N° 37 - mars 2014 : "Qualité urbaine : quels labels?".
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau

« Bonjour,

« Trop de règles, trop de normes, trop de lois… » Voilà ce que l’on entend encore très souvent lors de nos rencontres avec les acteurs de terrain. Si les lois s’imposent à tous, les règles en matière d’aménagement qui régissent les EcoQuartiers sont celles du PLU, donc définies localement et espérons-le applicables. Et quant aux normes, soient elles sont dans la loi, soient elles sont volontaires… Donc finalement, outre l’obligation des lois, pourquoi tant de haine ? La vraie difficulté est la mise en application de ces textes, de leur compréhension, de leur articulation, du choix du bon outil. Un certain nombre de réponses à ces questions se trouvent dans l’ouvrage « Qualité urbaine : quels labels ? » du CERTU, membre à part entière du désormais CEREMA que nous présentions dans une lettre précédente.
Outre la présentation des différentes méthodes et outils à votre disposition, cet ouvrage insiste sur un leitmotiv de la démarche EcoQuartier : EVALUATION ! EVALUATION ! EVALUATION ! Les pratiques de l’aménagement en France doivent intégrer ce réflexe nécessaire à l’innovation et la qualité des projets. C’est là-dessus que nous avons voulu faire réagir Rebecca Pinheiro Croisel, chercheur à l’école des Mines.
Cette lettre fait aussi un retour sur des événements du Club EcoQuartier (Club Poitou-Charentes) … ou pas (Club des nouveaux Quartiers urbains de la région Ile de France ou la journée Parkatlantic à Angers), signe que les EcoQuartiers restent un sujet d’actualité !

bonne lecture ! »

Franck Faucheux
Bureau AD4 - DGALN

Point sur :

"Qualité urbaine : quels labels?"

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C’est à la demande des Maires de France que le Certu, intégré au CEREMA depuis janvier 2014, a organisé un atelier « Qualité urbaine : quel labels » lors de ses derniers « entretiens » en janvier 2012. En effet, élus et techniciens souhaitaient mieux connaître les processus de labellisation qui tendent à se multiplier, tant au plan international que national. L’objet de « l’essentiel » publié par le Certu est de situer cette question dans son contexte politique et technique, de préciser les notions employées (chartes, référentiels, critères, labels, normes) d’en identifier les enjeux et de recenser les principales distinctions qui attestent de la qualité urbaine d’une ville ou d’un quartier.

Un des principaux facteurs de confusion tient à l’usage d’un même outil, une grille de critères à renseigner, pour des produits de sortie sensiblement différents puisqu’ils peuvent être promus par des institutions publiques internationales (ONU, UE) ou nationales (État, associations de collectivités) ou bien procéder d’initiatives privées (ONG). Dans certains cas, les labels sont les instruments d’une politique publique, notamment dans le domaine de la protection du patrimoine urbain. Ces produits qui font l’objet de marques déposées, vont de la simple distinction honorifique à la norme technique internationale ISO. Par ailleurs ces reconnaissances consacrent ou un processus, ou un projet ou une réalisation. Enfin, le fait que ces produits, parfois concurrents entre eux, se composent de services similaires (communication évènementielle, animation de réseau, site web, assistance technique) rajoute à la confusion.

Ainsi, depuis la déclaration de Rio (1992), de nombreuses chartes de ville et de quartiers durables ont été adoptées, parmi elles, au plan international celle d’AAlborg (1998) et de Leipzig (2007) et au plan national celle des Écoquartiers (2012). Ces chartes se déclinent en référentiels qui prennent la forme de grilles de critères à respecter. Dans le même temps, les professionnels de l’aménagement ont construits des outils destinés à encadrer et valoriser les projets de développement urbain durable, parmi eux, au plan international les démarches LEED® for neighbourhoods (US 2009), BREEAM® for communities (GB 2012), HQE® aménagement (F 2011), Écoquartiers (F 2013). Malgré leurs différences, ces démarches convergent sur l’essentiel et sont reconnues par des labels.

