Info climat à l'international N°61 - 7 octobre 2013
 

AGENDA

Du 15 septembre au 4 octobre 2013

7-10 octobre 5éme réunion du Conseil du Fond vert (Paris)
9-11 octobre Dialogue de Carthagène (Saint Domingue)
14 octobre Conseil Environnement ( Bruxelles)
22-24 octobre Réunions ministérielles sur le financement climat ( Copenhague)

ACTUALITES FRANÇAISES ET EUROPEENNES

France : dialogue avec les scientifiques et la société civile pour préparer l’accueil de la conférence climat de 2015

Suite à la publication du premier volume du cinquième rapport du GIEC , les autorités françaises ont mobilisé le monde scientifique et la société civile en organisant un événement en présence du Dr Pachauri, président du GIEC autour de deux tables rondes de décryptage du travail du GIEC et de ses implications pour l’action politique. Une occasion pour le gouvernement de présenter la méthode de travail et le calendrier de la préparation de la conférence. Comparant le dérèglement climatique actuel à un précipice, le ministre des Affaires étrangères a déclaré que « Paris Climat 2015 ne devra pas être une réunion pour essayer , mais une réunion pour décider « . « Il faut à la fois agir offensif , collectif et positif « . Pour ce faire la future présidence française travaillera en étroite coordination avec les 2 autres présidences à venir, à savoir celles de la Pologne et du Pérou , afin de former une véritable troïka pour donner une impulsion politique à la négociation. L’accord de 2015 devra être applicable à tous, contraignant, visant à contenir la réchauffement à 2°C, mais en adoptant le principe de différenciation. Laurent Fabius a toutefois reconnu que même le meilleur accord possible en 2015 devra être complété pour pouvoir entrer en vigueur en 2020 comme prévu . Le ministre délégué au Développement a insisté sur la volonté française de passer d’un partage du fardeau à un partage des solutions et a indiqué que la France travaillait à un Agenda des solutions afin de porter en amont de la conférence un discours plus positif .
À l’issue de cette manifestation, le Dr. Pachauri avec une délégation de scientifiques français ont été reçus par le président de la République. Ce dernier a marqué à nouveau l’engagement résolu de la France en faveur de la transition énergétique et écologique. Affirmant que s’il y avait "consensus sur les problèmes", le ministre de l’Écologie Philippe Martin a toutefois estimé que "toute une série d’étapes" devaient encore être franchies avant de "parvenir à un accord universel et contraignant" fin 2015.
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France : adoption à Nantes d’une déclaration pour Paris Climat 2015 lors du Salon mondial des maires sur le climat

Cette déclaration, adoptée par les réseaux mondiaux des collectivités territoriales affirme le rôle fondamental des collectivités territoriales pour atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre à l’horizon 2050. Les maires et dirigeants territoriaux s’engagent à participer aux négociations multilatérales sur le changement climatique en tant que « parties prenantes gouvernementales » avec les nations. Ils saluent ainsi le groupe « Friends of Cities » au sein de la Convention Climat et militent pour des dialogues de haut niveau réguliers entre les maires et les ministres à partir de la COP 19, à Varsovie. La France a été le premier pays a confirmé son engagement en faveur des Amis de villes. Pour être des actrices efficaces, les collectivités s’engagent également à mobiliser dans leurs budgets locaux les financements pour mettre en place des actions à faible intensité de carbone et de mesures d’adaptation. C’est pourquoi, elles demandent également aux nations de développer des canaux de financement , dans le cadre des mécanismes de financement globaux, tels que le mécanisme de développement propre, le Fonds vert pour le climat, le Fonds d’adaptation, le Fonds pour l’environnement mondial. Le rapport sur la contribution des collectivités territoriales dans les négociations internationales,confié par la Premier ministre aux sénateurs Michel Delebarre et Ronan Dantec abondait également en ce sens. Divisé en trente propositions, il structure 3 axes de travail : renforcer la capacité des collectivités territoriales à réduire leurs émissions de GES, mobiliser la société civile française et faire des collectivités un véritable acteur des négociations climatiques.
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France : le défi climatique au débat d’ouverture de l’AGNU

