N° 20 - juillet/août 2012 : « Les déplacements dans les EcoQuartiers »
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau

« Bonjour,

A l’heure où le test du Label EcoQuartier se finit, faisons un petit retour sur la conférence de Rio + 20. La France était là présentant ses 300 Agendas 21 reconnus par la France, ses 19 EcoCités et vos 500 villes engagées dans un EcoQuartier. Rio a montré que si les Etats ont peiné à s’accorder sur la proposition de l’ONU, sur le terrain, les villes et les citoyens s’engagent tous les jours.
Rio + 20 ce fut le rendez-vous du monde, dans toute sa complexité, entre les ménagements politiques, les urgences climatiques, les enthousiasmes militants, les espoirs d’un avenir qui met sa foi autant dans l’Homme que dans le progrès et qui essaie de les faire rentrer dans les politiques nationales. Alors bien sûr, la négociation internationale est complexe, mais l’espoir d’une avancée reste le message des délégations.
Les majors-groups tempêtent, et tant mieux : ils sont là pour porter les valeurs du développement durable au-delà des textes : la participation citoyenne au-delà de la gouvernance, le développement local au-delà de l’économie verte, l’évaluation des impacts sur les écosystèmes et sur la vie des habitants au-delà des objectifs de développement durable et la création d’une Organisation Mondiale de l’Environnement. Et sur tous ces thèmes, vos EcoQuartiers répondent présents. Et si la prochaine fois la France était là pour présenter le label national ?
Je vous souhaite à tous de très bonnes vacances et vous donne rendez-vous en septembre ! »


Franck Faucheux
Bureau AD4 - DGALN

Point sur

Guide « Les déplacements dans les EcoQuartiers »

Les lois Grenelle incitent au développement de territoires durables qui privilégient les déplacements de courtes distances. Afin de diminuer la pollution de l’air et de lutter contre le changement climatique, elles préconisent le développement des transports collectifs et des modes doux, comme alternatives à l’usage de la voiture, en lien avec la densité urbaine.
Dans ce contexte, et sous l’impulsion des politiques publiques et de plusieurs appels à projets nationaux ou locaux, de nombreuses collectivités réalisent aujourd’hui des projets d’EcoQuartiers, qui apparaissent comme des lieux d’expérimentation de ces nouveaux enjeux.
Comment ces quartiers prennent-ils aujourd’hui en compte la question des transports, de la mobilité urbaine et des déplacements ? C’est ce que le Certu – en partenariat avec les CETEs, les agences d’urbanisme de Lyon et de Grenoble ainsi que les régions Ile-de-France et Rhône-Alpes - a souhaité étudier dans son nouvel ouvrage « Les déplacements dans les EcoQuartiers. De l’expérimentation aux nouvelles pratiques », à travers l’analyse de treize expériences innovantes. L’ouvrage montre ainsi que les EcoQuartiers cherchent à limiter la place accordée à la voiture dans l’espace public, à travers des solutions originales en matière de circulation comme de stationnement.
Cela se traduit d’abord par une bonne prise en compte des modes alternatifs à la voiture particulière : usage des transports collectifs, pratique de la marche et du vélo, nouveaux services à la mobilité (autopartage, covoiturage, vélos en libre-service…). Il ne s’agit certes pas d’innovations, mais la combinaison de ces différentes mesures volontariste est intéressante et permet de tirer de nombreux enseignements. Ainsi, il apparaît que les EcoQuartiers proposent un nouvel ordre de priorité qui permet, lorsqu’on sort de son logement ou de son travail, d’accéder d’abord à son vélo, puis aux transports collectifs et enfin à sa voiture.
En termes de stationnement, plusieurs tendances sont à souligner : le stationnement sur voirie est limité voire absent de certains projets. De plus, avec le développement des parkings mutualisés en marge des quartiers, il y a une dissociation spatiale entre les fonctions urbaines et le stationnement automobile. Les modalités de gestion du stationnement sont elles aussi également repensées avec des dispositifs rassemblant les besoins de plusieurs projets immobiliers proches. Enfin, la réversibilité partielle ou totale des dispositifs de stationnement vers d’autres types d’usage (commerces, bureaux…) constitue un gisement d’innovation intéressant.
Enfin, les projets d’EcoQuartier accompagnent la modération et l’apaisement de la circulation au sein du quartier : un réseau de voierie hiérarchisé, des mesures de partage de la voierie et des espaces publics qui donnent la priorité aux piétons et aux vélos sur les circulations motorisées.
Cette analyse n’est certes ni exhaustive ni représentative de toutes les innovations et expérimentations existantes mais permet néanmoins - par la diversité en termes de taille, contenu et ambition des opérations - de mettre en exergue les grandes tendances actuelles et des mesures et des pratiques particulièrement intéressantes mais aussi de souligner les lacunes mettant ainsi en évidence des pistes de progrès pour l’avenir.
L’ouvrage s’adresse aux techniciens des collectivités territoriales, aux services de l’Etat, aux agences d’urbanisme et aux bureaux d’études. Il commence par une synthèse des points forts et des enseignements tirés des projets analysés avant de présenter le contenu détaillé de chaque projet. Ces monographies ont été regroupées en 3 catégories :

