N° 45- mars 2015 : "EcoQuartier en milieu rural"
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau

« Bonjour,

Comme nous l’écrivions le mois dernier, l’année 2015 sera une année charnière à plusieurs titres. Tout d’abord avec la 3ème campagne de labellisation qui aujourd’hui bat son plein et confirme l’engouement toujours croissant des collectivités pour la démarche EcoQuartier et la mobilisation des services de l’Etat partout sur le territoire. Les nombreuses collectivités qui rejoignent le démarche en sont la meilleure preuve !
Ensuite, parce que, comme vous le lirez dans cette lettre, nous souhaitons continuer à faire progresser la démarche EcoQuartier pour rester au plus près des besoins des collectivités. Le mois dernier nous avions présenté les travaux et réflexions engagés dans les territoires ultra-marins pour adapter le référentiel EcoQuartier aux divers contextes d’outre-mer.
Ce mois ci nous présentons les réflexions engagées par le bureau AD4 avec le bureau d’études Batitrend sur la mise en oeuvre de la démarche EcoQuartier en milieu rural. Le constat est que l’appropriation de la démarche, pour diverses raisons exposées plus loin, n’est pas simple pour les collectivités en milieu rural malgré leur volonté d’inscrire leur territoire dans une vision durable.
Pour ces collectivités, dont les projets relèvent plus d’une stratégie de développement à l’échelle du territoire communal ou inter-communal que d’un quartier à proprement parler, il va falloir que nous développions des méthodes et des outils qui facilitent cette appropriation, en commençant peut-être par une contextualisation de la grille EcoQuartier. Ce travail est engagé et nous serons en mesure d’en présenter les résultats dans le courant de l’année.
Nous l’avons souvent dit ou écrit, la force de la démarche EcoQuartier repose en grande partie sur sa capacité d’adaptation à tous les contextes, à toutes les cultures, à toutes les histoires. D’autres réflexions devront suivre, notamment en France sur les quartiers historiques, mais peut-être aussi pour adapter le référentiel EcoQuartier à d’autres pays et d’autres villes qui, malgré des modes de vie ou des développements différents, veulent porter haut les valeurs de la ville durable. C’est aussi sur cette ouverture internationale que nous serons attendus en 2015. Tandis que l’année 2015 avancera, une nouvelle page des EcoQuartiers s’ouvrira avec la création attendue de l’Institut de la Ville Durable.
Enfin, 2015 s’achèvera sur la COP 21 avec la valorisation des premiers résultats de l’évaluation sur les engagements relatifs aux thématiques eau, énergie et déchets, et la présentation de la méthode nationale d’évaluation. Mais nous aurons le temps d’en reparler.

Bonne lecture ! »

Bruno Bessis
Bureau AD4 - DGALN

Point sur :

