Dans quelle mesure le plateau de Haye est-il un parfait exemple de projet mixte de renouvellement urbain et d’extension maîtrisée ?

Prenant place sur l’un des 7 sites de rénovation urbaine inscrit dans le PRU de l’agglomération, le projet consiste en la démolition / reconstruction / réhabilitation de quartiers existants mais aussi en la création d’un quartier nouveau – doté d’un parc forestier - sur un ancien site de carrière, acheté il y a une trentaine d’années. Il doit accueillir à terme 3 000 nouveaux habitants et 500 emplois supplémentaires.
La ville durable c’est d’abord la reconstruction de la ville sur elle-même. Nous avons donc imaginé la transformation avec et non contre l’existant. Ainsi, il ne s’agit pas de démolir complètement les barres construites pendant les Trente Glorieuses mais de restaurer ces bâtiments, tout en les améliorant.
Un symbole phare du projet est la Tour des énergies : dans la déconstruction, nous avons gardé l’entrée d’une ancienne barre de logements et nous l’avons transformée en une tour des énergies renouvelables (éolienne, panneaux solaires, récupération des eaux). Cette tour représente à la fois l’historicité du quartier ainsi que sa modernisation et sa transformation durable en EcoQuartier.

Le plateau de Haye propose une nouvelle façon d’habiter : habiter en forêt. Comment avez-vous valorisé l’identité forestière du site ?

La forêt a été pendant longtemps perçue comme une frontière entre le quartier et la ville, avec l’idée qu’il fallait s’affranchir de cette limite pour rattacher le plateau à la ville. Le projet actuel en fait un atout majeur d’aménagement du territoire, en dotant le nouveau quartier d’un jardin botanique forestier, d’une dizaine d’hectares, qui serait la porte ouverte sur la forêt pour toute l’agglomération.
De plus, nous avons développé les continuités vertes au sein du quartier et accompagné la création des nouveaux espaces verts d’un travail sur les mobilités actives (pistes cyclables et cheminements piétonniers).
Enfin, et d’une manière plus générale, nous avons cherché une expression plus naturelle du quartier : par exemple, au lieu de faire des tuyaux pour assainir les chaussées, nous avons fait des fossés. Quant aux constructions nouvelles, elles s’ouvriront sur l’extérieur avec de grandes terrasses ou des jardins en rez-de-chaussée.
En effet, un EcoQuartier c’est d’abord un quartier enviable avant d’être un quartier où on vise une performance, la performance première étant celle qui touche le mode de vie de chacun.

Dans quelle mesure la ZAC de l’Union illustre-t-elle une nouvelle façon de penser, faire et habiter la ville ?

La ZAC de l’Union est un parfait exemple du prototype même de la ville non durable dans lequel on mène une expérience de développement d’une ville durable. En effet, le projet - à cheval sur trois villes (Roubaix, Tourcoing, Wattrelos) - permet la reconquête de 80 hectares d’une ancienne friche industrielle, avec des problématiques de pollution des sols et d’habitat largement dégradé, accueillant à terme 4 000 emplois et 4 000 habitants, pour devenir un des 5 grands pôles d’excellence économique de Lille métropole.
Il propose un cadre de vie réinstallant la nature en ville en s’appuyant sur les richesses du patrimoine (bâti, paysager et culturel) pour articuler le nouveau quartier au tissu existant. La réouverture du canal à la navigation est ainsi un élément majeur pour la reconquête de la trame verte et bleue. Le projet propose aussi des pistes innovantes pour une mobilité raisonnée dans de bonnes conditions d’accessibilité et affiche des objectifs ambitieux en termes de performances énergétiques.
Réhabilitation de quartiers existants, réemploi des bâtiments, des matériaux et des matières, densification pour optimiser l’espace et intensifier les liens, … On voit qu’il s’agit bien ici de « faire la ville à partir de la ville », qui est une démarche propre à la métropole lilloise et dans laquelle se rencontrent les fondamentaux du développement durable.

La gouvernance et la concertation sont un point fort de votre projet. Comment les habitants ont-ils été associés à sa conception et sa construction ?

Dès le début, il y a eu une volonté forte de faire avec et non seulement pour les habitants. La démarche de concertation mise en place visait à ce que les personnes habitant ou travaillant dans le quartier participent à l’élaboration du projet et inventent, en même temps que l’équipe projet, les exigences particulières de la fabrication de la ville au 21ème siècle En effet, la transformation des usages ne peut se faire que par l’adhésion des habitants et la coproduction de certains lieux et de certaines fonctions urbaines, afin de créer des lieux qui leur ressemblent.
Ainsi, les « Assises de l’Union » qui réunissaient périodiquement tous les acteurs – usagers, élus, services techniques, partenaires – autour du « faire ensemble » et les ateliers d’auto-réhabilitation des maisons de l’îlot Stephenson par exemple constituent des temps forts du projet et illustrent parfaitement le processus participatif mis en place.