N°2 Avril 2013
 

Editorial

Le mot du Club PLUi

Bonjour à tous,

Notre séminaire annuel s’est tenu le 3 avril dernier. Avec près de 200 participants, dont une centaine de représentants de communautés et de nombreux partenaires et représentants des services de l’Etat, cette journée restera comme un moment fort de ce premier semestre pour le Club PLUi.

Lors des différentes tables rondes, et au travers de nombreux témoignages, nous avons pu collectivement faire avancer la réflexion sur le PLUi. Ce séminaire aura également été l’occasion de partager les principales réalisations du Club depuis son lancement en mars 2012, et de vous présenter les prochaines étapes de travail et notre feuille de route pour 2013. Cette journée s’est conclue par la présence de la ministre de l’Egalité des territoires et du Logement, Cécile Duflot, qui a accueilli les 25 nouveaux lauréats et partagé quelques perspectives sur les évolutions législatives envisagées.

Vous pouvez retrouver dès maintenant l’ensemble des productions diffusées lors du séminaire, ainsi que le compte-rendu des échanges sur notre page extranet PLUi (utilisateur : ecoquartiers ; mot de passe : extr@eco).
Aussi, dans ce deuxième numéro de notre lettre d’information, nous vous proposons dans notre « zoom » de revenir sur les principaux enseignements des deux tables-rondes qui se sont tenues pendant notre journée du 3 avril.
Enfin, vous pourrez lire le témoignage d’Henry Féral, Vice-président de la Communauté de communes du Vère-Grésigne en charge du développement économique et membre du comité directeur de l’Association des maires de France (AMF). Il reviendra sur l’ensemble du processus d’élaboration du PLUi, le document du Vère-Grésigne ayant été approuvé en décembre dernier.
Bonne lecture !

Dominique Petigas-Huet
Chef du bureau de la planification urbaine et rurale et du cadre de vie (DGALN/DHUP/QV3)

Zoom sur…

… les tables rondes du séminaire du 3 avril 2013

Table-ronde #1 : Le co-construction entre communes. Animation : M. Philippe Schmit, AdCF.

Le sentiment partagé au cours de la première table-ronde était que, malgré les scepticismes et les réticences parfois constatés au lancement des projets de PLUi, l’implication des communes et leur contribution au débat s’organisaient avec pragmatisme et efficacité.
Les échanges ont débuté par une précision de Mme Wassner, qui a souligné préférer la notion de « plan local d’urbanisme communautaire » à celle de PLUi, cette notion renvoyant davantage à « l’idée de construire ensemble ». Tout au long de la journée du 3 avril, c’est cette terminologie qui a été majoritairement utilisée par les intervenants.
La question de la mise en confiance des élus et des communes est apparue comme essentielle. Pour y contribuer, l’implication de tous doit être totale et sincère. Implication de la part du Président, d’abord : ainsi de M. Guilhot prenant son « bâton de pèlerin » pour rencontrer les conseils municipaux. Implication, plus largement, des maires, des cadres et des secrétaires de mairie, condition indispensable à la réussite d’un PLU communautaire pour M. Goasdoué. Cela rejoint le « besoin d’égalité » évoqué par M. Chrétien : « dans une politique d’aménagement communautaire, il faut que tous les maires de l’agglomération soient concernés et que tous fassent des efforts ». A cela doit s’ajouter l’implication des services de l’Etat  : les élus présents ont insisté sur l’importance de pouvoir s’appuyer sur eux et de se coordonner avec eux. En résumé, Mme Wassner précisait qu’au-delà de l’écoute, pour instaurer la confiance, « la cohérence et le caractère vivant » du document sont indispensables.
A la suite des échanges avec la salle, certains exemples concrets sont venus illustrer la manière dont une réflexion sur la planification intercommunale peut faire évoluer les esprits et les positions. L’exemple de la question scolaire donné par M. Méquignon a retenu l’attention : certaines communes ont voté à l’unanimité la fermeture d’écoles (4 au total) afin de rejoindre un regroupement pédagogique concentré. Ce vote a acté le passage d’une gestion indépendante et par commune de l’école, à une réflexion et une gestion communautaires ; communautarisation qui s’est appuyée sur les habitudes de travail déjà existantes.

