N° 1 - novembre 2010 : Urbanisme de projet
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau

« Bonjour,

Le Club EcoQuartier est actif depuis maintenant 9 mois, et il est temps, avec les CETEs et le CERTU, de vous rendre compte des éléments de connaissances acquises et partagées par tous, ainsi que des questions qui restent en suspens. Pour rester dans l’esprit pédagogique et direct du club, voici donc la première newsletter. Elle a pour but de mettre en lumière les éléments forts, les actualités et les alertes capitalisées par le Ministère, et par là même, de vous tenir informés régulièrement des réflexions en cours.

Cette première newsletter permet notamment de faire un point sur les autres démarches conduites par l’Etat, et ainsi de montrer leur cohérence, alors même que, vues de loin, ces politiques peuvent inversement paraitre déconnecter de nos préoccupations de terrain. Parmi elles, le travail de concertation sur la définition d’un Urbanisme de projet (doit-on simplifier les règlementation? Quels outils au service du projet urbain?) est la grande actualité de notre ministère. Vous pourrez bien entendu vous en référer au site internet du MEEDDM pour de plus amples informations.

Nous espérons que cette newsletter permettra de clarifier les messages forts que nous souhaitons co-produire avec vous sur le sujet des EcoQuartiers, et vous donnera envie de contribuer encore davantage à la réussite de cette démarche, avec en ligne de mire 2012 et le Référentiel EcoQuartier promis par le Grenelle !

Bonne lecture ! »

Franck Faucheux
Bureau AD4 - DGALN

Point sur

Urbanisme de projet Passer d’un urbanisme de normes à un urbanisme de projet

A l’heure où certains pays d’Europe réfléchissent sur la notion de projet négocié avec la mise en place de « référendums sur projet », les réflexions hexagonales portent sur les contours et les conditions de réalisation d’un « urbanisme de projet » - du nom du chantier qui vient de s’ouvrir le 23 juin 2010, sous la supervision de Benoist Apparu, secrétaire d’Etat chargé du logement et de l’urbanisme. S’« il ne s’agit pas de faire le grand soir », cette démarche concertée, basée sur l’implication de tous les acteurs, n’en est pas moins ambitieuse. Elle vise à faciliter la réalisation sur le terrain de projets mieux adaptés aux exigences du Grenelle.

Les lois Grenelle ont déjà redéfini les objectifs de l’urbanisme (1). Reste que le droit et les pratiques actuels rendent souvent difficile la sortie de terre des projets. Ce constat vaut pour l’ensemble du territoire national, des projets de particuliers aux grands projets tels que le Grand Paris, les écocités de Marseille, Bordeaux, Strasbourg, Nantes ou Rennes, les grands stades pour l’euro 2016, ou encore les écoquartiers.

L’émergence de nouveaux projets comme les écoquartiers oblige à ré interroger les formes de régulation, et plus globalement le cadre structurant de réalisation des projets d’urbanisme et d’aménagement. L’objectif du chantier« urbanisme de projet » est donc bien d’identifier, puis lever les freins opérationnels à la réalisation de ces projets, et ainsi « faciliter la vie de tous ceux qui y concourent » (2).

Pour ne prendre que quelques exemples, il existe aujourd’hui huit taxes et neuf régimes de participation. Une réforme de la fiscalité de l’urbanisme est ainsi en cours, qui vise notamment « à pousser à faire de la densité en créant un système de primes et d’incitations fiscales par rapport à un seuil défini localement par chaque collectivité » (Benoist Apparu). Ce sujet de la densité est au cœur des problématiques des écoquartiers.

La question foncière ne sera pas oubliée. Il s’agira notamment d’examiner la « capacité des collectivités locales à définir et mettre en œuvre des stratégies foncières pour accompagner leurs projets ». De même, le Grenelle 2 prévoit un « verdissement des documents d’urbanisme », avec en parallèle des réflexions visant à simplifier, regrouper, et unifier les procédures de révision et de modification des documents d’urbanisme.

Autre enjeu d’importance pour les écoquartiers, si l’on en juge par les difficultés auxquelles se trouvent confrontés les porteurs de projets d’écoquartiers en milieu rural, la complexité des rapports entre la planification et le déploiement opérationnel des projets. En effet, s’il existe de nombreux partenaires pour assister les petites communes dans leur projet d’urbanisme dans la phase amont d’études, celles-ci sont souvent livrées à elles-mêmes, ou du moins peu accompagnées dans le montage, la réalisation et le suivi du projet. De même, l’échelle intercommunale reste encore difficile à mobiliser, bien qu’incontournable. Un premier rapport de propositions concrètes visant à promouvoir de nouveaux modes de collaboration entre l’Etat et les collectivités locales, ainsi qu’à explorer les potentialités offertes par les partenariats publics-privés, devrait voir le jour fin 2010.

L’ensemble de ses avancées, pragmatiques et concrètes, auront un effet facilitateur dans la réalisation des projets d’écoquartiers.

Notes :

1. Favoriser un urbanisme économe en ressources foncières et énergétiques, qui soit également mieux articulé avec les politiques d’habitat, de développement commercial et de transport, et qui permette in fine l’amélioration de la qualité de vie des habitants.

