Même si ces négociations n’ont duré que 3 jours, elles ont été particulièrement intenses pour les 1700 experts réunis à Bonn du 9 au 11 avril. C’était en effet la première fois que les 194 parties de la Convention des Nations unies sur le Climat se retrouvaient depuis la conférence de Copenhague, qui avait abouti à la négociation de l’accord de Copenhague qui recueille désormais le soutien de plus de 120 pays.
La réunion de Bonn se devait de restaurer un bon niveau de confiance entre tous les pays et clarifier l’organisation de travaux pour l’année 2010 et contribuer à préparer la prochaine réunion annuelle de la Convention, prévue du 29 novembre au 10 décembre prochains au Mexique.
La délégation française a travaillé sans relâche pour faire valoir l’importance d’intégrer l’accord de Copenhague dans un processus de négociation renouvelée en 2010 afin d’éviter les erreurs de Copenhague et aboutir à l’adoption d’un jeu de décisions opérationnelles à Cancún.
Si ces objectifs à court terme ont été atteints à Bonn, force est de constater que des doutes importants demeurent sur la capacité du processus onusien à éviter le blocage et parvenir aux résultats voulus à Cancún.
Le sujet principal de cette session portait en effet sur le choix des textes de référence qui serviront de base à la reprise de la négociation en vue de préparer la conférence du Mexique. Le point majeur de divergence était celui de l’insertion de l’accord de Copenhague parmi ces textes et de l’élaboration d’un mandat pour la présidence du groupe de travail de la Convention (AWG-LCA) afin qu’elle produise un nouveau texte de négociation. Plusieurs pays qui n’avaient pas participé à l’élaboration de l’accord de Copenhague (notamment la Bolivie et le Venezuela) ont maintenu leur refus de reconnaître le statut du texte ; plus inquiétant, plusieurs pays comme la Chine qui se sont associés à l’accord ont maintenu une position peu favorable.
Le texte de compromis final donne un mandat à la présidente zimbabwéenne des du groupe AWG-LCA (Margaret Mukahanana) pour proposer un nouveau texte d’ici la mi-mai s’appuyant sur les textes actuels et sur « l’ensemble des travaux de Copenhague », ce terme permettant de recouvrir à la fois les textes techniques de négociation et l’accord politique de Copenhague – interprétation confirmée oralement en plénière par la présidente du groupe. La France à lutté pour que l’Union européenne – tout comme les Etats-Unis – reste très ferme sur cette inclusion de l’accord de Copenhague dans le nouveau texte de négociation. Par ailleurs, les parties pourront proposer de nouveaux éléments par à la Présidente du groupe d’ici le mois de juin.
Concernant le groupe de travail du Protocole de Kyoto ( AWG KP) , les pays en développement ont exercé une grande pression pour que les travaux soient prioritairement axés sur les objectifs chiffrés d’atténuation des pays développés au titre de leurs engagements au sein du protocole de Kyoto. La conclusion finale reconduit le programme de travail adopté en 2009 et mandate le président du groupe à se concerter avec la présidente du groupe AWG-LCA.
Sur le fond, l’Union européenne est intervenue pour confirmer l’objectif d’un accord contraignant post 2012, tout en reconnaissant l’importance cruciale de la « voie » Kyoto.
Le Mexique qui présidera la conférence de Cancún a insisté à plusieurs reprises sur le nécessaire renouvellement du processus de négociation qui ne reflète pas toutes les bonnes pratiques des Nations Unies. Force est de constater que plusieurs délégués ne semblaient pas convaincus de la nécessité de changer la façon de fonctionner de la Convention. A cet égard, il convient de souligner que la réussite de Cancún n’est pas encore acquise et dépendra sans doute en grande partie de l’apport de processus politiques informels pour donner de direction aux négociateurs. A cet égard, la conférence ministérielle de Petersberg en Allemagne du 2 au 4 mai qui devra réunir les ministres d’une quarantaine de pays à l’invitation de la chancelière Merkel et du président Calderón devra jouer un rôle clé. Se tiendront également d’ici la prochaine session de Bonn en juin le Forum des Economies majeures sur l’énergie et le climat à Washington du 19 au 20 avril, et la Conférence Mondiale des peuples sur le changement climatique à Cochabamba du 20 et 22 avril.