Avec 18 ateliers locaux et près de 1000 participants pour le concours "Capitale française de la Biodiversité", l’édition 2019 a battu un record ! Organisés pendant la phase de candidature - close le 30 avril dernier - en partenariat avec les Régions, ils ont permis d’animer le débat sur le thème de l’année : "Climat : la nature source de solutions".
Les villes d’accueil avaient toutes les tailles, depuis la métropole de Toulouse jusqu’au village de Saint-Aubin du Cormier, en passant par La Roche-sur-Yon ou encore La Saline-Les-Bains à la Réunion et dans plusieurs communes et intercommunalités de Guadeloupe.
Diagonal s’est rendu sur place, pour suivre l’atelier de Clermont-Ferrand organisé au CNFPT le 28 mars dernier.
"On a rien inventé de mieux que la nature…
… pour stocker et réguler les phénomènes climatiques" , lance Marc Barra, ingénieur écologue à l’agence régionale pour la biodiversité en Ile-de-France. D’après l’INRA, une prairie ou un boisement stockent 70 tonnes de carbone à l’hectare, contre 43 seulement pour une monoculture agricole. Il rappelle que les solutions fondées sur la nature, au sens de l’UICN, visent prioritairement la préservation des milieux, la meilleure gestion des espaces de nature, et la restauration des écosystèmes. En ville, elles permettent de mieux gérer les crues, comme avec la zone d’expansion des Prairies-saint-Martin à Rennes. De mieux gérer l’eau pluviale, comme avec la désimperméabilisation et les noues végétalisées à Saint-Rémy-en-Comté, ou avec des toitures végétalisées, à l’instar de l’école des Boutours à Rosny-Sous-Bois. De lutter contre l’îlot de chaleur urbain, de réguler biologiquement certaines espèces non désirées comme le moustique, ou encore d’améliorer la fertilité des sols. Un panorama de solutions où convergent l’intérêt des humains et des non-humains !
Erosion, je te haie !
D’après Sylvie Monnier, directrice de la mission Haies à la région Auvergne-Rhône-Alpes, "l’érosion des sols de grandes cultures représente en moyenne 80 tonnes par hectare et par an". A Billom, suite au remembrement de 2000 et en raison des grandes parcelles mises en culture (30ha en moyenne), des coulées de boues ont envahi des maisons neuves d’un lotissement situé en contrebas. Le ruissellement induit aussi régulièrement des effondrements de talus, avec un coût moyen de 2000€ pour 50 m linéaires. Face à ces dommages coûteux, une solution simple : la haie. "Elle freine le ruissellement, permet l’infiltration, et bloque les particules issues de l’érosion", précise Sylvie Monnier. Mais la mise en œuvre d’une haie suppose un dialogue serré avec les agriculteurs pour les planter, et avec les services municipaux pour leur entretien. Une solution efficace, mais "résultat d’un compromis social local qui s’obtient par la concertation et un suivi constant", conclut-elle.
Zoom sur la zone humide du parc du Cérey à Riom
Depuis le ponton d’observation, s’étend sur un hectare une zone humide ponctuée de fossés enherbés et gorgés d’eau. Sur fond de chant de grenouilles vertes, elle constitue un espace naturel au cœur du parc urbain du Cérey, proche du centre de Riom, dans l’agglomération de Clermont-Ferrand. Initialement dédié à un programme de logement, puis à une aire de jeu inondable, le site a finalement été consacré à la biodiversité. "Les mares ont été creusées avec la participation des agents de la ville", précise Caroline Montel, directrice des services techniques de la ville. Un diagnostic écologique préalable a été confié par convention au conservatoire d’espace naturel (CEN) Auvergne. Romain Legrand, responsable du projet au sein du CEN, se réjouit de ce qu’ "après un an de laisser-faire, le site révèle une sorte de pré-salé qui accueille de nombreuses plantes rares liées aux milieux saumâtres". Un plan de gestion est en place depuis 2012, avec un suivi naturaliste annuel confié au CEN. Ce partenariat réussi devrait engendrer un projet de plus grande envergure. L’extension de la zone humide est prévue sur la partie en friche qui sépare le parc du centre-ville. Dans cette zone de 7 ha classée N lors de la révision du PLU en 2017, la ville dispose de la propriété foncière. Une convention de gestion pourrait être confiée au CEN, avec commande d’une esquisse d’aménagement. Des cheminements permettraient de franchir l’actuelle coupure avec le centre, et offriraient des vues d’exception pour les touristes de passage. En dehors des cheminements, le site conserverait le statut de milieu naturel. "Ne manque plus que le feu vert politique pour engager le projet", conclut Caroline Montel.
Et ce n’est pas tout …
Le CEREMA, partenaire du concours, a pu rappeler le rôle des milieux humides et leurs bénéfices pour la ville. Ou encore le développement de la nature en ville dans les projets d’ÉcoQuartiers labellisés par le ministère en charge du logement. La région a également présenté ses outils, et rappelé que "les solutions fondées sur la nature sont souvent moins coûteuses et réversibles, mieux adaptées à l’incertitude, et aux autres enjeux comme la santé avec les allergies". L’intégralité des interventions, comme celles de l’ensemble des 18 ateliers de l’édition 2019, sont en ligne sur le site internet du concours.
Florent Chappel