N° 61 - Restitution de la rencontre nationale EcoQuartier du 6 juin 2017
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau


Il y a tout juste 4 mois, nous nous sommes réunis lors de la dernière rencontre nationale EcoQuartier dans le site atypique des Grands Voisins, à Paris. Des dizaines de projets présentés et plus de 350 participants rassemblés autour d’un sujet qui nous concerne tous : comment accompagner le renouvellement de l’existant ?

Ville, villages, bourgs, faubourgs, grands ensembles, tissus pavillonnaires, centres anciens… tous les tissus existants ont vocation à réinventer et à contribuer au renouvellement des pratiques, ouvrir la gouvernance, passer de la concertation à la co-production, partager les risques et s’investir dans la logique du coût global…

Pendant cette journée, par la diversité des projets portés par des élus engagés, nous avons illustré l’adaptation de la démarche EcoQuartier à tous les territoires habités ou occupés dans le passé, démontrant que l’aménagement durable doit investir tous les territoires.

Vous trouverez dans cette newsletter un point sur les enjeux de l’aménagement durable des territoires dans les tissus existants et des témoignages de participants qui étaient dans les coulisses de l’organisation de la journée.

Nous proposons également, via ce lien de revenir sur les enseignements issus de cette rencontre : relevé des échanges et propositions issus des 24 ateliers, présentation des conférences et mise en ligne de certains supports et travaux projetés.

Nos travaux, échanges, et perspectives d’actions pour réinventer l’existant continuent bien sûr, avec les collectivités, les partenaires impliqués comme le ministère de la culture, la fédération nationale des parcs naturels régionaux, l’ANRU, l’ANAH, le Cerema, les aménageurs, professionnels et les nombreux acteurs qui nous accompagnent au quotidien dans la démarche EcoQuartier.

Bonne lecture

Le bureau AD4
DGALN

Point sur :

Les enjeux portés par le renouvellement de l’existant


L’urgence sociale et environnementale nous invite à modifier durablement la fabrique et le renouvellement de nos territoires, à réinventer l’existant. La démarche ÉcoQuartier vise à favoriser l’émergence d’une nouvelle façon de concevoir, construire et gérer la ville. Elle recouvre tous les aspects de l’aménagement durable, de la démarche de projet (gouvernance, pilotage, localisation du projet, évaluation…), aux aspects plus techniques liés au cadre de vie et aux usages (mixité sociale, vivre ensemble, solidarité, densité, formes urbaines…), au développement économique et territorial (mixité fonctionnelle, emplois, mobilité…), ainsi qu’à la préservation des ressources et l’adaptation aux changements climatiques (eau, biodiversité, énergie…).
Aménager l’espace en préservant le « déjà-là », en partant de l’existant, est une préoccupation croissante des citoyens, relayée par les élus. Cette évolution du contexte invite à interroger les modes de faire à toutes les étapes : planification, programmation, co-construction et co-aménagement, gestion et amélioration continue. L’échelle du quartier est éminemment pertinente pour engager cette transformation nécessaire de nos villes et de nos territoires : c’est l’échelle de l’habitant et des interactions sociales, celle des élus et des praticiens, celle qui s’adapte et s’élargit à l’échelle d’un bourg et d’un village suivant le contexte où nous nous trouvons.
Voici quelques idées développées au sein des ateliers pour contribuer au renouvellement qualitatif de nos territoires :

  • Planifier et aménager l’espace en valorisant le « déjà-là », concevoir les projets avec le patrimoine reconnu, protégé au titre des monuments historiques et des sites, et avec le patrimoine « du quotidien », tout autant porteur d’histoire et d’identité collective. Révéler les particularités de notre espace habité au quotidien en portant les principes du développement (de l’aménagement) durable
  • S’appuyer sur l’identité paysagère, architecturale et urbaine des lieux, de la petite échelle (ÉcoQuartier) aux grands territoires (Scot et PLU pour la planification, Atelier des territoires et EcoCités pour l’aménagement opérationnel)
  • Accompagner au quotidien les élus, les habitants et les professionnels de l’aménagement pour que la mise en récit des projets urbains ait un ancrage et une identité territoriale forte, en milieu urbain dense, dans le périurbain et en milieu rural (Nouveau conseil aux territoires).


