N° 34 - décembre 2013 : "Le guide EcoQuartiers : invitation à la biodiversité".
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau

« Bonjour,

L’année 2013 s’achève et sans faire de bilan, la démarche EcoQuartier est à un tournant. Après 4 années de travail, deux appels à projets, des dizaines de groupes de travail au sein d’un club, nous pouvons tirer des enseignements sur l’aménagement opérationnel durable. C’est le travail engagé avec la Caisse des dépôts : prendre le temps d’écrire les retours d’expériences des Ecoquartiers pour les diffuser dans tous les réseaux élus, professionnels et associatifs. Après le premier guide sur le pilotage « EcoQuartiers, l’art de conjuguer », voici «  EcoQuartiers : invitation à la biodiversité  ».
Le label existe désormais, mais il faut le faire vivre. Aussi le Ministère se lance dans une campagne d’évaluation des 13 opérations labellisées et des 32 lauréats de l’étape 2 «  Engagé dans la labellisation ». Nouveauté : les villes seront subventionnées pour la première évaluation. Il ne faut en effet pas perdre de temps pour pouvoir présenter des résultats mesurés et vérifiés lors dans la conférence internationale Climat en France en février 2015. Le monde entier viendra en France, autant démontrer nos savoirs-faire, chiffres à l’appui.
Le label existe, mais le club continue à se développer en s’ancrant au cœur des territoires : de la Nouvelle Calédonie à l’Anjou, la charte des EcoQuartiers trouve écho et application. La contextualisation de la démarche reste son atout numéro 1.
Bonnes fêtes de fin d’année, au plaisir de vous revoir pour les nouvelles aventures de la démarche EcoQuartier dont la concrétisation d’un Institut de la Ville durable.

Bonne lecture ! »

Franck Faucheux
Bureau AD4 - DGALN

Point sur :

Le guide EcoQuartiers : invitation à la biodiversité

Les villes françaises se sont développées en lien étroit avec les territoires qui les entouraient. Leur localisation était souvent liée à la présence de voies de communication, au relief et à la possibilité de franchissement des fleuves ou encore à des considérations stratégiques. Si la ville permettait de structurer l’économie, d’être le support des échanges, elle entourait toujours un morceau de nature et s’adossait à celle-ci. Dans une économie rurale, la partie construite, minérale de la ville, focalisait l’attention de ses concepteurs. Une grande biodiversité y était présente, sans pour autant que son évidence soit conceptualisée. Et grâce à la taille modeste des villes, les flux entrants et sortants n’étaient pas l’objet d’attentions particulières. Le citoyen urbain vivait en symbiose avec la nature. 

L’accroissement de la taille des villes, au cours du 19ème siècle, a provoqué l’augmentation du volume des flux qui les parcouraient ; il a produit un système de pensée dont l’objectif était de structurer ces flux pour mieux les maîtriser, puis de les enfouir pour en éviter les nuisances. Le développement des moyens de transport permettait de quérir les ressources à plus grande distance. L’eau devenue souterraine rendait invisible une grande partie de la biodiversité. La nature en ville était cantonnée dans des fonctions décorative et récréative. La biodiversité naturelle se nichait dans les parties inaccessibles de la ville. A l’opposé du courant hygiéniste et simultanément, le romantisme exaltait pourtant les valeurs de la Nature. 

Au 20ème siècle, le développement des métropoles, désormais industrialisées et mécanisées, a encore un peu plus éloigné l’habitant des villes, des campagnes qui les entouraient. 
Aujourd’hui, le besoin de nature, la nécessité de préserver la biodiversité, sont intégrées dans une prise de conscience environnementale plus large. Alors que la France s’est engagée dans le plan biodiversité 2010-2020 dans le cadre du protocole de Nagoya, le développement accéléré des écoquartiers est l’une des réponses visibles à cette nouvelle exigence sociétale. 

