Plusieurs rencontres à haut niveau ont précédé la reprise des négociations officielles de cette semaine à Bangkok . Chacune à sa façon essayant d’apporter de nouveaux messages ou solutions de la part des principaux grands pays, à moins de 3 mois de la conférence de Copenhague . On retiendra principalement deux avancées : l’engagement de ces États sur le financement climatique et la manière dont les engagements de réduction des pays du Nord et les Plans climat des pays du Sud seront référencés dans le futur accord international
Sommet Climat des Nations unies , New York
Les huit chefs d’état ou de gouvernement, dont le Président de la république française , qui ont pris la parole , ont manifesté leur volonté de débloquer la négociation et souvent avancé des propositions concrétés .
Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-Moon, a insisté sur la nécessité de parvenir à un accord à Copenhague, incluant la forêt et les transports. Il a appelé l’ensemble des pays à développer des stratégies bas carbone et a souligné le potentiel de développement économique associé à la croissance verte. Nicolas Sarkozy. Après avoir rappelé l’urgence à agir « nous sommes la dernière génération à pouvoir [le faire] », le Président a déclaré qu’il ne saurait y avoir d’accord à Copenhague sans reconnaissance d’un objectif de réduction global de long terme des émissions : – 50% à l’horizon 2050, assorti d’un engagement sur la même période de – 80% par les pays développés. Il a également appelé les pays émergents à réduire la croissance de leurs émissions « soyez-vous mêmes au rendez-vous » en s’appuyant sur la nécessaire aide financière et technologique des pays du Nord.
La France : des engagements réciproques
La France a soutenu en particulier la proposition de contribution universelle formulée par le Mexique et a mentionné les récentes estimations de la Commission sur le montant prévisionnel des besoins associés à la lutte contre le changement climatique et ses effets (100 Mds d’euros par an à l’horizon 2020). Elle a également souhaité la mise en place d’une initiative dédiée pour développer l’accès à l’énergie en Afrique. Par ailleurs, des propositions sur le traitement de la question forestière seront faites avec le Brésil et le Congo. La question de la création d’une organisation mondiale de l’environnement unique, chargée notamment de la mise en œuvre du futur accord de Copenhague, et la tenue à la mi-novembre d’une rencontre des chefs d’État des principales économies, a été soulevé. Enfin, la France a rappelé qu’aucun partenaire ne devait s’exonérer de sa part d’effort ; si tel devrait être le cas, l’Union européenne serait tenue de mettre en place une taxe carbone à ses frontières.
L’ Europe : l’enjeu décisif de l’aide financière
La présidence suédoise a salué l’engagement du G8 sur un objectif de limitation de la hausse des températures à 2°C, mais a rappelé que les exigences, notamment européennes, allaient bien au-delà (engagement unilatéral de l’Union européenne de réduction de 20% de ses émission d’ici 2020).Conscient de l’enjeu financier des négociations , le premier ministre suédois a relevé que selon la Commission , 5 à 7 milliards d’euros par an au cours des deux prochaines années étaient nécessaires .
Le Japon : un engagement d’objectif et une aide aux pays en développement
Le nouveau Premier ministre japonais, M. Hatoyama a confirmé l’engagement du Japon de se fixer un objectif de moyen terme de réduction de 25% de ses émissions en 2020, par rapport à 1990. Il a appelé l’ensemble des économies majeures à se fixer des objectifs ambitieux de réduction, soulignant les enjeux en termes de compétitivité internationale . Il a aussi proposé un mécanisme d’aide aux pays en développement , avec la création d’un fonds d’aide privé et privé sous l’égide des Nations unies , et transferts de technologie tout en respectant la propriété intellectuelle .
Les États unis : une rhétorique forte
Après avoir appelé à une action volontariste contre le changement climatique « we can reverse it » (nous pouvons l’inverser), M. Obama a rappelé les différentes mesures internes adoptées depuis son investiture pour promouvoir les technologies bas carbone, et de manière plus générale, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Il a rappelé qu’en tout état de cause les grands émetteurs devaient agir ensemble et que l’accord recherché ne devait pas simplement limiter les émissions de gaz à effet de serre mais également garantir la prospérité de tous. Dans cette perspective, les transferts de technologie ont un rôle majeur à jouer.