Clés de lecture des stratégies de renouvellement des tissus existants au regard des 4 dimensions de la charte EcoQuartier :

  • Démarche et processus :
    • s’appuyer sur les ressources du territoire,
    • promouvoir une gouvernance élargie (où les acteurs du patrimoine ont pleinement leur place)
    • prendre en compte les pratiques locales voir micro-locales des usagers…
  • Cadre de vie et usages :
    • pour travailler en priorité sur la ville, le bourg, les quartiers existants, mobiliser les « dents creuses », friches, délaissés urbains…
    • mettre en œuvre une qualité paysagère, urbaine et architecturale respectant l’identité et l’esprit des lieux,
    • valoriser le patrimoine local, qu’il soit naturel ou bâti, l’histoire et l’identité du site
  • Développement territorial :
    • valoriser les ressources locales, dont les matériaux locaux,
    • s’appuyer sur les savoir-faire locaux (promotion d’un développement endogène durable)
  • Environnement et climat :
    • concilier aménagement et patrimoine naturel, valoriser la biodiversité

Témoignage :

Témoignages :

Philippe Moutet, Fédération des Parcs naturels régionaux de France

- Une communauté ÉcoQuartiers de l’urbain au rural

La Fédération des Parcs naturels régionaux de France fut pleinement associée à la journée d’échange ÉcoQuartiers le 6 juin dernier à Paris et a ainsi mobilisé le réseau des 51 Parcs naturels régionaux qui, dès le départ, s’est investi dans cette démarche qui a su intégrer la dimension rurale des projets.
Ainsi, la Commune de Faux la Montagne, dans le Parc Millevaches en Limousin, a pu à la fois témoigner sur l’avancée de son ÉcoQuartier mais aussi ouvrir des pistes de réflexion sur l’adaptation des outils de financement à la réalité de projet et sur la ténacité requise pour aller au bout du projet. Cette journée a permis aussi aux Parcs présents de découvrir des opérations plus urbaines ou conduites sur des territoires aux contextes différents et ainsi d’enrichir leur expérience.
Le lieu de cette manifestation, lui-même en pleine mutation, et le format des ateliers ont permis de véritablement échanger sur les pratiques, les intentions et les freins et leviers qui s’articulent autour de l’aménagement opérationnel durable.
Dans les ateliers que j’ai suivis, l’innovation était souvent mise à l’honneur : innovation en termes de gouvernance de projet, de mode de construction ou de rénovation, expérimentation sur le logement participatif, dans un projet de logement social notamment.

Au final, si l’engagement et la volonté des territoires vont en croissant, il a été souligné l’importance d’intégrer les dimensions d’aménagement durable à l’amont des projets, l’utilité de la charte ÉcoQuartier comme fil conducteur d’une démarche de projet, et la nécessité d’être créatifs et ouverts quant aux aspects réglementaires et financiers dans ce cadre d’expérimentation.

Une journée interactive à renouveler, qui confirme la constitution d’une communauté ÉcoQuartier en croissance.

Céline Guichard, architecte et urbaniste de l’état, Chargée de mission urbanisme et développement au ministère de la Culture

