Les deux semaines de négociations sur les changements climatiques, qui se sont achevées à Bonn, vendredi 14 juin 2013, ont permis d’avancer positivement vers un nouvel accord mondial sur le climat. Dans le cadre du groupe de travail sur la Plateforme de Durban (ADP) qui regroupe les 195 parties à la Convention (CCNUCC) les échanges ont été constructifs sur les questions centrales du débat pour l’accord de 2015, sur l’ambition pré-2020 et sur la place de l’adaptation dans le futur accord. Les travaux de l’organe scientifique et technique de la Convention (Sbsta) ont aussi permis des avancées notables notamment sur l’agriculture et la forêt. Faute d’adoption de son agenda pour la session, à la suite de la proposition par la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine d’ajout d’un point à l’ordre du jour sur les règles de prises de décision, l’organe subsidiaire de mis en œuvre de la Convention ( SBI) n’a pu démarrer ses travaux.
Même si volontairement encore conceptuelles, les discussions sur la préparation de l’accord 2015 dans le groupe de travail sur la plateforme de Durban (ADP) ont permis de cerner des sujets clés . Ainsi la question des options pour capter l’ambition des pays dans le futur accord a largement dominé les échanges . Et ce, notamment pour s’assurer en amont de la clarté sur le contenu et l’ambition des engagements. La soumission de la France et l’Union européenne proposant une « approche par étapes » avec une phase en 2014-2015 de déclaration et de révision des objectifs des Parties à la Convention avant la fixation définitive des engagements en 2015 a stimulé le débat. La question du calendrier pour les propositions d’engagement des Parties et celle du recours à des indicateurs pour comparer les offres ont également animé les tables rondes de Bonn.
Dans le cadre de la relève de l’ambition avant 2020, plusieurs initiatives complémentaires aux décisions de la Ccnucc ont été discutées et les Européens ont poussé pendant Bonn l’idée d’adopter une décision pour inviter le protocole de Montréal à mobiliser son expertise et ses instruments pour supprimer les émissions des HFC. La question des énergies renouvelables et celle de l’efficacité énergétique ont été débattues dans plusieurs ateliers.
A l’issue de la session , les Parties se sont accordées sur l’organisation des travaux à venir, notamment d’ici la COP19 de Varsovie en novembre prochain (soumissions, documents techniques). Ainsi les co-présidents du groupe de l’ADP devront proposer un mode de fonctionnement plus formel et donc moins conceptuel de ce groupe pour examen à Varsovie, et ce afin de réellement commencer à approfondir et confronter les propositions issues des réunions du groupe depuis sa création en 2012. L’élection des nouveaux co-présidents du groupe ADP (K. Kumasingh de Trinité et Tobago et A. Runge-Metzger de la Commission européenne), en fonction jusqu’à fin 2014, devra également faciliter cette transition et la préparation des premiers éléments de texte courant 2014.
Parallèlement, la question de la prise de décision dans l’enceinte de la Ccnucc s’est invitée au cœur de la session de Bonn et a bloqué les négociations du groupe de travail du SBI, en demandant la réouverture du débat sur la prise de décision, qui se fait selon la règle du consensus sous la convention. Mais ce blocage des travaux du groupe SBI par la Russie, la Biélorussie et l’Ukraine n’a finalement pas eu de conséquences trop graves pour l’ensemble des travaux à Bonn. Certains travaux sous SBI ont pu avancer lors de contacts informels entre négociateurs. Les Parties devront se fixer des priorités pour la conférence de Varsovie et faire en sorte que des questions essentielles comme celles des pertes et dommages, du lancement de la revue de l’objectif 2°C et du budget du Secrétariat 2014-2015 rattrapent le retard pris. Il n’en demeure pas moins que le problème sous-jacent de la prise de décision au sein de la Convention climat reste entier, la Convention qui n’ayant pas réussi à adopter formellement son règlement intérieur qui ne s’applique que provisoirement, sans règle de vote depuis la première COP de 1995.
Le MEF (Forum des économies majeures) en Pologne mi-juillet, le dialogue de Carthagène et la PréCop en octobre seront des étapes importantes vers la Conférence des Parties (COP ) de Varsovie. Cette dernière devra donc constituer le moment de basculement vers une phase de négociation plus structurée et ciblée pour permettre l’adoption d’un accord ambitieux contre les changements climatiques en 2015. Pour ce faire , la coopération entre futures présidences a déjà débuté à Bonn. La Pologne a organisé deux réunions du Trio/Quatuor avec le Venezuela, le Pérou et la France pour discuter des prochaines étapes et préparer la réussite de Varsovie, et esquisser un processus plus politique de coopération vers Paris.