La Chine : montrer que le pays agit contre le changement climatique
Le président chinois a surtout insisté sur la dimension « double win » de la lutte contre le changement climatique. Il a fait part d’un objectif chinois d’« inflexion » des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2020, par rapport à 2005. Et fixé un objectif de 15% d’énergie renouvelable et de nucléaire dans la consommation d’énergie du pays en 2020 et prévoit d’accroitre la superficie de le forêt chinoise de 40 millions d’hectares .Mais le soutien des pays développés reste une condition à ces efforts .
L’Afrique : un rapprochement avec les pays du Nord
Les pays africains par la voix du président rwandais, Paul Kagamé, ont accepté la logique de présentation de projets , en échange de soutien des pays du Nord, réduisant ainsi la fracture Nord Sud des négociations et en pointant l’impérieuse nécessité de la survie de la planète. Il a défendu l’idée de l’extension du marché du carbone , qui pourrait selon lui atteindre la somme de mille milliards de dollars pour dégager des moyens pour l’Afrique .
Washington : réunion du MEF
Série de réunions initiées par les États-unis, qui rassemble les États principaux émetteurs de gaz à effet de serre (80% des émissions mondiales), le MEF a pour but de favoriser une entente sur un régime post-2012. Lors de la dernière rencontre à Washington, les 17 économies principales ont aplani leurs divergences sur les moyens de réduire les émissions de gaz carbonique, confirmant ainsi une volonté de travailler ensemble à la recherche d’une solution. Il y a eu un débat ouvert et franc sur plusieurs éléments clés de l’accord de Copenhague, notamment le système de mesure, de communication et de vérification. L’Australie a émis une nouvelle idée, celle du « schedule » (ou panier) : chaque pays se verrait octroyer un panier d’objectifs et d’engagements contraignants, en annexe d’un accord à Copenhague. Pour plusieurs participants, cette idée aurait le mérite de débloquer les négociations et surtout d’offrir à chaque pays le moyen de progresser, quel que soit l’état actuel de son engagement.
Enfin, l’idée de registres a progressé. Ces derniers doivent permettre de suivre et d’encourager les actions prises par les pays en développement. Afin de valoriser et partager les solutions techniques, des partenariats globaux sur des secteurs spécifiques seront pilotés par un ou deux pays. Le ministre d’État, Jean-Louis Borloo, a confirmé l’intérêt de la France à rejoindre les groupes sur le bâtiment et les véhicules et a exprimé le souhait de voir créer un groupe sur les énergies marines. Il a également souligné l’importance de lutter contre la pauvreté énergétique – un point repris par plusieurs délégations.
Pittsburg sommet du G20
« Éliminer progressivement et rationaliser à moyen terme les subventions inefficaces aux combustibles fossiles, tout en apportant une aide ciblée aux plus démunis » : cet engagement figure dans la déclaration finale adoptée par les États membres du G20, . « Les subventions inefficaces aux combustibles fossiles encouragent le gaspillage, entravent notre sécurité énergétique, les investissements dans les sources d’énergie propre ainsi que nos efforts pour lutter contre les changements climatiques », poursuit la déclaration. La proposition du G20 reprend les analyses de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) publiée dans un ouvrage récent . les ministres des finances et de l’énergie du G20 doivent élaborer des calendriers et des stratégies pour atteindre cet objectif, et un bilan d’étape sera présenté lors du prochain somment du G20 par les chefs d’Etat et de gouvernement l’an prochain au Canada. Sur le volet financier du climat , le G20 a confié à la réunion de ses ministres des Finances en novembre le soin de lui présenter « une série d’options possibles » pour aider les pays les plus vulnérables à financer la lutte contre le réchauffement climatique.