N° 18 - mai 2012 : Darwin, l'écosystème de la caserne Niel
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau


« Bonjour,

Cette nouvelle lettre vous présente des actions portées par des acteurs qui comptent de plus en plus dans la ville durable : d’une part une présentation du projet Darwin Ecosystème, ou comment une initiative privée propose une programmation de bureaux originale, intégrant la valorisation d’un patrimoine urbain de belle facture, une conduite de projet innovante et ouverte à la culture et des objectifs de confort et de performance environnementale réelle. Il s’agit d’un projet qui investit les magasins généraux de la caserne Niel sur la rive droite de Bordeaux. Ce projet marie écologie, économie et technologie et constituera l’une des principales entrées du futur EcoQuartier Bastide-Niel.
D’autre part, une présentation d’une séance de travail du Comité scientifique avec des étudiants de Sciences Po Environnement qui ont su nous rappeler l’imminence de la conférence internationale sur le climat Rio +20. Qu’est-ce que nos EcoQuartiers apportent comme contribution nouvelle pour le climat? Si peu d’entre nous seront directement au cœur des négociations, cela n’empêche pas de réfléchir aux messages que nous pourrions transmettre à nos porte-parole, qu’ils soient politiques ou associatifs. Et c’est pour porter la parole de la jeunesse que les étudiants de Sciences Po ont frappé à la porte du Comité scientifique.
Les deux autres brèves vous parlent du Club : des formations qui seront organisées en région et de l’outil financier que nous comptons tester cette année.

Très bonne lecture ! »


Franck Faucheux
Bureau AD4 - DGALN

Point sur

Darwin Ecosystème


Initié depuis 2006 par le groupe Evolution - incubateur privé de projets entrepreneuriaux responsables - le projet Darwin se veut emblématique d’un nouveau modèle de développement articulant urbanisme, écologie, économies créatives, activités éco-responsables, cultures urbaines et nouvelles technologies. Il ambitionne d’incarner une économie de fonctionnalité, circulaire, sobre en carbone et en pollutions, riche en échanges, en créativité et en convivialité.

Le projet consiste en la réhabilitation des Magasins Généraux de l’ancienne caserne militaire Niel située sur la rive droite de Bordeaux, en bordure immédiate de Garonne. Cette emprise foncière constitue l’une des portes d’entrée du futur EcoQuartier Bastide-Niel dont l’émergence est planifiée sur 30 ha à l’horizon 2013.

Darwin fera cohabiter des acteurs des secteurs de l’économie créative et de l’économie verte en accueillant des PME et des start-up, une pépinière d’entreprises dédiée au développement durable, mais aussi des commerces bio, un éco-lodge ou une crèche éco-conçue. La mixité des activités réunies sur le site sera le gage de collaborations transversales et inédites. De plus, il offrira de multiples services aux salariés et créera des liens en termes d’animation avec le tissu social environnant et celui de l’agglomération.

En termes d’environnement, les objectifs sont ambitieux, combinant performance énergétique BBC, recours aux énergies renouvelables et économies d’énergies. Le choix de conserver et de transformer des bâtiments anciens est le point de départ de cette démarche environnementale, en évitant la forte dépense énergétique liée à la démolition et à la reconstruction du plancher. Il s’agit aussi de préserver les caractéristiques architecturales singulières de ces bâtiments, qui illustrent l’histoire de Bordeaux et du quartier. Au-delà de l’aspect énergétique, le projet propose à ses futurs occupants des équipements et des solutions individuelles et collectives encourageant et optimisant les comportements éco-responsables (utilisation et gestion de l’énergie, de l’eau et des déchets, mobilité douce, etc.). Enfin, le partage et la mutualisation des surfaces, équipements et ressources permettront des économies et la réduction de l’empreinte écologique.

Après près de deux années de négociations, le transfert de propriété des Magasins Généraux de la CUB à la SAS Darwin-Bastide (entité juridique du projet) a été entériné en juillet 2010 et le chantier vert de rénovation a débuté en octobre 2010 avec la pause de la première pierre du chantier, en présence de tous les partenaires du projet (la ville de Bordeaux, la CUB, l’Etat, le CR d’Aquitaine, l’ADEME, la Commission européenne, le groupe GDF Suez, etc.). Mais la vie s’organise déjà sur site par l’installation d’activités sportives et artistiques à proximité immédiate du chantier, dans le hangar métallique accolé aux Magasins Généraux, avec un skatepark dédié aux cultures urbaines : sports de glisse, musique électronique, hip hop, street art, etc.
Quand le chantier de rénovation sera terminé, l’édification de l’EcoQuartier débutera, le Parc aux Angéliques - véritable poumon vert du centre-ville - étendra ses espaces verts au pied de Darwin, le pont Bacalan Bastide sera terminé et désenclavera la zone. Et si à l’échelle de l’agglomération Darwin se situe dans l’hyper-centre et jouit de nombreux réseaux de desserte (bus, stations de vélo-partage à proximité, deux stations de tramways à 10 minutes à pieds, gare à 10 minutes en vélo et 20 minutes en tramway), l’émergence de l’EcoQuartier devrait encore améliorer cela. Les premiers occupants de Darwin Ecosystème sont attendus à la mi 2012.

Témoignage

Jean-Marc Gancille (Groupe Evolution)


Darwin Ecosystème, c’est un projet largement autofinancé.

