Le premier Forum des EcoQuartiers s’est déroulé à Strasbourg du 12 au 21 novembre 2010. Dédié à la ville durable et ouvert à tous, le forum a accueilli plus de 650 participants sur les 3 jours de colloque, et touché quelques 6000 personnes dans le cadre des diverses manifestations organisées sur dix jours (expositions, projections de films, visites, théâtre-forum, cafés-débats, etc.). Ces premières Journées européennes des EcoQuartiers ont ainsi permis de faire se côtoyer le grand public, les élus, les experts et les techniciens.

L’objectif – et l’originalité – de ces manifestations locales participatives était de replacer au cœur des débats l’EcoQuartier dans sa dimension sociale, et ainsi de reposer la question de la finalité de la ville durable. Pendant longtemps, les EcoQuartiers ont été cantonnés à une fonction de laboratoires urbains, des lieux d’expérimentation destinés à tester des solutions techniques en matière énergétique, urbanistique, ou de mobilité. Or les différentes interventions sur ce thème ont bien montré qu’aujourd’hui, les EcoQuartiers se conçoivent comme des modèles qui peuvent inspirer l’urbanisation de la ville entière. Des exemples concrets d’initiatives citoyennes ont montré toute la diversité des enjeux. L’association AHBAK propose ainsi aux habitants de se réapproprier les interstices dans la ville, en recréant de la nature partagée. De même, l’EcoQuartier de Stuttgart intègre des maisons intergénérationnelles, afin d’appliquer le principe fondamental de la ville pour tous.

Le succès des diverses animations participatives a montré que la ville durable fait désormais partie des aspirations de chacun. Elle répond aux besoins du quotidien, tout en préservant un cadre de vie respectueux de l’environnement, de la santé et du patrimoine. Les habitants, et plus globalement les citoyens, doivent donc avoir envie de participer à ces projets. Ils doivent se les approprier pour les faire vivre, et perdurer dans le temps, d’autant que ces projets sont intrinsèquement évolutifs, au gré des innovations techniques et sociétales. Exemple parmi d’autres, un café-rencontre s’est tenu sur le thème des jardins partagés avec pour question de fond : « Comment participer et comment mobiliser sur le long terme ? ». De même, une installation créée par Laurent Reynès, sculpteur, a permis de réinterroger les échelles de l’urbanisme durable en transposant chacune des pièces domestiques de la maison à l’échelle de la ville et la voie publique. La ville durable devient le symbole de notre habitat, nos halls d’entrée, nos salons, nos salles de bains, nos cuisines.

Offrir aux citoyens les moyens de s’exprimer sur les enjeux environnementaux, économiques et sociaux, constitue un levier essentiel dans l’édification de la ville de demain. L’analyse des projets des collectivités membres et de premières expériences concrètes a montré que cette construction de la ville durable est en cours, et passe par la mobilisation de tous les acteurs : habitants, professionnels, associatifs et experts. La ville de demain, c’est aujourd’hui, comme a pu le « déclamer » la troupe du théâtre Potimarron par la mise en scène de situations comiques. Ne plus perdre son temps dans les trajets solitaires en voiture, loger dans des habitations mieux isolées, proches de parcs et de jardins, accéder facilement aux commerces et aux équipements, n’est ce pas le souhait de chacun de nous ?

Télécharger le programme du forum (format pdf - 3.5 Mo - 13/02/2012)

Quels ont été les points forts de ce forum ?
Le point fort du forum a été l’originalité de l’angle d’analyse, avec pour thème central : la participation citoyenne et les nouvelles modalités de fabrication de la ville expérimentées dans les éco-quartiers. L’objectif était de croiser les regards et de laisser toute sa place à l’expression du « terrain » , d’où la présentation de nombreuses initiatives et de projets engagés. Chacun, à son échelle et sur sa thématique, faisait sens face aux enjeux locaux et globaux du changement climatique, et permettait de porter le débat au plus près des citoyens.

Pourquoi avez-vous opté pour ce format de 10 jours ponctués de manifestations locales ?
Nous voulions sortir du format classique du simple colloque qui dure 3 jours. L’événement ne devait pas se passer au dessus de la ville, mais bien dans la ville, et venir ainsi alimenter les projets concrets. Ce sont près d’une centaine de manifestations, qui ont eu lieu en tout sur les 10 jours, en plus des 3 journées d’études plus institutionnelles. La majorité d’entre elles était portée directement par la société civile. La diversité des lieux et des activités a permis de sensibiliser un public très large.

Le lien a-t-il été aisé à faire avec les rencontres nationales de l’habitat participatif ?
L’imbrication des calendriers et des intervenants s’est faite tout naturellement. Une journée charnière a permis de faire le lien entre les deux thématiques. L’auto promotion est aussi une autre façon de faire la ville, avec une implication plus forte des habitants, qui « soignent » leur cadre de vie. La dynamique est lancée depuis quelques années, mais peu de projets sont encore sortis de terre. On peut mentionner l’association Eco-Logis, très engagée sur le sujet. Là aussi, les collectivités ont un rôle important à jouer, en apportant leur soutien aux initiatives citoyennes. Strasbourg porte une politique innovante en la matière. La collectivité a fait le choix de réserver 10 terrains en centre ville pour des projets d’auto promotion. Ces rencontres ont également montré tout l’intérêt et la nécessité de se structurer en réseau national pour travailler ensemble et mutualiser les expériences, un peu comme le fait le Club EcoQuartier.