Cependant, les labels pourraient, sans précautions, ouvrir la voie à une standardisation voire une normalisation contraires à l’esprit de ces chartes qui prennent en compte la diversité et la singularité des situations locales en se gardant bien de promouvoir un modèle de ville ou de quartier durables. À cet égard, l’ouvrage du CERTU, expose les termes de ce débat et les points de vue exprimés par les intervenants.
Au delà de ces processus de labellisation proprement dit, l’intérêt primordial des ces outils est de servir de support au débat local en mobilisant l’ensemble des acteurs de la ville au service de politiques urbaines intégrées. En ce sens, ces labels viennent en appui et reconnaissance de ces démarches de progrès et, par là, ils contribuent à l’amélioration de la qualité urbaine.
Retrouvez l’ouvrage sur le site du CERTU.

Témoignage :

Rebecca Pinheiro Croisel, Ingénieur des Systèmes Urbains Enseignant chercheur - MINES ParisTech

Comment un outil d’évaluation peut-il conduire à l’innovation ?

De quels outils parle-t-on ?

Depuis 2004, nous assistons en France à une accentuation de l’émergence des outils d’évaluation des opérations d’aménagement urbain dites « durables ». Il s’agit d’outils aux propriétés spécifiques – référentiels, démarches, chartes, check-lists – et avec des objectifs différents : assister à la conception, évaluer, certifier, comparer et classifier.

A quelles problématiques sont-ils en mesure de répondre ?

S’agissant des projets urbains « durables » toutes les caractéristiques du projet ne sont pas entièrement maîtrisées. Par exemple, qui ira absorber le surcoût des investissements en innovation ? Quelle sera la clé de répartition utilisée pour distribuer avec les locataires les investissements des travaux de rénovation thermique ? Comment amener les habitants à un changement de comportement, favorisant l’accroissement des performances écologiques d’un quartier ou d’un bâtiment ? Quels outils juridiques mobiliser pour assurer une ingénierie de conception concourante (non séquentielle) durant la programmation des projets urbains ? Comment valoriser sur un territoire les actions vertueuses des citoyens et des entreprises ?
Des projets innovants demandent des outils de gestion spécifiques. Ces outils ouverts, flexibles et adaptables favorisent la cohérence des processus de conception, de réalisation et la mise en fonctionnement des projets

Y-a-t-il des précautions à prendre lorsque l’on utilise ces outils d’évaluation ?
En termes d’outils d’évaluation, nous savons que leur utilisation est stratégique pour les projets d’urbanisme durable. Un outil d’évaluation mobilisé en phase amont d’un projet innovant peut rapidement prendre la place d’un outil d’aide à la conception. C’est à ce moment que toute « l’intelligence de l’outil » prend son élan. Si des thématiques, des indicateurs, des préconisations induites par le dispositif normalisent le projet en proposant des solutions clés en main, cela risque de produire une décontextualisation du projet. En termes d’urbanisme, c’est un danger réel car cela représente une dénaturation du quartier ou du projet d’aménagement.
Les outils de gestion – principalement d’aide à la conception et d’évaluation – doivent alors contenir des éléments qui favorisent l’émergence de l’innovation. Par exemple, au lieu de préconiser un réseau de chaleur sur un quartier, l’outil peut mesurer l’utilisation des gisements d’énergie locale pour aider à la décision. Afin d’éviter des réponses approximatives en termes de participation des usagers lors des processus de conception, un outil peut mesurer les éléments du projet qui ont fait l’objet d’une conception collective y compris avec les maîtres d’usage (la disposition des locaux poubelles, la réalisation d’un jardin potager, la disposition différenciée des pièces d’un appartement, etc.).

En conclusion, qu’est ce qu’un outil qui favorise l’innovation et la contextualisation ?
Un bon outil sera capable de favoriser non seulement l’implémentation d’une innovation déjà appliquée ailleurs, mais aussi la création de solutions (sociales, techniques, économiques et juridiques) nouvelles et adaptées à une réalité locale. Il s’agira ainsi d’une réponse effective aux crises globales.