En effet, Darwin démontre parfaitement l’investissement d’acteurs privés pour le développement durable. Les subventions (350 K€ du CR d’Aquitaine, 220 K€ de l’ADEME, 160 K€ du FEDER) représentent moins de 6% du montant total du projet qui s’élève à environ 13 M€ (acquisition du foncier, frais d’études, de conception et de pilotage, taxes, chantier vert, etc.). Pour le reste, il s’agit d’emprunts bancaires à hauteur de 8,5 M€ et de fonds propres. Ces derniers proviennent à 84% du groupe Evolution, les 16% restants provenant du fond d’investissement socialement responsable que nous avons créé à cet effet. Ces nouveaux actionnaires, qui acceptent un rendement moindre, ont été convaincus des vertus du projet et de sa dynamique en faveur du développement du territoire.
Ce montage financier est bien peu fréquent dans ce milieu. Le principal inconvénient est le niveau des loyers qui en découle, certes dans le "marché" mais qui peut se révéler un frein à l’accueil d’associations notamment.


Comment avez-vous associé tous les partenaires et acteurs du territoire ?

Une gouvernance partagée a été mise en place pour associer toutes les parties prenantes et rassurer sur la démarche. Riverains, associations locales, élus ou partenaires industriels sont régulièrement informés et concertés sur l’avancée du projet, et de nombreuses conférences et visites de chantier ont déjà été organisées.
De plus, le projet se développe en pleine cohérence avec le futur EcoQuartier Bastide-Niel - dont il constituera l’une des premières réalisations visibles - et en coordination étroite avec les services de la CUB et de la Ville de Bordeaux, pour échanger sur la desserte énergétique, les équipements culturels, la trame verte ou le plan de déplacements. Nous avons également des contacts avec la MOA et la MOE de ce futur quartier.
Darwin exprime ainsi sa responsabilité d’acteur privé soucieux de l’impact de ses activités. Je tiens également à souligner que nous nous sommes engagés à ne pas entrer dans une démarche spéculative et à suivre les performances environnementales du bâtiment.


Le chantier avance-t-il comme prévu ?

Oui, le chantier est aujourd’hui bien avancé. Cet été, le bâtiment principal sera livré et les premiers locataires s’installeront en septembre. Le bâtiment qui accueillera la pépinière d’entreprises et un espace de co-working sera livré au premier trimestre 2013. Entre-temps, nous poursuivons la finalisation de la commercialisation des locaux.


Jean-Marc Gancille - Directeur du développement durable

Brèves

<U>Focus sur </U> : Les formations régionalisées du Club

Les appels à projets EcoQuartier ont permis de constituer un Club qui compte aujourd’hui plus de 500 collectivités. Ce Club, qui était jusqu’à présent animé par le bureau AD4 et les CETEs polarisés, va désormais s’appuyer de plus en plus sur les correspondants Ville durable en région. En particulier, les sessions de formation pour 2012 seront directement organisées par les DREALs, à des échelles inter-régionales.
Les formations qui vous seront proposées cette année sont les suivantes : Découverte des EcoQuartiers ; Opération d’aménagement et objectifs environnementaux ; Les outils de planification ; Montage financier d’un EcoQuartier.
Entre 12 et 15 sessions seront organisées, chaque thématique étant dispensée environ 3 fois, avec une répartition homogène sur tout le territoire. Ces sessions auront lieu à partir de l’automne 2012.
Plus d’informations concernant les modalités et l’organisation de ces formations vous seront communiquées dans les mois à venir.

<U>Retour sur</U> : Rio +20

L’association Sciences Po Environnement
porte, en partenariat avec l’UNESCO, un projet de simulation des négociations de la conférence de Rio + 20, dont les thèmes majeurs seront la gouvernance et l’économie verte. Ce jeu de rôle, outre l’intérêt pédagogique de comprendre les tenants et les aboutissants des enjeux internationaux pour le climat, a pour but de produire une contribution de la jeunesse et de porter son message.
La préparation de cette simulation a permis de rappeler la comitologie onusienne et certains principes d’actions. Deux voix/voies sont possibles pour intervenir dans ces conférences : par les Etats qui votent en fin de conférence, par les neufs « major groups » reconnus par l’ONU (femmes, aborigènes, enfants et jeunesse, ONG, autorités locales, travailleurs et syndicats, entreprises et industries, communautés scientifiques et technologiques, fermiers et petits propriétaires forestiers).
Les débats avec le Comité scientifique ont porté sur les limites mises en avant par les étudiants dans le « protocole onusien » : Peut-on représenter des métropoles (Mexico par exemple) au même niveau que certains Etats ? Peut/Doit-on impliquer les autorités locales dans le processus ? Peut-on créer une nouvelle délégation de l’ « intérêt du long terme », avec droit de parole et d’amendement ? (les majors group sont uniquement observateurs dans la conférence réelle). Sur le panel d’actions, comment arriver à un accord international avec l’obligation d’unanimité ?
A suivre en juin à Rio…

<U>Focus sur</U> : Le test de l’outil financier

Les analyses menées en 2010 et 2011 par le ministère et ses partenaires sur le thème du financement des EcoQuartiers ont clairement fait apparaître la nécessité de développer une autre approche financière des opérations d’aménagement qui serait plus adaptée aux particularités des ces nouveaux quartiers durables.
Fort de ce constat, le ministère a décidé de construire un outil à destination des collectivités porteuses de projets d’EcoQuartier, afin de les aider à adopter cette nouvelle approche. L’outil leur permettra d’identifier clairement les coûts des mesures d’un EcoQuartier et de mieux arbitrer entre les divers choix financiers, notamment par la prise en compte des gains non financiers et l’adoption d’une logique de long terme.
L’outil consiste en un fichier Excel dans lequel la collectivité renseignera les données de ses choix programmatiques ainsi que leurs coûts et qu’elle pourra ensuite ajuster et manier à sa guise. Il sera testé aux mois de juin et juillet 2012, sur 5 EcoQuartiers aux stades d’avancement différents, afin d’évaluer sa pertinence et sa concordance aves les besoins des collectivités.

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