Cinq mois après la conférence de Durban, la plus longue dans l’histoire des négociations sur le climat mais aussi la plus fondatrice pour l’obtention d’un accord international ambitieux sur le climat, la session de Bonn en mai en Allemagne vient de s’achever sur un bilan mitigé. Ces négociations sous l’égide de la CCNUCC se sont toutefois achevées par l’adoption de l’ordre du jour du nouveau groupe de travail sous la plateforme de Durban (ADP) et la nomination de présidents tournants à sa tête. Ces travaux devront aboutir à la conclusion d’un accord universel (liant tous les grands pays émetteurs de gaz à effet de serre) en 2015, avec une entrée en vigueur prévue au plus tard en 2020. Les travaux à Bonn se sont également poursuivi aux sein des groupes de travail existants sous la Convention et sous le Protocole.
Les raisons de blocage.
Les blocages rencontrés à Bonn s’expliquent surtout par trois raisons :
les zones d’ombre de l’accord de Durban sur ce que doit être le nouveau groupe de travail ADP
le traditionnel mouvement de balancier de la négociation sur le changement climatique : après chaque avancée majeure (cf. Durban) qui implique des compromis difficiles, les pays se raidissent et se retranchent derrière des positions plus intransigeantes.
l’émergence de nouvelles coalitions de pays principalement au sein du G77 (ensemble des pays en développement), qui apparaît de plus en plus divisé : les pays « progressistes » ou bien au contraire les pays revendicatifs (Chine, Inde, Arabie saoudite, Égypte, ….)
Les principaux résultats
- Un programme de travail qui confirme les accords de Durban : les Parties ont finalement pu se mettre d’accord sur un ordre du jour qui devra guider les travaux de l’ADP jusqu’à la fin de l’année à Doha, pour la prochaine conférence ministérielle. Celui ci confirme la mise en œuvre de tous les éléments des accords de Durban, obtenus entre autres grâce à la ténacité de l’Union européenne, à travers deux axes : le programme de travail sur le niveau d’ambition pour réduire les émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020, et la négociation du futur accord pour l’après 2020.
- Un co-présidence ADP tournante : un consensus a réussi à se dégager le dernier jour entre les groupes régionaux sur une répartition équilibrée de la présidence du groupe de travail ADP jusqu’en 2015.
- à la place de l’organisation classique d’un président, vice-président et rapporteur, l’accord prévoit deux co-présidents et un rapporteur,
- les co-présidents seront l’un de l’annexe I, l’un hors annexe I, et le poste non annexe I sera assuré successivement jusqu’en 2015 par les groupes Asie, Amérique latine et Afrique,
- jusqu’en juin 2013 les co-présidences seront assurées par l’ Inde (JM. Mauskar) et la Norvège (H. Dovland) et le poste de rapporteur par la Russie (M. Shamanov),
- de juin 2013 en fin 2014 la co-présidence non-annexe I sera Trinidad et Tobago (K. Kumarsingh) avec un co-président annexe I,
durant 2015, la co-présidence non annexe I reviendra à l’Afrique.
- Des échanges constructifs mais qui doivent se poursuivre sur les règles d’application de la seconde période du Protocole de Kyoto (durée d’engagement, report des UQA …)
- Des négociations techniques en progrès sur un grand nombre de sujets notamment sur les aides en faveur des pays en développement (adaptation, communication d’informations, transferts de technologies, …). Un prototype de registre mettant en phase les besoins des plans climat des pays en développement avec les aides des pays développés a été présenté.
- Une meilleure compréhension des actions et des positions de chacun sur des nouveaux sujets : équité, impact des mesures de riposte …
La préparation de la conférence ministérielle de Doha
Même si elle sera une conférence d’étape, Doha se doit d’être une réussite. Le test principal en sera l’adoption d’un amendement formel pour définir la deuxième période d’engagement du protocole de Kyoto. Mais il conviendra également d’avancer dans la mobilisation du financement pour le climat et notamment d’explorer les sources innovantes. Le retour des débats sur le financement à Bonn a prouvé qu’il fallait rapidement trouver une réponse à la question bien réelle de la montée en puissance du financement après 2012, sujet qui préoccupe le G77 et notamment les pays africains, alors que le fast-start s’achève à la fin de l’année. La France et l’Union européenne devront continuer à être moteur à travers des sujets comme ceux relatifs à l’utilisation des instruments économiques dans les secteurs maritime et aérien ou bien encore à l utilisation du revenu de la vente des enchères.
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