Les villes françaises se sont développées en lien étroit avec les territoires qui les entouraient. Leur localisation était souvent liée à la présence de voies de communication, au relief et à la possibilité de franchissement des fleuves ou encore à des considérations stratégiques. Si la ville permettait de structurer l’économie, d’être le support des échanges, elle entourait toujours un morceau de nature et s’adossait à celle-ci. Dans une économie rurale, la partie construite, minérale de la ville, focalisait l’attention de ses concepteurs. Une grande biodiversité y était présente, sans pour autant que son évidence soit conceptualisée. Et grâce à la taille modeste des villes, les flux entrants et sortants n’étaient pas l’objet d’attentions particulières. Le citoyen urbain vivait en symbiose avec la nature.
L’accroissement de la taille des villes, au cours du 19ème siècle, a provoqué l’augmentation du volume des flux qui les parcouraient ; il a produit un système de pensée dont l’objectif était de structurer ces flux pour mieux les maîtriser, puis de les enfouir pour en éviter les nuisances. Le développement des moyens de transport permettait de quérir les ressources à plus grande distance. L’eau devenue souterraine rendait invisible une grande partie de la biodiversité. La nature en ville était cantonnée dans des fonctions décorative et récréative. La biodiversité naturelle se nichait dans les parties inaccessibles de la ville. A l’opposé du courant hygiéniste et simultanément, le romantisme exaltait pourtant les valeurs de la Nature.
Au 20ème siècle, le développement des métropoles, désormais industrialisées et mécanisées, a encore un peu plus éloigné l’habitant des villes, des campagnes qui les entouraient.
Aujourd’hui, le besoin de nature, la nécessité de préserver la biodiversité, sont intégrées dans une prise de conscience environnementale plus large. Alors que la France s’est engagée dans le plan biodiversité 2010-2020 dans le cadre du protocole de Nagoya, le développement accéléré des écoquartiers est l’une des réponses visibles à cette nouvelle exigence sociétale.
Le Ministère de l’Egalité des territoires et du Logement (METL), en partenariat avec la Caisse des Dépôts propose ainsi le deuxième opus des guides « écoquartiers ». Cet ouvrage a pour objectif de recenser les conditions, les acteurs, les initiatives et les outils qui permettent de renforcer les actions en faveur de la biodiversité dans les villes qui intègrent un écoquartier. La part importante qui est faite aux exemples et à leur illustration montre que les projets d’aménagement qui prennent en compte la biodiversité sont déjà nombreux et que leur mise en œuvre contribue à renforcer l’attractivité des territoires. Il s’agit d’une démarche essentielle, qui engage ces actions de long terme dans un contexte de ressources financières rares.
La production de ce guide va bien au-delà de l’objet final produit. Sa réalisation a été l’occasion de réunir, en séminaire, des acteurs majeurs de la biodiversité, autour de l’équipe AD4 du METL et de la Caisse des Dépôts. Sa diffusion devrait susciter de nouvelles idées, de nouveaux projets et d’autres débats féconds.
Ont participé à cette étude Franck Faucheux et Bruno Bessis et Guillaume Bailey pour le METL, Louis Henry, Audrey Charluet, Anne-Laure Cattin et Guillemette Pincent pour la Caisse des dépôts, Olivier Bachelard du CETE de Lyon, Marc Barra et Gilles Lecuir (Natureparif), Julie Delcroix et Emmanuel Pion (WWF), Cécile Hanier (Eco Maires), Alexandre Henry (chercheur), Vincent Hulin (Mission économie de la biodiversité CDC), Bernard Aldebert pour sa rédaction et Jean-Claude Pattacini pour son illustration.
L’étude peut également être consultée sur le site extranet EcoQuartier
Utilisateur : ecoquartiers
Mot de passe : extr@eco