Le Ministère de l’Egalité des territoires et du Logement (METL), en partenariat avec la Caisse des Dépôts propose ainsi le deuxième opus des guides « écoquartiers ». Cet ouvrage a pour objectif de recenser les conditions, les acteurs, les initiatives et les outils qui permettent de renforcer les actions en faveur de la biodiversité dans les villes qui intègrent un écoquartier. La part importante qui est faite aux exemples et à leur illustration montre que les projets d’aménagement qui prennent en compte la biodiversité sont déjà nombreux et que leur mise en œuvre contribue à renforcer l’attractivité des territoires. Il s’agit d’une démarche essentielle, qui engage ces actions de long terme dans un contexte de ressources financières rares.

La production de ce guide va bien au-delà de l’objet final produit. Sa réalisation a été l’occasion de réunir, en séminaire, des acteurs majeurs de la biodiversité, autour de l’équipe AD4 du METL et de la Caisse des Dépôts. Sa diffusion devrait susciter de nouvelles idées, de nouveaux projets et d’autres débats féconds. 

Ont participé à cette étude Franck Faucheux et Bruno Bessis et Guillaume Bailey pour le METL, Louis Henry, Audrey Charluet, Anne-Laure Cattin et Guillemette Pincent pour la Caisse des dépôts, Olivier Bachelard du CETE de Lyon, Marc Barra et Gilles Lecuir (Natureparif), Julie Delcroix et Emmanuel Pion (WWF), Cécile Hanier (Eco Maires), Alexandre Henry (chercheur), Vincent Hulin (Mission économie de la biodiversité CDC), Bernard Aldebert pour sa rédaction et Jean-Claude Pattacini pour son illustration.

L’étude peut également être consultée sur le site extranet EcoQuartier
Utilisateur : ecoquartiers
Mot de passe : extr@eco
 

Témoignage :

Louis Henry, département politique de la ville et développement urbain de la Caisse des Dépôts

Pourquoi produire un guide sur la biodiversité spécialement dans les écoquartiers ?

Les écoquartiers sont les lieux qui médiatisent le mieux les aspirations environnementales de toutes les parties prenantes de la ville. Le terme « écoquartier » est en lui-même un mot d’ordre que se donnent les acteurs qui contribuent à le produire, mais aussi ceux qui font le choix d’y vivre.
Du point de vue de la biodiversité, l’écoquartier n’est pas un quartier à part mais un quartier de la ville à part entière. Les actions qui y sont entreprises ont un impact sur un périmètre beaucoup large.
Les écoquartiers ont un rôle « apprenant ». Ils agissent comme une greffe urbaine.

L’action en faveur de la biodiversité est-elle une priorité au moment où les ressources financières doivent être utilisées avec la plus grande efficacité?

Pour agir, il faut qu’une prise de conscience se soit produite. C’est le cas aujourd’hui. L’érosion de la biodiversité a atteint un niveau extrême : son rythme est 100 fois supérieur au rythme naturel de la disparition des espèces. Au rythme actuel, 25 à 50 % des espèces connues risquent d’avoir disparu d’ici à 2050. En effet, l’action de l’homme est presque toujours trop rapide pour que le rythme de la nature lui permette de s’y adapter.
Une action favorisant la biodiversité n’est pas d’abord un coût mais une anticipation, une attitude face au projet. L’écoquartier permet de restaurer la place de la nature en ville : proposer un habitat pour les espèces présentes, préserver les milieux existants, limiter l’exploitation des ressources, éviter de laisser le champ libre aux espèces invasives. Ces actions simples ne sont pas coûteuses.

Pourquoi la Caisse des Dépôts a-t-elle coproduit ce guide avec le METL ?

L’action en faveur de la biodiversité est une action de long terme et une action d’intérêt général qui répond à un besoin sociétal. Lorsqu’il s’agit de la mettre en œuvre en ville, il nous apparaît évident d’accompagner cette démarche innovante en tant qu’investisseur de long terme au service de l’intérêt général et du développement, et partie prenante de nombreux projets urbains.
La biodiversité apporte un bien-être qui renforce l’attractivité du territoire qui la porte. Elle est gage de pérennité des investissements et des prêts qui permettent de construire la ville.
Nous partageons ces convictions avec l’équipe en charge des écoquartiers au METL. Après « Ecoquartiers, l’art de conjuguer », ce guide est le deuxième de la collection que nous avons lancée ensemble.