Développer l’urbanisme durable dans les territoires ruraux

Le 26 janvier dernier s’est tenue à Paris, hébergée par la Caisse des Dépôts et Consignations, une journée de conférence nationale sur l’urbanisme durable dans les territoires ruraux. La Fédération des Parcs Naturels Régionaux de France et le Ministère du Logement, de l’Égalité des Territoires et de la Ruralité, co-organisateurs, ont pu mettre en évidence les réalisations parfois exemplaires de certaines petites communes, mais aussi les difficultés, notamment dans les milieux ruraux en déprise démographique, liées à la défense de la qualité de leurs opérations d’aménagement et de leur projet de territoire. Sans attendre les actes de la journée qui seront produits prochainement, voici les principaux enseignements de cette journée très riche qui a réuni près de 80 participants.
Une étude réalisée par le bureau d’études Batitrend (format pdf - 1.4 Mo - 27/02/2015) sous commande de la DHUP, a permis de dresser un état des lieux des freins et leviers pour susciter l’adhésion et permettre l’engagement des communes rurales au label EcoQuartier. Elle est présentée ci-après par Audrey LeMarec, la consultante du Bureau d’Etudes Batitrend qui l’a réalisée, mais on peut tout de même retenir plusieurs choses. D’abord, que l’ÉcoQuartier en milieu rural ne doit et ne peut pas répondre à un modèle normatif. Il doit par contre proposer une innovation, une réflexion sur le mieux-vivre des habitants, et un usage tout autre de l’outil du lotissement. Dans ce cas, le milieu rural peut tout à fait porter de très belles opérations, et les freins sont davantage de l’ordre de la compréhension du label, et du défaut d’ingénierie locale pour les faire émerger. Un problème de surcoût est parfois évoqué, mais lié à ce que l’opération démarre trop souvent sur une opportunité foncière avec un coût élevé du terrain, en l’absence d’une politique de maîtrise foncière. Les intervenants rappellent qu’un ÉcoQuartier ne suppose pas nécessairement de surcoût, et permet même un bénéfice si l’on raisonne en coût global.
Par ailleurs, cette journée d’échanges a permis de mettre en évidence plusieurs convergences entre le label ÉcoQuartier et d’autres initiatives pour un aménagement durable rural. D’abord une convergence des ambitions des territoires ruraux et des territoires urbains, sur les modes de fonctionnement des projets d’aménagement et la qualité des projets. Si les territoires ruraux travaillent sur des volumes et des répartitions différents, ils ont les mêmes ambitions qualitatives que les grands projets urbains.
Ensuite, une convergence des diagnostics : une volonté de réaliser des projets partagés (habitants et acteurs économiques du territoire) ancrés dans le territoire (ses enjeux, son projet de développement local et ses formes urbaines). C’est dans ce cadre qu’a été présentée la démarche d’appel à manifestation d’intérêt Centre bourg, par Sandrine DRETZ du Ministère du Logement, de l’Égalité des Territoires et de la Ruralité.
Une autre convergence s’affirme sur les freins et les besoins : un fort besoin d’ingénierie et donc de moyen d’action dans le temps, comme l’a montré le Parc Naturel Régional du Livradois-Forez avec l’atelier d’urbanisme du Parc qui est antérieur à la démarche Ecoquartier et qui est manifestement une condition nécessaire de la réussite ou du démarrage des projets. Un besoin de temps également pour permettre une appropriation de cette approche par les porteurs de projet (le modèle de la maison individuelle en milieu de parcelle demeure très persistant dans les esprits de ceux qui souhaitent vivre en milieu rural).
On constate également une convergence sur les enjeux à venir : un besoin important de soutien aux initiatives associant sensibilisation et conseil (exemple de la démarche des Pyrénées ariégeoise), de soutien à l’émergence d’acteurs économiques et publics locaux capables de répondre à la demande de ces projets d’EcoQuartiers ruraux (entreprises et collectivité pour la partie sociale). Il y a donc là, comme l’a souligné Sandrine DRETZ, un vrai rôle à jouer pour le Nouveau Conseil au Territoire (format pdf - 209.9 ko - 27/02/2015) que le ministère met en place. Enfin, une convergence d’une évolution du cadre législatif et des ambitions environnementales vient renforcer cette logique d’ÉcoQuartiers ruraux : de la loi ALUR en passant par la future loi sur la transition énergétique pour la croissance verte, la réponse aux enjeux liés au bâti va dans le sens d’une intégration de la démarche ÉcoQuartier dans la boite à outils « aménagement durable » des territoires ruraux. En ce sens et pour illustration, les témoignages de Parcs présentés (Brenne, Pyrénées ariégeoises et Livradois Forez) concernent des territoires tous lauréats depuis de l’appel à projet TEPCV (territoires à énergie positive pour la croissance verte).

Télécharger la présentation de l’étude Batitrend sur les EQ ruraux (format pdf - 762.7 ko - 27/02/2015)

Témoignage :

Audrey LE MAREC, Consultante du Bureau d’Études Batitrend , qui a réalisé une étude pour le Ministère sur les ÉcoQuartiers en milieu Rural

Faire des ÉcoQuartiers en milieu rural : freins, leviers et perspectives

Vous avez réalisé une étude sur les besoins des territoires ruraux pour l’élaboration des projets d’EcoQuartiers. Pouvez-vous identifier des caractéristiques propres à ces EcoQuartiers ?