La journée du 6 juin « réinventer l’existant » était un rendez-vous important pour le ministère de la Culture, au regard des enjeux portés à travers les projets présentés. La richesse des échanges, la qualité des interventions et des intervenants, la vitalité du lieu dans lequel cela s’est passé ont rappelé à quel point il est important d’identifier et reconnaître les spécificités d’un site façonné par sa géographie et son histoire pour pouvoir mieux s’inscrire dans une continuité tout en répondant aux nouveaux enjeux en termes de qualité de cadre de vie et d’usages. Pour l’aménagement et l’architecture, le contexte urbain, architectural et paysager auquel il appartient, constitue une ressource précieuse à comprendre, valoriser, protéger ou adapter. Les nouveaux ÉcoQuartiers exploreront de plus en plus ces situations, dans la ruralité, les centralités existantes ou les grands ensembles du 20ème siècle par exemple.
Le ministère de la Culture porte des objectifs de qualité de la construction, du cadre de vie et du paysage. Il s’implique dans la démarche ÉcoQuartier depuis 2013 et participe à ses instances de gouvernance interministérielles et partenariales (commission nationale et comité scientifique). Cette approche intégrée correspond aux 6 axes de la Stratégie nationale de l’Architecture :

  • Sensibiliser et développer la connaissance de l’architecture pour le grand public et l’ensemble des acteurs publics et privés de la construction (SNA - Axe A)
  • Prendre en compte l’héritage architectural des XXe et XXI siècles et développer l’intervention architecturale pour valoriser et transformer le cadre bâti existant (SNA - Axe B)
  • Articuler formation-recherche-métiers et rapprocher les univers professionnels de l’architecture, de la construction et du cadre de vie. (SNA - Axe C)
  • Identifier et mobiliser les compétences d’architecture (SNA - Axe D)
  • Distinguer la valeur économique de l’architecture et accompagner les mutations professionnelles (SNA - Axe E)
  • Soutenir la démarche expérimentale et sa valeur culturelle. (SNA - Axe F)
  • Favoriser la qualité, la création et l’innovation architecturale ( SNA – Axe F mesure 29)

Brèves

Réinventer les espaces « laissés pour compte », renouveler les tissus pavillonnaires

Encouragés depuis plus de trente ans à travers des politiques publiques en faveur de l’habitat individuel comme solution d’hébergement accessible, les tissus pavillonnaires font partie de notre paysage urbain. Souvent décriés comme un impensé en matière de qualité architecturale et urbaine, les tissus pavillonnaires existants ont mauvaise presse en matière d’aménagement durable : espaces monofonctionnels, forte présence de la voiture, passoires énergétiques au niveau des constructions… Malgré les préoccupations croissantes en matière de lutte contre l’étalement urbain et de préservation des ressources, les tissus pavillonnaires continuent leur expansion et la maison individuelle demeure la forme urbaine préférée des français… et des élus désireux d’accueillir de nouveaux habitants. Face aux besoins en logement insatisfaits en dépit de l’augmentation du rythme des constructions, la reconversion-réhabilitation-réinvention des tissus pavillonnaires existants apparaît comme une nécessité. Nous ne pouvons plus, en effet, parler de construire la ville sur la ville en excluant cette part importante du territoire habité. Ce parc vieillissant, constitué en grande partie d’une juxtaposition de maisons individuelles, interroge les notions de diversité sociale, de mixité des usages, services, activités, de rapport à la mobilité, à la qualité d’un cadre de vie. Il s’agit de voir quelle place donner à ce patrimoine immense dans le renouvellement de la ville. Il s’agit aussi de tirer profit des qualités intrinsèques de certains de ces espaces pour ne pas tomber à nouveau dans le tabula rasa systématique et tendre vers des réponses adaptées à chaque contexte. En matière d’habitat individuel, un regard rétrospectif sur des cités jardin témoigne du fait que la qualité du cadre de vie ne réside pas toujours dans sa typologie urbaine. Les enseignements issus des 4 ateliers portant sur le renouvellement des tissus pavillonnaires sont disponibles ici : http://www.ecoquartiers-club.logement.gouv.fr

Ecotopies, « Réinventer les Villes »

Dans le cadre de la websérie diffusée cet été sur Arte.tv, l’un des 12 épisodes s’intitule « réinventer les villes », et illustre la manière dont on peut réutiliser, recycler des espaces pour réapproprier des friches industrielles ou militaires par exemple.

http://www.ecoquartiers-club.logement.gouv.fr/les-rendez-vous-d-ecotopies