  • Des quartiers proposant des alternatives à l’usage de la voiture
  • Des évolutions sensibles sur la place accordée à la voiture
  • Une approche multimodale des déplacements en lien étroit avec l’aménagement des quartiers

Commander l’ouvrage en ligne sur le site du Certu.

Témoignage

Martine Meunier-Chabert (Certu)

Quelles sont les raisons qui ont motivé cet ouvrage ?

Dans le cadre des appels à projets EcoQuartier ainsi que de la démarche « Nouveaux quartiers urbains » de l’Ile-de-France, le Certu a participé à l’expertise de nombreux dossiers sur la question des transports, des déplacements et de la mobilité.
Ces expertises ont montré que cette thématique était le parent pauvre de ces opérations, même les plus grandes, que ce soit en Ile-de-France ou en province. En effet, la desserte en transports en commun est souvent la seule alternative ; les quelques pistes cyclables et cheminements piétonniers insuffisamment connectés aux quartiers voisins ; le stationnement traité de façon incomplète ; la question des livraisons oubliée et les nouveaux services à la mobilité peu développés.
Il y avait donc un réel intérêt pour mener une analyse approfondie du sujet.

Comment s’est fait le choix ainsi que l’analyse des projets ?

Les projets étudiés ne sont pas forcément des opérations lauréats ni des expériences exemplaires et innovantes. Nous avons également voulu sélectionner de petites opérations, peu connues, ainsi que des opérations qui n’étaient pas encore abouties mais qui étaient intéressantes dans leur contexte local. Ainsi, le projet d’extension d’un village de 470 habitants en Alsace nous est paru intéressant à décortiquer et présenter au même titre que la ZAC de Bonne ou Nancy Grand Cœur. Le panel final est ainsi assez varié, en termes de taille et d’état d’avancement des opérations.
Je tiens à souligner que ce choix résulte d’un travail collectif entre le Certu, les Agences d’urbanisme et les Régions, ce qui a permis d’enrichir le débat.
Pour l’analyse, la réflexion a porté sur 4 questions principales et nous avions une fiche type de monographie.

Quelles sont les principaux enjeux qui restent à relever ?

De nombreuses lacunes persistent encore. En particulier, la question des livraisons est le point faible, notamment pour les grosses opérations. La réflexion sur le stationnement reste, de manière générale, incomplète et devrait être menée bien plus en amont.
Je soulignerais également l’importance d’une approche globale, intercommunale, qui serait ensuite à décliner localement, au niveau de la rue et de la parcelle.
Enfin, et quoi qu’il en soit, du recul est nécessaire afin de voir, dans quelques années, si les comportements ont réellement changé et si les nouvelles « normes » et limitations étaient réalistes ou trop contraignantes.

Martine Meunier-Chabert
Chargée de mission Déplacement et urbanisme – Certu

Brèves

<U>Retour sur </U> : La présence de la DHUP à la conférence internationale sur le Climat de Rio + 20 : quels enseignements ?