Cette étude visait à dresser, à partir d’un panel d’EcoQuartiers ruraux Hauts-Normands et Limousins à différents stades d’avancement, un état des lieux des motivations, freins et leviers, outils et process d’accompagnement à chaque étape clé pour favoriser la concrétisation des actions en cours et l’émergence de nouvelles initiatives.
On a pu observer que les projets partaient souvent d’une volonté de créer un lotissement écologique en continuité du bourg, visant au maintien et à l’accueil de populations. Les élus identifient clairement l’intérêt de penser ces projets globalement : qualité environnementale et paysagère, redynamisation des commerces et des services, valorisation de l’image de la commune. Pourtant certains peinent à intégrer l’ensemble des 20 engagements de la charte EcoQuartiers perçus comme complexes voire normatifs, trop urbains. Or ces questions – gouvernance, mobilité… - peuvent trouver des réponses simples et pragmatiques. Il faut démystifier la démarche pour que les territoires ruraux s’y projettent.

Quels sont les freins qui peuvent contrarier la réalisation de projets d’EcoQuartiers en territoire rural ?

Plus la démarche est intégrée en amont des opérations d’aménagement, notamment via les services déconcentrés de l’Etat et au travers des appels à projets EcoQuartier, plus elle facilite leur réalisation. Il est en effet difficile d’élargir les réflexions, la concertation, le partenariat, la recherche de financements ou d’investisseurs, pourtant gages de réussite, lorsque le projet est déjà bien mûri.
En phase de réalisation, nous avons identifié trois freins majeurs :

  • Les projets sont souvent portés par les communes, alors que la démarche EcoQuartier interroge de nombreuses compétences de ressort intercommunal (eau, déchets, transports, énergie…). Les communes rurales ne disposent pas des ressources nécessaires en interne et dans certaines régions, l’ingénierie extérieure n’est pas organisée pour intervenir sur ce type de démarche.
  • La maîtrise du foncier pose également problème. La plupart des actions sont déclenchées par des opportunités foncières, qui deviennent très coûteuses en l’absence de documents d’urbanisme permettant de préempter ou d’EPF[1] régionaux.
  • En zone « détendue », il est difficile d’attirer les investisseurs, bailleurs sociaux ou pavillonneurs. Cela oblige les collectivités à porter seules l’investissement et la commercialisation, ce pour quoi elles ne sont pas toujours outillées.

De cette étude, avez-vous pu identifier des pistes de progrès, des manières de lever les barrières rencontrées, et qui pourraient aider de petites collectivités désireuses de se lancer dans une démarche d’EcoQuartier ?

Nos conclusions font apparaître plusieurs pistes :

  • Une communication nationale déclinée aux enjeux et démarches EcoQuartiers en milieu rural, permettant une meilleure appropriation et un ajustement à leurs identités, forces et faiblesses.
  • Un renforcement de la boîte à outils existante en direction de ces territoires et traitant spécifiquement de leurs problématiques : diagnostic territorial, actions possibles, communication/commercialisation, jeux d’acteurs, financements…
  • La mise en réseau des acteurs de l’aménagement durable en zone rurale pour favoriser les échanges et la mutualisation des expériences, outils et partenariats.
    Afin d’initier la constitution de cette boîte à outils et de préfigurer l’instance d’échange et de réflexion dédiée, un travail de collecte des outils, études, modes d’animation et modules de formation développés par les DREAL et leurs partenaires vient d’être engagé.
     

    [1] Etablissement Public Foncier

Brèves

<U> Brève sur </U> : Retour sur le 10ème atelier EcoQuartier du Poitou-Charentes

Cet Atelier a eu lieu le 20 Novembre dernier sur le thème "Nature-Eau-Biodiversité dans nos bourgs et nos villes : qu’est ce à dire? qu’est ce à faire?".

