Sur les quatre scénarios d’évolution climatique étudiés, l’un d’entre eux est compatible avec la limitation à 2°C du réchauffement entre la fin du XIXe siècle et la fin du XXI siècle. Ce scénario implique, en particulier, l’existence d’un pic d’émissions aux environs de 2020 suivi d’une décroissance jusqu’en 2100. Les hypothèses sociétales et techniques compatibles avec un tel scénario seront abordées dans le volume 3 du 5e rapport d’évaluation du GIEC attendu pour avril 2014. Ce type inédit d’évolution, pouvant être qualifiée « d’optimiste », n’avait jusqu’à présent pas fait l’objet d’évaluation par le GIEC dans ses précédents rapports.
Traduction française du résumé pour décideur