Le président de la République a consacré une partie de son discours d’ouverture à la 68ème Assemblée générale des Nations unies ( AGNU) au thème du climat . Il a ainsi fait le lien entre développement et changement climatique , en rappelant l’instauration en France et en Europe, d’une taxe sur les transactions financières et de l’affectation de 10% de ses recettes à des actions dans le domaine du développement, de l’accès à l’eau et des énergies renouvelables. « Parce que c’est ainsi que nous permettrons, par le développement, aux pays les plus pauvres d’assurer leur avenir et donc leur sécurité. Et aussi de pouvoir répondre à l’enjeu du réchauffement climatique qui nous concerne tous. » En référence à la conférence Paris Climat 2015 , François Hollande a précisé que l’accord qui devra y être trouvé devra être contraignant et équitable et où tout le monde devra prendre part : « les pays développés qui devront bien sûr faire l’effort le plus important » ; « les pays émergents qui ne doivent pas mettre en cause leur développement mais aussi comprendre que le réchauffement climatique les menace directement » ; « enfin, les pays les moins avancés, les plus fragiles, les plus vulnérables, doivent être aidés dans cette mutation ». Plusieurs réunions bilatérales avec des pays clés dans la négociation ( Nauru, Pologne, Pérou, Norvège et Usa) ont été également conduites par les ministres français présents à New York.
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Volume 1 du nouveau rapport du Giec

Les principaux messages du volume 1 du rapport du Giec

Certitude toujours plus grande sur la responsabilité de l’homme dans le changement climatique, montée du niveau de la mer, hausse probable des températures : voici les principaux points relevés par le volume 1 du nouveau rapport d’évaluation du Giec. Ce volume dédié aux aspects scientifiques de l’évolution du climat comporte 14 chapitres, dont des chapitres spécifiques sur le cycle du carbone , les nuages et aérosols, le niveau des mers et les phénomènes climatiques importants à l’échelle régionale . Les résultats des simulations climatiques seront mis à disposition sous la forme d’un atlas des projections régionales et globales

TEMPERATURES : la hausse des températures, une certitude confirmée
La Terre se réchauffe et cela va continuer au moins jusqu’à la fin du 21e siècle. La température de surface moyenne annuelle a déjà augmenté de 0,85 °C depuis 1880. Chacune des trois dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850. Il est probable (66 à 100%) que dans l’hémisphère Nord, la période 1983-2012 ait été la période de 30 ans la plus chaude depuis 1 400 ans.
Cette hausse des températures devrait encore croître de 0,3°C à 4,8°C d’ici 2100, en fonction des émissions de gaz à effet de serre. A plus court terme, sur la période 2046-2065, le réchauffement devrait être de l’ordre de 0,4 à 2,6°C selon les scénarios.
Concernant plus précisément les océans, le réchauffement en surface (75 mètres de profondeur) s’est élevé en moyenne à 0,11°C par décennie sur la période 1971-2010. L’océan va continuer de se réchauffer au 21e siècle.
Les scientifiques estiment que pour limiter le réchauffement à 2°C par rapport à 1861-1880 (avec une probabilité de réalisation supérieure à 66 %), il faudrait que la quantité cumulée d’émission de CO2 d’origine humaine dans l’atmosphère n’excède pas 800 gigatonnes de carbone (GtC) si on tient compte de l’ensemble des gaz à effet de serre et des effets induits. Or, les hommes ont déjà relâché largement plus de la moitié de ce total (531 GtC) depuis 1870.

OCEANS : l’énergie accumulée par l’intensification de l’effet de serre pénètre l’océan profond

Les océans renferment plus de 90% de l’énergie additionnelle accumulée dans le système climatique entre 1971 et 2010.
le réchauffement des océans est plus prononcé près de la surface et les 75 premiers mètres de profondeur se sont réchauffés de 0,11°C par décennie sur la période 1971-2010 .
plus de 60% de l’augmentation nette d’énergie absorbée par le système climatique a été emmagasinée dans la partie supérieure de l’océan (0-700 m) pendant la période 1971 à 2010 et environ 30% sont emmagasinés à une profondeur de plus de 700 m.