2. Pour ce faire, quatre groupes de travail ont été constitués. Ces groupes de travail traitent chacun d’un thème : la modernisation des documents d’urbanisme et du droit des sols, la mise en œuvre opérationnelle des projets, la réforme de la fiscalité de l’urbanisme et des outils de financement de l’aménagement, enfin la redéfinition d’une stratégie et d’outils en faveur d’une nouvelle politique foncière.

Témoignage

Stéphanie Dupuy-Lyon (DHUP - DGALN)

Quels sont les axes de travail du groupe qui traite de la mise en oeuvre opérationnelle des projets ?
Nous réfléchissons aux questions de gouvernance et à une meilleure utilisation des outils de l’aménagement. Nous travaillons entre autres sur la réforme du calcul de la SHON. Cet outil a été créé dans les années 1970 et n’est plus du tout adapté aux enjeux actuels des projets durables. Il faut notamment reposer la question de la densité et simplifier les définitions. La nouvelle définition de la SHON doit être claire et ne pas pas pénaliser les projets dits "éco". Cela passe peut être par une SHON unique, mais il est trop tôt pour aborder ces modalités concrètes. Nous allons également nous intéresser aux pratiques européennes en matière d’ingénierie, de concours et de marchés de définition, pour voir ce qui est ou non transposable en France, et pour quels bénéfices.


Vos réflexions ont-elles déjà abouti ?
Le chantier urbanisme de projet a été lancé en juin 2010. Il a déjà permis de présenter en septembre une première proposition de réforme des taxes d’urbanisme. La réforme sur le droit de préemption est également en cours. Concernant plus spécifiquement les travaux sur le groupe "mise en oeuvre opérationnelle des projets", la réforme du calcul de la SHON fera l’objet d’une ordonnance, dont l’adoption devrait avoir lieu avant la fin de l’année. Ce sont quelqu’uns des grands jalons du calendrier. Nous avançons vite, mais il faut préserver un temps pour la concertation.


Mme Stéphanie Dupuy-Lyon
Adjointe au Sous-Directeur de l’aménagement durable, DHUP

Brèves

<U>Retour sur </U> : Décret sur la mise en concurrence des aménageurs

Le décret n°2009-889 du 22 juillet 2009 relatif aux concessions d’aménagement modifie substantiellement les procédures réglementaires à suivre lors de la mise en concurrence des aménageurs dans le cadre d’une concession d’aménagement.
Tirant les conséquences de l’arrêt « Auroux », il introduit en particulier la notion de « risques économiques de l’opération ».
Pour aider les collectivités locales et les services de l’Etat à mettre en œuvre ces nouvelles dispositions, le MEEDDM va mettre à leur disposition un guide pratique qui détaillera toutes les procédures à suivre, en insistant notamment sur l’importance des études préalables.

<U>Focus sur</U> : Des ZAC en phase avec le Grenelle

Le code français de l’environnement oblige les maîtres d’ouvrage publics et privés à "respecter les préoccupations d’environnement" lorsqu’ils entreprennent "des travaux et projets d’aménagement" (article L 122-1).
Néanmoins, cette préoccupation demeure encore aujourd’hui plus un état d’esprit, qu’une véritable méthode. Le CETE de Lyon a ainsi mené une réflexion approfondie sur les outils à disposition des collectivités pour mettre en œuvre le volet environnemental du développement durable dans le cadre d’une ZAC (cahiers des charges de consultation des aménageurs et promoteurs, cahiers des charges de cession de terrain, etc.).

Ressources utiles :

<U>Focus sur</U> : Financer un écoquartier

Du projet à sa mise en œuvre, de la théorie à la pratique, le passage à l’acte nécessite de se confronter à des problématiques très opérationnelles, et en premier lieu celle du financement. Quels partenaires ? Quel coût pour la collectivité ? Avec quelles ressources ?
Les projets d’écoquartiers n’entrent pas si aisément dans le cadre d’un bilan d’aménagement classique. Ils participent d’une politique d’aménagement plus globale, dont les externalités positives ne sont pas toujours comptabilisées. Ses coûts globaux sur estimés, et inversement pour les bénéfices, peuvent décourager l’action.
A partir des expériences d’une demi-douzaine d’opérations, l’étude sur « le financement des écoquartiers  » dresse un premier état des lieux des logiques et des mécanismes financiers permettant la production de logements « durables », à un prix de sortie acceptable (parution fin 2010).

<U>Focus sur</U> : Piloter un écoquartier

Sept projets d’écoquartier ont été expertisés afin d’identifier les bonnes pratiques reproductibles en matière de pilotage. Riches d’enseignements, ces premières réalisations mettent en lumière la nécessité de renouveler les pratiques professionnelles de l’aménagement.
Il s’agit d’une part de développer en amont une approche plus transversale du projet pour anticiper sur la gestion future du quartier, d’autre part d’acquérir de nouvelles compétences en matière de gestion de projet (partenaires impliqués, participation citoyenne, etc.).
L’étude « Piloter un projet d’écoquartier » (Cabinet Re-Sources) devrait sortir fin 2010.

Ressources utiles :

Agenda

Agenda du Club

  •   (nouvelle fenetre) Forum des écoquartiers , 19/21 novembre - Strasbourg
    (format pdf - 3.5 Mo - 14/02/2012)

  • Club National - Réunion du Groupe de travail "Le citoyen et l’entrepreneur, moteurs de l’EcoQuartier" , 26 novembre (initialement programmée le 12 octobre)

  • Atelier local , 30 novembre - DREAL Basse Normandie