L’objectif de la conférence ( COP16 et COP/MOP6) en arrivant à Cancun était clair pour tous les pays : s’entendre sur un paquet de décisions concrètes et équilibrées , afin que le résultat de celle-ci serve de tremplin pour un nouvel accord international sur le climat . Cet équilibre devant se retrouver entre les 2 voies de négociation , à savoir celle du Protocole de Kyoto (AWG KP) et celle de la coopération à long terme dans le cadre de la Convention Climat ( AWGLCA) , ainsi qu’entre les éléments du Plan d’Action de Bali qui avait listé en 2007 les sujets clés sur lesquels devra se reposer le nouvel accord (réduction des émissions, adaptation, financement et technologie) .
Les accords de Cancun , reflet de cinq années de travail, ont donc ancré l’Accord de Copenhague dans des décisions onusiennes et ont lancé le début de la mise en œuvre d’ éléments opérationnels. Ils comprennent la décision sur le résultat des travaux de l’AWG LCA, la décision sur le résultat des travaux entrepris par l’AWG KP et les 23 décisions des organes subsidiaires de la Convention ( SBI et SBSTA) telles que celles de l’éligibilité de la capture et du stockage du carbone au MDP ou celle du renforcement de la participation des observateurs dans les négociations.
Plutôt que de chercher à tout définir à l’échelle internationale,ces accords se sont focalisés sur la mise en place d’outils concrets encourageant les actions de lutte contre le changement climatique, à savoir :
- une limitation du réchauffement en dessous de 2°C, comme vision partagée , avec une clause de rendez-vous en 2013-2015, et la décision de travailler sur la fixation d’une date pour le pic des émissions.
- un arrangement pour enregistrer les objectifs et les actions des pays développés et des pays en développement, avec un système de suivi et de contrôle par les pairs.
- la mise en place de mécanismes pour soutenir la mise en œuvre des actions des pays en développement : un nouveau fonds financier vert pour le climat ; un registre pour reconnaître les actions ; un système de suivi et de contrôle (« MRV » et « ICA ») pour assurer la transparence ; un cadre d’action pour la mise en œuvre de l’adaptation ; un mécanisme pour les technologies ; un mécanisme pour REDD+ contre la déforestation .
Ces accords , qui sont le reflet de cinq années de travail , laissent toutefois ouverts de nombreux détails importants , mais ont recueilli le soutien des 194 Parties de la Convention , à l’exception de la Bolivie . Des soumissions sur plus de 20 sujets devront être envoyées par les Parties avant la fin du premier trimestre 2011. C’est pourquoi la France compte s’investir pleinement dans les sujets à développer en 2011 en vue de la conférence d’ Afrique du sud en fin d’année, à savoir en particulier :
- le système MRV dont les lignes directrices restent à élaborer sous la Convention
- l’élaboration du Fonds vert par le comité transitoire ad’ hoc
- la poursuite du travail de réflexion sur les sources de financement, à travers notamment la présidence française du G20, en incluant dans la réflexion la taxe sur les transactions financières et les autres pistes complémentaires examinées dans le rapport du Panel,
l’avenir du protocole de Kyoto
La France poursuivra et valorisera les partenariats lancés en 2010 sur les forêts (REDD+), qu’elle co-présidera avec le Brésil au premier semestre 2011 et sur l’accès à l’énergie dans les pays vulnérables en organisant avec le Kenya à Paris courant avril.
De même les travaux au niveau européen seront tout aussi importants . L’Union qui sera en première ligne sur le sujet du niveau d’ambition en 2011, avec la question du passage de l’objectif européen de -20% à -30%, s’efforcera de relever le niveau mondial des objectifs de réduction, en phase avec celui recommandé par le GIEC (15 à 30% de déviation des émissions des pays en développement en 2020 par rapport à la tendance et 25 à 40% de réduction des émissions des pays développés en 2020 par rapport à 1990) . Elle devra également maintenir une pression sur le devenir du Protocole de Kyoto et ce afin de permettre aux négociations de se poursuivre dans un esprit constructif . Elle travaillera à la mise en place des institutions prévues par les Accords de Cancun ( 3 comités pour : l’adaptation, les technologies et les finances). Elle souhaite la présence d’un maximum d’européens dans ces comités, notamment celui du comité transitoire ad hoc de création du Fonds, pour lequel la France a déjà fait une proposition de candidat .