Depuis l’entrée en vigueur de la CCNUCC et celle du protocole de Kyoto, bons nombres de partenariats et d’initiatives parallèles relatives au défi climatique voient le jour sur la scène internationale. Elles traduisent la volonté de coopération des pays sur ce sujet complexe et de longue haleine. Elles sont en partie le résultat et la concrétisation des décisions et recommandations qui ont été prises par les Conférences des Parties, certaines mêmes ayant été créées afin de faciliter et d’expérimenter des projets de décisions.
Quel panorama actuel de ces initiatives parallèles ? }}}
Beaucoup d’initiatives existent qu’elles soient liées à l’action climatique de façon directe ou indirecte.
Certaines sont centrées autour d’actions concrètes, alors que d’autres se positionnent comme une aide à la négociation. Elles sont parfois globales, parfois centrées sur une région géographique donnée, ou un certain type d’acteurs. Elles peuvent être d’ordre technologique ou cibler plutôt un appui à la définition de politique publique.
Le secteur de l’énergie est particulièrement dynamique et tout particulièrement les énergies renouvelables. Chapeauté par de grandes agences (AIE,IRENA…) ce secteur semble bien structuré. L’initiative SE4all renforce la place dominante de l’énergie propre. En ce qui concerne l’efficacité énergétique, le partenariat global IPEEC, lancé dans le cadre du G8 et celui des villes (Global Initiative for Resource Efficient Cities) sont les plus notables. L’accès à l’énergie propre, avec notamment pour cible les modes de cuisson durables, est également portée par des organisations non gouvernementales (GERES, Practical action …). Une alliance mondiale pour les foyers de cuisson améliorésexiste désormais . Le sujet des bâtiments durables et bas-carbone connaît un réel intérêt et voit les initiatives en la matière se renforcer.
Le secteur de la forêt apparaît également actif avec des initiatives globales (UNREDD), le partenariat REDD+ et initiatives ciblées sur une région spécifique (COMIFAC…). Pour l’agriculture, les initiatives semblent se concentrer sur des programmes de recherches communs . Les actions sur le transport international sont essentiellement portées par les organisations internationales (OMI,OACI…). Les secteurs du transport routier, des PME ou des sujets transversaux comme la formation semblent beaucoup moins animés.
Le financement du développement durable est également représenté avec l’initiative IDFC (International Development Finance Club) des bailleurs de fonds qui a fait du financement sur le climat son principal cheval de bataille.
De nombreuses autres initiatives s’inscrivent plutôt dans l’appui à la négociation ou le renforcement de capacités. De nombreuses initiatives régionales ont également entrepris des actions sur le climat (convention Alpine, Plan bleu méditerranéen…). Collectivités territoriales et acteurs locaux sont également actifs, créant des rassemblements et réseaux d’acteurs engagés à agir (ICLEI, R20, World Mayors Council on Climate Change, C40 …).
De concepts encore différents, on retiendra aussi les initiatives couvrant les thématiques de mesure et rapportage (International partnership mitigation… ), les plateformes permettant des échanges sur les pratiques (Momentum for Change de la CCNUCC, ), sur le marché carbone, sur certains gaz (CCAC … ), sur la collaboration scientifique (Climsat, AMMA …).
D’autres enfin s’inscrivent dans l’appui direct à la négociation, permettant aux délégués de différents pays de dialoguer et approfondir certains sujets techniques (CCXG…), voire d’engager un dialogue informel sur les négociations à haut niveau (dialogue de Carthagène, Dialogue de Petersberg, Forum des économies majeures…).
Quel intérêt à vouloir associer ces initiatives parallèles aux négociations sur le climat ?
Ces initiatives représentent un vivier considérable d’où émergent des actions contribuant à renforcer l’action climatique et se rapprocher du niveau d’ambition nécessaire pour espérer limiter le réchauffement climatique sous 2°C. Formidables vecteurs politiques, elles mettent en relation les pays désirant agir sur un sujet donné, et en ce sens, fournissant le terrain d’une collaboration constructive plus tournée vers l’action.
C’est pourquoi il convient de s’y intéresser et de chercher à renforcer le rôle et la visibilité de ces initiatives complémentaires et partenariats. La piste d’un futur régime organisé autour d’un accord multilatéral central associé à un ensemble d’initiatives semble prometteuse, d’autant qu’une telle constellation d’initiatives pourrait fédérer non seulement les pays - et donc renforcer leurs objectifs - mais également d’autres acteurs (financiers, entreprises, collectivités locales, …). Mais afin d’être acceptées le plus largement possible , elles ne doivent imposer un modèle type , descendant et trop centralisé .
Un futur rôle à donner à la CCNUCC ?
Dans la perspective de renforcer le régime multilatéral actuel en l’orientant vers l’action concrète, la question du rôle de la CCNUCC dans l’incitation et le renforcement de ces initiatives se pose aujourd’hui. Dans le cadre du Dialogue de Petersberg de 2012, les ministres ont manifesté l’intérêt de mettre en place un mécanisme pour inscrire ces actions dans le cadre international, afin d’en permettre une coordination renforcée et un meilleur suivi. Cette question des « initiatives de coopération internationales », et leur rôle potentiel dans le cadre des travaux sur le relèvement de l’ambition, ont été discutés lors des sessions de négociation de 2012 à Bangkok et à Doha. Ce travail devrait se poursuivre en 2013, dans le cadre de discussions thématiques, sur la base des soumissions des Parties et des observateurs. Il devrait donner lieu à la préparation d’une analyse technique par le Secrétariat des options et initiatives présentant un potentiel intéressant.
Inscrire ces initiatives, sous une forme ou sous une autre, dans le cadre de la CCNUCC favoriserait le suivi des actions entreprises et contribuerait à une meilleure évaluation des progrès réalisés en lien avec l’objectif de 2°C. En effet, les actions entreprises dans le cadre de ces initiatives ne sont pas toujours comptabilisées dans les engagements communiqués par les Parties et peuvent aller au-delà ; de plus, certains pays n’ont pas formulé d’engagement tout en mettant en place des actions parfois ambitieuses. Un panorama plus complet des actions entreprises sur le terrain serait un outil précieux pour renforcer la visibilité et la participation active des pays ou autres acteurs au sein de ces initiatives souvent volontaires.