Dans le monde, les aires marines protégées sont encore peu nombreuses, mais connaissent depuis peu un fort développement. En France, Le Grenelle de la mer a fixé un objectif ambitieux : 10% des eaux sous juridiction françaises en aires marines protégées d’ici 2012 et 20% à l’horizon 2020. Cet engagement fort devrait participer à une meilleure protection de la biodiversité.
Savoir si les écosystèmes marins vont mieux avec ou sans aires marines, nécessite de bien les connaitre, de suivre leurs évolutions, de disposer de données concernant les résultats obtenus, de développer un réseau cohérent les concernant. Ce qui manque encore aujourd’hui. C’est pourquoi dès sa création en 2006, l’Agence des aires marines protégées s’est engagée à développer en parallèle deux Tableaux de bord, l’un dédié au suivi et à l’évaluation des aires marines protégées et le second destiné à suivre l’évolution des écosystèmes de l’espace marin dans l’ensemble des eaux françaises. Ces outils doivent permettre d’identifier et de généraliser des indicateurs afin d’évaluer la bonne santé des milieux, l’efficacité de la gestion et la bonne gouvernance…Un travail de fond qui devrait précisément permettre d’améliorer la pertinence du réseau des aires marines protégées et de le comparer avec le reste de l’espace marin.
Autre enjeu de la protection : la connaissance, très insuffisante en matière de biodiversité marine. En 2010 et 2011, deux grandes campagnes de connaissances ont donc été menées par l’Agence et ses partenaires scientifiques : la reconnaissance systématique de tous les canyons continentaux de Méditerranée et l’observation de mammifères marins par survols aériens sur l’ensemble des eaux françaises (campagne renouvelable tous les cinq ans). Coté Méditerranée, les premiers résultats confirment le rôle de havre de biodiversité des vallées sous-marines et en particulier d’espèces remarquables et protégées tels les coraux froids. La seconde campagne a montré une diversité et une répartition d’espèces de mammifères marins insoupçonnées comme en Guyane française ou dans les Iles Eparses. Toutes ces données vont permettre une meilleure prise en compte de cette biodiversité. C’est déjà le cas de deux canyons de Méditerranée (Cassidaigne et Lacaze-Duthiers). Ils ont été intégrés dans le périmètre d’étude du Parc national des Calanques et du Parc naturel marin de la côte Vermeille. Dans cet esprit, l’Agence a décidé d’engager six millions d’euros sur deux ans pour inventorier les habitats, la flore et la faune de 65 sites Natura 2000 en mer afin d’en faciliter la gestion. Les aires marines ne règleront pas à elles seules toute la question de la perte de la biodiversité. Cependant, elles offrent un cadre et des instances pour agir en matière de préservation. Et depuis peu, elles ont aussi changé d’échelle passant de la protection de confettis de biodiversité à celle de la préservation d’écosystèmes entiers.