Brèves

<U> Brève sur </U> : La campagne d’évaluation des EcoQuartiers labellisés vis-à vis des engagements Energie, Déchets, Eau.

Une campagne d’évaluation des EcoQuartiers labellisés va être lancée début 2014 pour des premiers résultats en 2015. Portant sur les engagements 17 (Energie), 18 (Déchets) et 19 (Eau) de la Charte, l’évaluation sera réalisée par les collectivités elles-mêmes avec, à leur disposition :

  • une méthodologie nationale élaborée et déployée sous la coordination du CSTB ;
  • l’accompagnement local de CEREMA, DREAL et DDT ;
  • un soutien économique au recueil des données.
    La méthodologie indiquera les indicateurs à utiliser, les modalités de recueil des données et d’analyse des résultats. L’objectif de la campagne est double. Au niveau national, elle permettra de structurer et de centraliser les résultats des évaluations pour des observations scientifiques et des valorisations dans des contextes nationaux et internationaux. Au niveau local, elle devrait inciter l’émergence ou l’évolution des pratiques d’évaluation des performances en phase de vie. L’analyse puis la capitalisation des résultats devraient permettre l’amélioration de conduite et programmation, conception, réalisation et gestion des EcoQuartiers.

<U> Brève sur </U> : Succès de la journée EcoQuartier à Saint Sylvain d’Anjou

Le 5 novembre dernier à Saint Sylvain d’Anjou, un centaine de personnes s’est retrouvée pour une journée d’échange sur les ÉcoQuartier organisée par la DDT 49.
Le préfet a souligné la nécessité de proposer de nouveaux logements qui puissent économiser les ressources foncières ou énergétiques. Les enjeux d’un urbanisme durable sont pris en compte dans les projets d’ÉcoQuartiers.
Le réaménagement du centre bourg de Saint Sylvain d’Anjou correspond bien à une telle démarche. Les facteurs indispensables pour réaliser ce type de projets sont les suivants :

  • proposer un cadre de vie agréable en ayant un projet de développement global 
  • s’entourer de collaborateurs compétents
  • associer les habitants
  • s’assurer que le projet correspond bien aux moyens de la collectivité et pratiquer une évaluation à chaque étape.

La démarche de labellisation a été présentée aux collectivités en les incitant à s’engager dans une démarche de ce type en collaboration avec les acteurs du territoire.

Retrouvez l’article sur le Site de la DDT 49

<U>Brève sur</U> : Mission de mobilisation des élus en Nouvelle Calédonie

A l’invitation du Haut Commissariat en Nouvelle-Calédonie était organisée du 7 au 15 octobre une mission en Nouvelle-Calédonie, conjointe entre AD4 et le CETE méditerranée, visant d’une part à mobiliser les élus du territoire sur le sujet de la ville durable et des ÉcoQuartiers. Cette mobilisation s’est faite dans le cadre d’une formation de deux jours sur la démarche de labellisation ÉcoQuartier, la présentation des 20 engagements et leur contextualisation à la Nouvelle-Calédonie, et d’une réunion de sensibilisation à la démarche, en présence des élus, des décideurs, de la presse écrite et radio locale. Malgré une multiplicité des acteurs (Haut-Commissariat, Gouvernement calédonien, Province Sud) et un contexte insulaire complexe, les élus se sont mobilisés sur le sujet et ont manifesté un vif intérêt pour la démarche EcoQuartier susceptible d’apporter des réponses concrètes et opérationnelles aux enjeux de leur territoire. D’autre part, la mission avait pour but d’accompagner la ville de Nouméa dans son projet d’ÉcoQuartier Sakamoto. Cette opération de grande qualité, ambitieuse et respectueuse de la culture et des modes de vie locaux, devrait pouvoir prétendre au diplôme "Engagé dans la labellisation" dès le second semestre 2014.

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