Le sommet extraordinaire sur le climat organisé à New York par le secrétaire général des Nations unies destiné à porter les négociations internationales jusqu’à la Conférence de Paris en 2015 est un succès en termes de mobilisation politique, économique et citoyenne. Les déclarations prononcées lors de ce sommet ont fait émerger une vision globale à long terme. Ce sommet a également permis à la France d’afficher son leadership en étant très visible lors de l’ensemble du sommet et en affichant sa solidarité avec le Pérou, pays hôte de la conférence fin 2014.
Les 120 chefs d’État et de gouvernement, aussi nombreux qu’à Copenhague, qui ont pris part au sommet, ont montré qu’ils prenaient très au sérieux l’échéance clef de 2015. Ils se sont notamment engagés sur la rédaction d’un projet de texte de l’accord 2015 dès la COP-20. Les États-Unis et la Chine, sans lesquels aucun accord ne pourrait être utile, ont confirmé leur responsabilité et leur engagement. Le président Obama a fait un discours très allant en soulignant son engagement envers un accord universel à Paris en reconnaissant la « responsabilité » de son propre pays dans le problème du réchauffement et en confirmant que les États-Unis présenteraient leur objectif de réduction des émissions début 2015. Le vice-Premier ministre chinois a engagé la Chine, en soulignant notamment sa détermination à « remplir ses obligations internationales en tant que pays majeur responsable », mais en appelant au respect du principe de responsabilité commune mais différenciée. Il a également annoncé pour la première fois l’intention de la Chine de non seulement réduire fortement l’intensité carbone de sa production, mais aussi de diminuer « le plus tôt possible » le volume absolu de ses émissions. Le président Barroso a rappelé l’engagement européen d’une réduction de 40 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) afin de rester sur la trajectoire d’une réduction de 80 à 95% d’ici à 2050. L’union est également décidée à dépenser 20 % de son budget 2014-2020 pour des efforts de réduction des émissions. Les pays en développement et notamment les pays les moins avancés ont fait comprendre qu’ils n’entendaient pas être de simples victimes en rappelant qu’ils avaient aussi un rôle à jouer. Plusieurs de ces pays comme l’Éthiopie, l’Équateur ou le Costa Rica ont fait savoir qu’ils avaient engagé des politiques de transformation de leur système énergétique tendant vers 100 % d’énergies renouvelables, et cela souvent sans aide financière extérieure.
Le Fonds vert climat, une composante centrale des négociations pour un futur accord sur le climat d’ici 2015 à Paris verra sa capitalisation initiale rendue effective avant fin 2014. L’annonce française d’abonder ce fonds à hauteur d’un milliard de dollars d’ici 2018 a été de loin, la plus importante contribution annoncée lors du sommet. L’Allemagne participera également pour un milliard de dollars au cours des quatre prochaines années et la Norvège apportera 500 millions de dollars par an d’ici 2020.
Ce sommet a également réuni officiellement plus de 800 participants non gouvernementaux représentants des collectivités, du secteur privé et financier, de l’environnement. Tous ont été à l’origine de très nombreuses initiatives donnant ainsi corps à l’Agenda positif voulu par le Secrétaire général des Nations unies.
Dans les secteurs financier et économique, plus de 70 États et plus de 1000 grandes entreprises ont souscrit à la lettre de la Banque mondiale en faveur d’un prix du carbone. Une trentaine de grandes entreprises dont plusieurs d’origine française ont rejoint la Carbon Pricing Leadership Coalition qui leur impose d’intégrer un prix du carbone implicite dans leur calcul des risques de leurs investissements. À noter également l’engagement de plusieurs investisseurs institutionnels, à « décarboner » 100 milliards de dollars d’investissement et à évaluer l’impact carbone de 500 milliards de dollars de leur portefeuille. Les banques commerciales se sont engagées à émettre 30 milliards d’obligations vertes pour le financement climat.
Les villes ressortent désormais de ce sommet comme des acteurs essentiels. Le Compact of Mayors engage les maires de 2000 villes, dont celle de Paris, à évaluer le respect de leurs engagements en matière de réduction des émissions. La Cities Climate Finance Leadership Alliance facilitera les flux d’investissements dans les activités et infrastructures bas carbone des villes.
Les secteurs de la forêt et de l’agriculture ne sont pas en reste. La « déclaration de New York sur les forêts » se propose de réduire de moitié le rythme de la déforestation d’ici 2030. L’alliance pour une agriculture intelligente a été également lancée : regroupant 16 pays, dont la France, et 37 organisations agricoles, elle vise à promouvoir les bonnes pratiques susceptibles de concilier efficacité agricole et réduction des émissions de gaz à effet de serre. Des initiatives concrètes ont également été lancées dans le secteur des énergies renouvelables, avec notamment celle du « couloir africain d’énergie propre ». Cinq initiatives sectorielles traitent de l’efficacité énergétique. Le sommet a également joué un rôle catalytique pour le secteur du transport, qui a lancé pour la première fois trois initiatives dans le domaine du rail, des transports collectifs et de la mobilité électrique.
New York est donc un pari réussi pour le Secrétaire général des Nations unies : le mouvement est enclenché pour Paris 2015, la société est prête et le monde économique aussi. Mais certaines difficultés devront encore être dépassées par les présidences péruvienne et française. À travers ses quatre interventions devant les chefs d’État et de gouvernement, le président François Hollande a clairement exposé l’enjeu de la COP21 : « Paris doit être le point de départ d’un nouveau développement pour le monde ». La COP21 devra voir éclore des engagements supplémentaires de la part des États et identifier le bon lien entre toutes les initiatives non étatiques et les accords gouvernementaux. La future présidence française aura certes une haute ambition, mais devra aussi convaincre tous de sa volonté de jouer l’arbitre neutre, de garantir un processus transparent et inclusif afin que toutes les parties prenantes puissent s’approprier l’accord, individuellement ou collectivement. C’est pour cela que cet accord devra s’inscrire dans un système universel, dynamique et évolutif.
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