Brèves

<U> Brève sur </U> : Première réunion du Club des Nouveaux Quartiers Urbains

A l’initiative de la Région Ile-de-France, en partenariat avec l’IAU Ile-de-France, la DRIEA Ile-de-France et l’ADEME, la première rencontre technique du Club des Nouveaux Quartiers Urbains s’est déroulée le 7 février dernier, réunissant près de 70 professionnels sur le thème des stratégies énergétiques dans les projets d’aménagement.
En introduction de la séance, Alain Amédro, Vice-président du conseil régional en charge de l’aménagement, a rappelé les enjeux de ces rencontres. La matinée de présentations, d’échanges et de réflexion s’est déroulée en trois temps. Après une première partie dédiée au cadrage méthodologique et aux objectifs de la séance, les deux exemples emblématiques des Portes d’Orly, de Chevilly-Larue et des Docks de Saint-Ouen ont permis de concrétiser les cheminements propres de ces NQU en matière de stratégie énergétique. Le dernier volet de cette matinée a été consacré à la présentation de nouveaux outils au service des stratégies énergétiques, tels que la SemEnergie Posit’IF, Solarvip, l’EnRChoix et l’AUE2, de l’ADEME. Enfin, le bailleur Paris Habitat a insisté sur le rôle central des usagers dans la mise en œuvre des stratégies énergétiques, condition pour en garantir sa réussite.

<U> Brève sur </U> : "Bilan de la journée Parkatlantic du 18 février à Angers sur les services rendus par la nature en ville "

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Cette journée, organisée en partenariat avec la ville d’Angers le 18 février dernier dans le cadre du projet européen INTERREG Parkatlantic, a réuni 110 professionnels et experts de différentes disciplines (chercheurs en écologie, gestionnaires, naturalistes, paysagistes, urbanistes, etc.). Ils ont partagé leurs expériences et leurs regards sur les services rendus par la nature en ville dans un projet de territoire.

Des études de cas françaises et européennes ont été présentées et ont ouvert les débats sur les méthodes, les outils disponibles suivant les objectifs et les échelles d’évaluation. Parmi ces outils, l’ouvrage "Les bienfaits du végétal en ville" réalisé par Plante & Cité et Val’hor dans le cadre de la Cité Verte a été présenté et remis à l’ensemble des participants.

Le compte rendu et les présentations de la journée sont téléchargeables sur le site Internet de Plante & Cité (rubrique journée technique/compte rendus)

<U>Brève sur</U> : « Dessine-moi un EcoQuartier » : les enseignements de l’Atelier « Ville et quartier durables »

La DREAL Poitou-Charentes, à l’occasion d’une animation du réseau régional EcoQuartier le 10 avril 2013, a proposé à une trentaine d’acteurs, de « mettre la main à la pâte » pour réaliser des maquettes d’un quartier durable. Bien au-delà de la recherche d’un quartier « idéal », cette rencontre a voulu prouver et éprouver les avantages et les résultats obtenus grâce à une stratégie de dialogue, de confrontations, de remises en questions.
L’aboutissement d’un EcoQuartier - que ce soit dans sa conception, dans sa réalisation, puis dans la vie du quartier- nécessite de favoriser la compréhension mutuelle, de construire une vision commune en associant habitants, élus, professionnels. L’amélioration de la qualité, la pertinence des solutions, une acceptation et une appropriation sociale du projet pourront alors être au rendez-vous. « Dessine-moi un EcoQuartier » qui retrace les travaux de cet atelier sous forme d’une brochure, s’efforce de donner des clés aux collectivités pour piloter leurs projets et accroître la participation citoyenne.
Contact : Francis Philbert, DREAL Poitou Charentes / SECLA / MVD
Accès à la brochure sur le site internet de la DREAL

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