Des élus, agents territoriaux, paysagiste de CAUE, anthropologue, agents de l’État, sont venus débattre pour répondre à l’aspiration des habitants à une qualité et un mode de vie plus durables, en introduisant la nature en milieu urbanisé et en faisant en sorte que demain ces habitants deviennent eux mêmes les cocréateurs et cogestionnaires de cette "Nature".

La paysagiste conseil de la DREAL, Hélène SIRIEYS a amené les participants à s’interroger sur ce que chacun comprend ou entend derrière ou sur le mot "NATURE". A l’issue des travaux, un VADE MECUM (format pdf - 330.6 ko - 27/02/2015) de 2 pages sur la prise en compte de la Nature dans une opération d’aménagement durable a été remis et commenté.

<U> Brève sur </U> :  : Retour sur la demi-journée du club EcoQuartier : "Promouvoir l’agriculture urbaine dans la ville durable"

La rencontre technique du Club EcoQuartier du 24 novembre 2014 organisée par le CEREMA en partenariat avec Natureparif a proposé de faire état de la diversité des formes d’agriculture urbaine qui s’inscrivent ou peuvent s’inscrire en complémentarité avec un projet d’EcoQuartier. Elle a réuni une centaine de personnes et a été suivie, le soir, par la cérémonie de remise des prix « Capitale de la Biodiversité 2015 ».
Si les projets les plus courants sont ceux de jardinages collectifs partagés ou familiaux, d’autres types d’actions sont possibles comme la valorisation des toitures de certains bâtiments (deux techniques sur substrat et en hydroponie sont présentées) ou le lien fait avec le secteur professionnel et avec une politique globale de la collectivité sur l’agriculture urbaine (maraîchage et restauration, agri-parc). Cette rencontre permet de faire le point sur ces différents types de projets en présentant des exemples concrets et les enjeux associés. Les différentes présentations sont disponibles à l’adresse ci-dessous.http://www.territoires-villes.cerema.fr/l-agriculture-urbaine-dans-la-ville-durable-a1406.html"

<U>Brève sur</U> : Retour sur les premières rencontres de l’aménagement opérationnel

Le 12 février 2015, Sylvia Pinel a introduit les premières rencontres de l’aménagement opérationnel.
La matinée a rassemblé environ 150 acteurs de l’ « acte d’aménager ». Il s’agissait essentiellement de représentants des collectivités locales, en tant que maîtrise d’ouvrage des projets d’aménagement, et de représentants d’aménageurs publics (établissements publics d’aménagement, société publiques locales d’aménagement), mixtes (SEM) ou privés (ICADE, Eiffage aménagement, Vinci aménagement, Bouygues…). Des acteurs du logement étaient également présents, ainsi que des bureaux d’études.
Les rencontres de l’aménagement opérationnel, largement ouvertes sur les enjeux opérationnels, urbanistiques et financiers d’un aménagement durable, sont destinées à capitaliser, échanger et diffuser les expériences et l’information, partager réflexions et propositions de simplification des réglementations, etc.
En insistant sur la nécessité d’avoir une démarche opérationnelle, la ministre a relevé l’innovation que représentait la démarche EcoQuartiers, et a affirmé vouloir « continuer à valoriser cette excellence dans les pratiques d’aménagement » et « que cette démarche exemplaire soit diffusée dans les pratiques de l’ensemble des aménageurs ». Elle a ainsi valorisé le « long travail collaboratif [mené par le ministère] avec les maîtrises d’ouvrages publiques, à travers le Club EcoQuartier »

Les rencontres de l’aménagement opérationnel ont pour ambition d’aller au-delà, en remettant les aménageurs au cœur de la réflexion sur les outils de l’urbanisme opérationnel et les pratiques de l’aménagement, grâce à un lieu d’échange, de débat, voire d’interpellation sur le métier même de l’aménagement.
Ces rencontres auront lieu 3 à 4 fois par an autour de thématiques particulières.

Liens :

  • l’article consacré à la journée du 12/02

http://www.territoires.gouv.fr/lancement-des-rencontres-de-l-amenagement-operationnel

  • le discours de la ministre

http://www.territoires.gouv.fr/discours-de-sylvia-pinel-lancement-du-club-des-amenageurs