Comment un outil d’évaluation peut-il conduire à l’innovation ?
De quels outils parle-t-on ?
Depuis 2004, nous assistons en France à une accentuation de l’émergence des outils d’évaluation des opérations d’aménagement urbain dites « durables ». Il s’agit d’outils aux propriétés spécifiques – référentiels, démarches, chartes, check-lists – et avec des objectifs différents : assister à la conception, évaluer, certifier, comparer et classifier.
A quelles problématiques sont-ils en mesure de répondre ?
S’agissant des projets urbains « durables » toutes les caractéristiques du projet ne sont pas entièrement maîtrisées. Par exemple, qui ira absorber le surcoût des investissements en innovation ? Quelle sera la clé de répartition utilisée pour distribuer avec les locataires les investissements des travaux de rénovation thermique ? Comment amener les habitants à un changement de comportement, favorisant l’accroissement des performances écologiques d’un quartier ou d’un bâtiment ? Quels outils juridiques mobiliser pour assurer une ingénierie de conception concourante (non séquentielle) durant la programmation des projets urbains ? Comment valoriser sur un territoire les actions vertueuses des citoyens et des entreprises ?
Des projets innovants demandent des outils de gestion spécifiques. Ces outils ouverts, flexibles et adaptables favorisent la cohérence des processus de conception, de réalisation et la mise en fonctionnement des projets
Y-a-t-il des précautions à prendre lorsque l’on utilise ces outils d’évaluation ?
En termes d’outils d’évaluation, nous savons que leur utilisation est stratégique pour les projets d’urbanisme durable. Un outil d’évaluation mobilisé en phase amont d’un projet innovant peut rapidement prendre la place d’un outil d’aide à la conception. C’est à ce moment que toute « l’intelligence de l’outil » prend son élan. Si des thématiques, des indicateurs, des préconisations induites par le dispositif normalisent le projet en proposant des solutions clés en main, cela risque de produire une décontextualisation du projet. En termes d’urbanisme, c’est un danger réel car cela représente une dénaturation du quartier ou du projet d’aménagement.
Les outils de gestion – principalement d’aide à la conception et d’évaluation – doivent alors contenir des éléments qui favorisent l’émergence de l’innovation. Par exemple, au lieu de préconiser un réseau de chaleur sur un quartier, l’outil peut mesurer l’utilisation des gisements d’énergie locale pour aider à la décision. Afin d’éviter des réponses approximatives en termes de participation des usagers lors des processus de conception, un outil peut mesurer les éléments du projet qui ont fait l’objet d’une conception collective y compris avec les maîtres d’usage (la disposition des locaux poubelles, la réalisation d’un jardin potager, la disposition différenciée des pièces d’un appartement, etc.).
En conclusion, qu’est ce qu’un outil qui favorise l’innovation et la contextualisation ?
Un bon outil sera capable de favoriser non seulement l’implémentation d’une innovation déjà appliquée ailleurs, mais aussi la création de solutions (sociales, techniques, économiques et juridiques) nouvelles et adaptées à une réalité locale. Il s’agira ainsi d’une réponse effective aux crises globales.