CRYOSPHERE ET FONTE DES GLACES : la fonte des calottes glaciaires, une question cruciale
La perte de glace de la calotte du Groenland atteint 215 (157 à 274) Gt par an au cours de la période 2002/2011 et celle de l’Antarctique 147 (72 à 221) Gt par an . Sur la période 1979-2012, Il est très probable (90 à 100 % ) que la banquise* arctique, dont la fonte a atteint un record à l’été 2012, a décru à un rythme moyen de 3,5 à 4,1% par décennie (soit 0,45 à 0,51 millions de km2 par décennie). Il est très probable (90 à 100 % )que cette fonte se poursuive pendant le 21e siècle. il est très probable que l’étendue moyenne annuelle de la banquise de l’Antarctique se soit accrue à un rythme compris entre 1,2 et 1,8% par décennie entre 1979 et 2012 (soit 0,13 à 0,20 millions de km2 par décennie).
Dans le scénario le plus optimiste, en ligne avec un réchauffement contenu entre 0,3°C et 1,7°C à la fin du siècle, il est aussi probable (66 % à 100%) de voir l’océan Arctique quasiment libre de glace avant le milieu du siècle. Le volume des glaciers de montagne devrait aussi continuer à se réduire, quel que soit le scénario étudié.
*La banquise est constituée de glace produite par la congélation d’eau de mer.

ELEVATION DU NIVEAU DE LA MER : revue à la hausse des projections
Alors qu’en 2007, il projetait une élévation du niveau de la mer de 18 à 59 cm d’ici 2100, le nouveau rapport évoque une hausse probable (intervalle de confiance 5 % à 95%) de 26 à 82 cm d’ici la fin du siècle (2081-2100) par rapport à la moyenne 1986-2005. Il prend notamment mieux en compte le l’évolution des glaciers du Groenland et de l’Antarctique. Mais dans toutes les projections, les deux contributions les plus importantes à cette montée de la mer sont l’expansion thermique (dilatation de l’eau liée au réchauffement) et la fonte des glaciers. Il est très probable (90 à 100%) que la hausse du niveau de la mer se soit accélérée ces deux dernières décennies, avec une élévation de 3,2 mm par an en moyenne entre 1993 et 2010 contre 1,7 mm par an en moyenne entre 1901 et 2010 ( soit 19 cm au total ) .

CYCLE DU CARBONE : concentrations atmosphériques de CO2, de CH4 et de N2O sans précédent sur au moins 800 000 ans
Les concentrations de CO2 dû aux activités humaines ont augmenté de 40% depuis l’ère préindustrielle (1750), pour atteindre en 2011 un niveau de 391 parties par millions. Et ce, en premier lieu en raison des émissions provenant de la combustion des combustibles fossiles et en deuxième lieu du fait des émissions nettes liées aux changements d’utilisation des terres.
Les océans ont absorbé environ 30% des émissions anthropiques cumulées de CO2 depuis 1750, entraînant notamment leur acidification.

ATTRIBUTION DU CHANGEMENT CLIMATIQUE : le rôle déterminant des activités humaines

Le Giec confirme — avec 95% de certitude contre 90% dans le rapport de 2007 — que les activités humaines constituent la cause dominante du réchauffement observé depuis le milieu du 20e siècle.
L’influence humaine a été identifiée dans le réchauffement de l’atmosphère et les océans, dans les changements du cycle de l’eau à l’échelle planétaire, dans la fonte de la neige et de la glace, dans l’élévation du niveau moyen des mers, et dans des modifications de certains épisodes climatiques extrêmes.

LES PROJECTIONS : l’objectif de +2C encore possible sous certaines conditions

Sur les quatre scénarios d’évolution climatique étudiés, l’un d’entre eux est compatible avec la limitation à 2°C du réchauffement entre la fin du XIXe siècle et la fin du XXI siècle. Ce scénario implique, en particulier, l’existence d’un pic d’émissions aux environs de 2020 suivi d’une décroissance jusqu’en 2100. Les hypothèses sociétales et techniques compatibles avec un tel scénario seront abordées dans le volume 3 du 5e rapport d’évaluation du GIEC attendu pour avril 2014. Ce type inédit d’évolution, pouvant être qualifiée « d’optimiste », n’avait jusqu’à présent pas fait l’objet d’évaluation par le GIEC dans ses précédents rapports.

Traduction française du résumé pour décideur

ACTUALITES INTERNATIONALES

AGNU : convocation d’un sommet Climat en 2014

AGNU : convocation d’un sommet Climat en 2014
Lors de la 68e AGNU, son Secrétaire-Général a convoqué les dirigeants mondiaux à un sommet sur le climat en septembre 2014 au siège des Nations Unies à New York. Dans son discours , il les a mis au défi d’apporter à ce Sommet des promesses audacieuses, qui permettront d’innover , de coopérer et de fournir des mesures concrètes afin de combler l’écart entre les émissions actuelles de gaz à effet de serre et l’objectif de contenir le réchauffement à 2°C et d’être ainsi sur la bonne voie pour l’obtention d’un accord juridique ambitieux à travers le processus de la CCNUCC.
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AGNU : réunion ministérielle informelle de préparation de la COP de Varsovie.