La présence de la DHUP à Rio + 20 fut l’occasion de suivre des conférences pour repérer les bonnes pratiques et les innovations qui pourront inspirer les EcoQuartiers. Ces conférences, en parallèle de la négociation, inspirent 4 enseignements majeurs :
1. La nécessité de mettre en place une gouvernance de développement durable avec un double niveau d’animation, avec d’une part une impulsion politique nationale sur le long terme accompagnée par des scientifiques, et d’autre part une application par les niveaux opérationnels régionaux et/ou locaux pour avoir des « champions » du développement durable.
2. La plupart des intervenants ont mis en évidence une gestion des contradictions dans les différentes thématiques du développement durable : des priorités sectorielles sur un des piliers du développement durable entrent en effet en contradiction avec les autres. Il s’agit de développer une approche intégrée.
3. Les recherches montrent des « solidarités » entre thématiques et insistent pour en imposer la gestion conjointe :

  • Biodiversité + Alimentation + Eau potable + Santé : la qualité de l’eau et la plus grande fertilité des sols se traduisent par une population en meilleure santé physique et mentale.
  • Eau + Energie + Terre : une approche « globale » des ressources qui se rentabilise autant dans les bénéfices que dans les économies par rapport aux systèmes traditionnels.
  • Mobilité + Densité urbaine + Emploi local : il faut penser l’habitat comme levier du développement territorial et des réseaux.

4. Enfin, le besoin est reconnu par tous de mettre en place des systèmes de « reporting » et d’indicateurs de suivi transparents pour permettre d’une part une meilleure communication, chiffres à l’appui, des potentiels de développement des activités du durable, d’autre part pour anticiper le financement des dommages prévisibles des activités humaines en plein développement sur les écosystèmes et la santé.
Des articles sur des rapports majeurs présentés à Rio - portant sur l’importance des sciences sociales, la lutte contre la pénurie des ressources et l’efficacité énergétiques dans les bâtiments - seront bientôt disponibles sur le site Extranet.

<U>Focus sur</U> : L’analyse comparée des EcoQuartiers européens

Le ministère réalise actuellement, avec le concours de Capgemini Consulting, une analyse comparée (benchmark) de projets d’EcoQuartiers européens.
L’objectif de ce travail est triple :

  • Mieux connaître les projets emblématiques et novateurs du continent ;
  • Mettre en avant des mesures originales et des innovations marquantes développées dans ces quartiers, en s’appuyant sur les quatre dimensions de la grille EcoQuartier ;
  • Positionner la France (ses EcoQuartiers comme les outils élaborés par le ministère) dans l’environnement européen.

Pour ce faire, en plus des trois grands prix français de 2009 et 2011 (Grenoble, Nancy, Roubaix), 18 projets, répartis dans 12 pays, ont été étudiés. Des outils (de certification, méthodologiques, programmatiques), apparus comme nombreux et essentiels pour la bonne vie des projets, font l’objet d’un traitement spécifique.
Les quartiers ont été sélectionnés avec les correspondants européens du ministère, ou parce que leur notoriété les rendait incontournables.
Les premières conclusions de l’étude seront disponibles en septembre.

Agenda

Agenda national

  • 3ème édition des journées de la ville durable, organisée par le groupe Moniteur.
    Visites et présentations d’EcoQuartiers exemplaires : 20 septembre à Nancy et 27 septembre à Lille.
    Télécharger la plaquette (format pdf - 954.7 ko - 22/06/2012) .
  • 2èmes rencontres du Forum Vies mobiles « Des mobilités durables dans le périurbain, est-ce possible ? » (format pdf - 29.9 ko - 28/06/2012) , 24 et 25 janvier 2013, Paris.
    Ces rencontres, lieu de discussion et de confrontation entre chercheurs et praticiens, seront l’occasion d’imaginer les bonnes vies durables. Elles seront ponctuées d’interventions d’artistes qui mettront en perspective, contrediront et enrichiront ces analyses.
    Préinscription ici.