N° 29 - juin 2013 : L’habitat participatif : Une solution pour le logement abordable ?
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau

« Bonjour,

Alors le label ?

Plus la démarche avance et plus les questions s’accumulent. En quatre mois, 70 dossiers ont été remis à jour par les équipes locales, soumis au regard d’un séminaire inter-expert et à la première commission nationale EcoQuartier.
La gouvernance très large de la démarche permet à toutes les sensibilités de s’exprimer, mettant en évidence des demandes contradictoires pour la label. Il faut en effet faire un label pour tous, mettant l’accent sur la globalité de la réponse… mais aussi mettre en avant l’innovation tant dans les aspects techniques qu’organisationnels, comme par exemple l’habitat participatif présenté dans cette lettre.
Il faut que le label soit levier sur les thèmes majeurs de la ville durable  : les mixités, le bon choix de densité, la pertinence de la localisation, faire la ville sur la ville, la ville des petits pas… mais aussi repére des sujets émergents comme les circuits de proximité, sujet conjointement abordé avec Egis et la Sorbonne, que la lettre mentionne.
Comment le label va assurer une crédibilité fondée sur des résultats tout en apportant une aide à la valorisation (et à la commercialisation) des bons projets en cours, qui au delà des qualités constructives, apportent des vraies assurances sur la qualité urbaine du quartier, son animation, l’accès aux services urbains, des lieux du vivre ensemble ? Si nous arrivons collectivement à poser des questions stratégiques, il faudra encore quelques années pour donner des réponses tangibles, et l’enjeu du label est autant dans la capitalisation que la démarche propose que dans la distinction des opérations. Les rencontres et les discussions sont fondamentales et c’était notamment pour cela que la DREAL Aquitaine était présente au cœur du salon des maires de sa Région pour lancer les débats (voir dans la lettre).

Alors le label ? ça avance.

Bonne lecture ! »

Franck Faucheux
Bureau AD4 - DGALN

Point sur

En septembre 2012, devant le Sénat, la Ministre de l’Egalité des Territoires et du Logement confirmait l’objectif chiffré du gouvernement actuel de faire produire 500 000 logements neufs par an et d’améliorer les performances thermiques d’un million de logements existants. De tels chiffres de production approchent les volumes de production observés dans les années 1970. Cependant, le poids de l’immobilier dans le budget des ménages n’a jamais été aussi élevé, quel que soit le territoire. L’équation semble ainsi impossible à résoudre, sauf à innover dans les montages et dans les mécanismes de production du logement. C’est ainsi que la notion de « logement abordable » est née.

Parallèlement, l’analyse des 393 dossiers déposés dans le cadre de l’appel à projets EcoQuartier 2011 montre l’intention de 66 communes de se lancer dans un projet d’habitat participatif. Ce type de projet a l’ambition de répondre aux besoins des futurs habitants puisque ceux-ci sont associés à la conception de leur logement mais également de permettre de réduire les coûts pour accéder à la propriété.
Dans ce contexte, dans quelle mesure l’habitat participatif peut être une solution pour le logement abordable ?

De nombreuses idées reçues circulent sur l’habitat participatif, avec, qui plus est, une confusion sémantique entre l’habitat participatif, l’habitat coopératif, l’habitat groupé ou encore l’autopromotion. Pour caricaturer, la notion d’habitat participatif fait écho à des démarches militantes, qui se veulent en rupture avec l’économie de marché et la spéculation immobilière tout en revendiquant un habitat plus écologique aussi bien dans sa construction que dans sa gestion. De fait, il suscite un intérêt mais aussi des craintes.
Ce dossier vise d’une part à expliciter les différences sémantiques, d’autre part à exposer l’éventail des montages possibles pour ces projets avec leurs avantages, leurs inconvénients et les niveaux de risque quant à l’abandon du projet. En effet, passer du stade de l’intention à celui de la réalisation s’avère long et parfois douloureux, comme en témoignent plusieurs projets avortés.

Deux exemples seront également décryptés :
Le Jardin de Jules à Villeurbanne qui résulte de l’association entre une coopérative d’habitants (Le Village Vertical) et un bailleur social (Rhône Saône Habitat)
– 37 logements réalisés en habitat participatif entre le bailleur Haute Savoie Habitat et la coopérative suisse, la Codha à Viry, Haute Savoie.

Ces deux exemples illustrent la diversité des approches de l’habitat participatif sans couvrir tous les possibles. Il s’agit donc, pour les porteurs de projet de s’en inspirer pour concevoir leurs propres projets.
Effectivement, les exemples aboutis en habitat participatif montrent des prix de sortie généralement inférieurs aux prix du marché, permettant ainsi de répondre aux besoins en logement d’un plus grand nombre de ménages. Plus généralement, abaisser le coût du logement revient à travailler sur les montages financiers (Friggit, 2009) et à proposer une ingénierie financière et un processus innovants en réponse aux approches classiques conduites jusqu’à présent.

Ce dossier initie cette démarche de recherche d’innovations dans les montages de projet en vue de favoriser la construction de logements de qualité à coûts réduits.

Consultez l’étude sur le site extranet EcoQuartier : L’habitat participatif : Une solution pour le logement abordable ?

Témoignage

Florence Menez (Chargée d’études Aménagement durable, CETE de Lyon)

Comment l’habitat participatif s’intègre t-il dans la démarche EcoQuartier?