La commissaire européenne au climat et le ministre de l’environnement norvégien avaient pris l’initiative de réunir, en marge de la semaine ministérielle de l’AGNU, les principaux pays « progressistes » de la négociation climat : les pays du nord s’étant engagés pour une deuxième période du protocole de Kyoto et les pays du sud , petites îles et pays les moins avancés africains pour l’essentiel. Il s’agissait, à un peu plus d’un mois de la COP de Varsovie, de relancer « l’alliance de Durban » qui avait permis, il y a deux ans d’obtenir un consensus sur l’objectif d’un accord applicable à tous. Les participants ont affirmé leur ambition en matière d’atténuation et leur sentiment d’urgence. Ils ont pu constater la volonté des trois prochaines présidences de travailler de façon coordonnée et, surtout, apprécier la détermination de la France, illustrée par la présence de deux ministres à cette réunion. Ces échanges ont également confirmé les attentes très élevées des pays en développement sur le dossier Finance, dont ils font une des clés d’un succès à Paris.

OACI : un accord pour contrôler les émissions de CO2 de l’industrie aérienne

Tous les membres de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale ) soit 191 États, ont convenu lors de la clôture de la 38e assemblée générale, de retenir avant l’automne 2016, date de sa prochaine assemblée générale et soit un an après l’accord mondial sur le climat qui doit être conclu à Paris en 2015, un système pour plafonner les émissions de gaz à effet de serre. L’entrée en vigueur de ce système est également reporté à 2020, soit en même temps que celle de l’accord mondial.
Débattu depuis des années, l’établissement d’un mécanisme mondial pour stabiliser les émissions du secteur aérien à donc débouché sur un consensus entre,notamment, l’Union européenne, les principaux États opposés à l’inclusion de l’aviation dans le marché européen du carbone et l’industrie aérienne. Le comité exécutif a décidé de mettre en place un régime de "mesures basées sur le marché" (MBM). Les experts vont maintenant travailler sur différentes pistes, qui vont d’un système d’échanges de crédits à un système de redevance sur chaque tonne de carbone émise par les avions. L’accord précisant clairement que "les Etats doivent s’entendre pour mettre en place", d’ici 2016, un système de plafonnement des émissions au niveau mondial.
Avec cet accord, le transport aérien devient le premier grand secteur de l’industrie à s’engager dans la mise en place un accord multilatéral mondial sur les MBM afin de réduire émissions de gaz à effet de serre. L’Union européenne, qui a milité en faveur d’un tel accord, doit maintenant analyser le résultat de ces discussions internationales et décider comment faire évoluer le cadre régional qu’elle avait mis en place en Europe (ETS aviation)
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Varsovie : une Précop à huis clos sous présidence polonaise

Conformément à la tradition, une réunion ministérielle préparatoire (pré-Cop) à la Conférence des Parties de Varsovie a été organisée par la présidence polonaise. Les représentants d’une trentaine de pays clés, dont la France, avaient répondu à l’invitation . Politique et non de négociation, cette réunion de trois jours a permis de discuter des questions les plus importantes qui devront avancer à Varsovie : la feuille de route pour parvenir à un futur accord, les caractéristiques et les fonctions de cet accord, la définition des ambitions, le financement et le sujet des pertes et dommages. Sur le sujet des financements , tout le monde a reconnu l’ importance de lancer pleinement à Varsovie le Fonds vert climat. Le dialogue à haut niveau à Varsovie devra faire des progrès sur la mobilisation des 100 milliards de dollars avec notamment l’adoption d’un calendrier sur la mobilisation du financement. Les débats sur les éléments de l’accord 2015 et l’ambition, présidés par la France, se sont focalisés sur la nécessité ou non d’inclure des chiffres pour 2015 et des échanges constructifs sur la notion de consultation sur les propositions d’objectifs ont pu se faire. Par ailleurs, cette année, les représentants des entreprises ont été également invitées à participer à la première journée : elles ont manifesté leur intérêt à participer à ce processus en rappelant l’importance pour elles de disposer d’un cadre simple, prévisible et stable afin de limiter leurs risques d’investissement.
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Comité de rédaction

 

Ministère de l’ Écologie, du Développement durable et de l’Énergie .

Directeurs de Rédaction : Philippe Geiger et Marine de Carné

Rédaction : Marie Jaudet avec la participation de l’ONERC