Comment passer de la réhabilitation à la requalification du patrimoine ?
C’est la question qu’aborde de front le programme REHA, « Requalification à haute performance énergétique de l’habitat collectif », en visant la remise à niveau des bâtiments d’habitat collectif à un degré de performance équivalent à celui du neuf. Au centre des objectifs, la haute performance énergétique, mais pas seulement. La requalification induit une réflexion plus large qui se décline autours d’enjeux multiples et imbriqués : urbains, architecturaux, techniques, environnementaux, économiques et sociaux.
C’est évidemment dans le sillage du Grenelle Environnement et du Plan Bâtiment que s’inscrit ce programme expérimental lancé par le Plan urbanisme construction architecture (Puca), en partenariat avec l’Union sociale pour l’habitat (Ush) ; l’Agence nationale de l’habitat (Anah) ; l’Agence nationale de rénovation urbaine (Anru) ; l’Union nationale pour l’habitat des jeunes (Unhaj) ; le Centre national des œuvres universitaires et sociales (Cnous) ; Adoma et l’Association des responsables de copropriété (Arc). A vocation opérationnelle, il a pour objectif de promouvoir une offre technique et architecturale innovante qui permette une requalification durable des bâtiments, dans les secteurs publics et privés.
Qu’entend-on concrètement par requalification durable ?
Premièrement, il s’agit de faire passer des bâtiments énergivores à des bâtiments classe B ou A, voire passifs. Deuxièmement, ces performances énergétiques ne sont pas une fin en soi ; elles doivent avoir pour corollaire une importante amélioration de la qualité de l’habitat et de la qualité environnementale. Troisièmement, la réflexion doit aller au-delà du bâti pour favoriser la mixité urbaine (sociale, fonctionnelle et intergénérationnelle). Enfin, l’ensemble des solutions mises en œuvre doit s’opérer selon une logique de long terme afin d’offrir au bâtiment requalifié une durée de vie équivalente à celle d’un bâtiment neuf, le tout à coût maîtrisé. Une démarche, par bien des aspects, complémentaire à celle des éco-quartiers.
Dans cette optique, la consultation invitait les candidats à formuler leurs propositions sur un cas d’étude concret, choisi parmi 27 bâtiments supports. Un impératif pour les équipes : présenter des solutions reproductibles ou adaptables à d’autres types de bâtiments. En réponse, les dix-sept propositions lauréates provenant d’équipes pluridisciplinaires associant maîtres d’œuvre, industriels, BET et entreprises ont été particulièrement riches. Les solutions et systèmes proposés permettent d’atteindre une haute performance énergétique et d’optimiser simultanément l’enveloppe, les équipements techniques et le confort. De plus, les équipes ont mené une réflexion globale sur la qualité de l’habitat permettant d’atteindre les normes réglementaires du neuf (surfaces des logements, équipements techniques, sécurité, accessibilité…) pour un coût inférieur à une opération de démolition-reconstruction.
Prochaine étape du programme REHA, le lancement d’opérations expérimentales : la première, qui porte sur le bâtiment Euclide à Tourcoing, est déjà sur les rails et entrera en phase chantier dès l’automne. Le « plus » pour les maîtres d’ouvrage souhaitant s’inscrire dans ce programme expérimental : la mise à disposition d’une boîte à outils technique et financière élaborée par le Puca et l’Ush afin d’aider à la programmation, mais aussi au choix des solutions technico-architecturales et de la procédure de montage opérationnelle adéquates. Les maîtres d’ouvrages publics auront également la possibilité d’utiliser l’article 75 du Code des marchés publics qui permet de ne mettre en concurrence que les lauréats du programme.