La démarche EcoQuartier promeut un processus concerté et une participation de l’ensemble des acteurs, donc des (futurs) usagers. Le projet d’habitat participatif s’inscrit pleinement dans cette démarche et peut même être l’opportunité de faire émerger une réflexion sur les pratiques et les usages à l’échelle du quartier. Par exemples, quelle gestion du stationnement dans le projet d’habitat participatif et quelle conséquence sur le quartier ? Quels locaux communs à l’immeuble et quelle peut être son utilisation pour les gens du quartier ?

Quels sont les principaux freins à l’émergence de tels projets?

Les principaux freins sont avant tout culturels puis juridiques.
D’une part, de nombreux acteurs font l’amalgame entre habitat participatif et habitat coopératif. Il s’agit pourtant de deux notions différentes, pouvant se traduire par des montages juridiques et financiers radicalement distincts. La demande en habitat coopératif où les résidents ne sont plus propriétaires de leur logement mais actionnaires de parts d’une société qui elle est propriétaire du bâtiment, reste faible en France. Cela ne correspond pas à la culture française et à l’ambition entretenue depuis près de 40 ans : une France de propriétaires.
D’autre part, l’habitat participatif au sens générique, revient à intégrer dans le processus de conception et de décision d’un projet de bâtiment les futurs résidents. Or dans les pratiques actuelles ces usagers n’ont pas leur place aux côtés des « sachants » (architectes, ingénieurs, financeurs). Une autre manière de concevoir peut être possible et doit aussi s’accompagner de quelques ajustements de la Loi pour faciliter ce type de projets.

Comment une collectivité peut-elle favoriser ce genre d’initiative?

Suivant le contexte de la commune, sa taille et sa pression foncière, le rôle de la collectivité pourra être différent. Néanmoins, elle peut favoriser ce genre d’initiative en facilitant l’accès au foncier, en aidant le groupe d’habitants à se constituer voire à se structurer. D’autres initiatives sont également possibles ; à travers cette étude exploratoire nous n’avons pas pu acquérir une connaissance exhaustive des pratiques existantes.

Brèves

<U> Focus sur </U> : Les circuits de proximité dans les EcoQuartiers

Les écoquartiers apparaissent aujourd’hui comme des projets emblématiques d’une volonté de faire une ville plus durable. Au-delà de la performance technique, thermique en particulier, de leurs bâtiments, remettent-ils véritablement en question les principes et les pratiques classiques de l’aménagement urbain ? En particulier parviennent-ils à innover en proposant des solutions locales à des questions généralement résolues classiquement grâce à de grands réseaux urbains ? Dans le cadre d’un atelier professionnel de Master d’Urbanisme et Aménagement de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne commandé par Egis –France et Atelier Villes en 2012, quatre étudiants ont abordé, à travers la notion de « circuit de proximité », la question de l’innovation dans les projets d’écoquartiers. Ils ont ainsi analysé 98 dossiers de candidature des appels à projet EcoQuartier lancés en 2009 et en 2011 et travaillé de façon plus approfondi sur 10 d’entre eux.

Consultez le dernier numéro de la lettre Emergences (format pdf - 799.8 ko - 07/06/2013) et la note de synthèse (format pdf - 629.8 ko - 07/06/2013) sur les circuits de proximité dans les EcoQuartiers.

<U> Retour sur</U> : La journée de présentation du label national EcoQuartier en région Aquitaine


Les 25 et 26 avril s’est tenu au palais des Congrès de Bordeaux le salon des Elus Locaux d’Aquitaine. Réservé aux élus et agents des collectivités locales, ce salon rassemble des exposants issus d’une dizaine de secteurs d’activités et accueille des conférences d’envergure régionale. Il est l’occasion de rencontres informelles et conviviales.
Après la cérémonie d’inauguration en présence de Jean-Pierre BEL, Président du Sénat, Gérard CESAR, Président de l’AMG, Alain JUPPE, Maire de bordeaux, Alain ROUSSET, Président de la région Aquitaine, Vincent FELTESSE, Président de la Communauté Urbaine de Bordeaux, Franck FAUCHEUX est intervenu pour exposer les objectifs EcoQuartier et le processus de labellisation.
Un stand dédié aux EcoQuartiers a permis, à la DREAL Aquitaine et au CETE du Sud-Ouest, d’apporter toutes informations utiles aux collectivités locales et professionnels afin qu’ils s’approprient les 20 engagements de la charte EcoQuartier et de diffuser de la connaissance issue de la capitalisation des démarches exemplaires.

<U>Retour sur</U> : Retour sur la rencontre nationale EcoCité du 28 mars : "EcoCité : Repenser les aménités urbaines"

Dans un contexte de lutte contre l’extension urbaine, les EcoCités veulent redonner l’envie de vivre « en ville », et non plus « à côté » : équation simple dans son énoncé, mais complexe dans sa résolution. La valorisation des aménités urbaines - objet de ce troisième atelier national - y participe. Il s’agit de rendre la ville attractive même sans actions dispendieuses pour allier une offre immobilière abordable à une offre de service de qualité.
Objectif de la rencontre nationale du 28 mars 2013 : faire la lumière sur le rôle des aménités urbaines, qui apportent des réponses concrètes aux besoins de proximité des habitants, dans le développement durable.
Après le témoignage des EcoCités de Bordeaux, Rennes et Rouen, deux approches complémentaires ont guidé la matinée : comment les stratégies intègrent des facteurs d’aménités souvent incertains (top-down), et comment à l’inverse pouvoir saisir des opportunités d’action et les maintenir dans le temps (bottom-up).
L’après-midi, Matthias Armengaud, grand témoin, a présenté le travail de l’agence AWP qu’il a fondée, et dont le travail sur l’espace public intègre ces deux dynamiques.

Agenda

Agenda du Club

  • Présentation du label national EcoQuartier – Le 17 juin à Poitiers