Table-ronde #2 : En quoi l’intégration des politiques d’urbanisme, d’habitat et de déplacements sur un territoire élargi appelle une nouvelle gouvernance technique et politique ? Animation : Mme Brigitte Bariol, FNAU.


Sur la deuxième table-ronde, en partant des questions de gouvernance, il est ressorti que l’intégration des politiques d’urbanisme, de logement, d’habitat (voire d’environnement) est un exercice juridiquement et méthodologiquement complexe, mais politiquement utile : ce cadre permet de prendre le temps de penser ces enjeux de manière articulée et prioritaire.
Pour débuter, M. Grebot a détaillé les modalités de la gouvernance en place à Brest : un comité de pilotage qui associe l’ensemble des maires des communes ; un comité opérationnel coprésidé par le président en charge de l’urbanisme, de l’habitat et du foncier, et le premier vice-président en charge du développement durable. Au Grand-Lyon, M. Brachet a précisé que la commission de mise en révision est co-présidée par la vice-présidente chargée du PLU et par le vice-président habitat et logement, une gouvernance à deux qui irrigue l’ensemble du projet de PLU communautaire.
Au-delà, M. Brachet a précisé combien le PLUi 3 en 1 permettait d’enrichir les échanges et le travail  ; en l’occurrence, à Lyon, l’habitat est devenu « le dossier le plus discuté », ce qui « permet de faire reconnaître le logement comme une question essentielle de la communauté ». A Agen ce sont les études d’impact sur le climat menées dans les communes dans le cadre du PLUi qui ont permis de fédérer car c’est une « préoccupation » pour chacun des maires : ils ont par la suite lancé un plan climat. Aussi, pour Mme Casanova, « le PLUi a été l’occasion de réfléchir à la question des transports : il y a une vraie opportunité à avoir un document qui sans être totalement intégrateur ait une vraie dimension transversale ».
L’intervention de M. Malgat a ensuite permis d’expliquer le succès des PLUi sur son territoire (le Maine et Loire). Il y voit différentes raisons : la couverture du territoire par 7 SCOT, ce qui incite les communautés à travailler à leur déclinaison et à leur mise en œuvre opérationnelle ; la politique d’incitation du conseil général, délégataire des aides à la pierre, qui contractualise avec les EPCI qui ont un projet ; l’opportunité de gérer de manière efficace un projet de territoire ; la mutualisation des compétences et … une certaine émulation entre EPCI.
Enfin, les participants ont abordé la question des OAP, vues comme « l’outil dans lequel on met en cohérence » (M. Grebot). Les échanges illustrent bien d’une part la diversité des pratiques, de l’autre la nécessaire vigilance quant à la sécurité juridique des documents produits.

Témoignage

Henry Féral, Vice-président de la communauté de communes du Vère-Grésigne

Alors que le PLUi de la communauté de communes du Vère-Grésigne (Tarn) a été approuvé le 17 décembre 2012, trois questions à Henry Féral, Vice-président de la communauté de communes, chargé du développement économique, maire de Puycelsi et membre du comité directeur de l’Association des maires de France (AMF).

« Nous n’héritons pas de la terre de nos grands parents, mais nous empruntons celle de nos petits enfants »
Antoine de Saint Exupéry

1. Quelles raisons ont poussé les communes et la communauté de communes à élaborer un PLUi ?
Depuis 1992, la communauté de communes du Vère-Grésigne s’est dotée de nombreuses compétences, parvenant ainsi à une intercommunalité très intégrée, même lorsque 7 communes sont venues en 2007 rejoindre les 12 initiales.
La bonne entente en général, la pratique de travail en commun dans différents domaines a toujours permis d’appréhender les enjeux territoriaux dans une logique de solidarité communautaire : cela se traduit par un cœfficient d’intégration de 0,56 alors que la moyenne nationale est de 0,33.

Aussi dans cet état d’esprit, élaborer un PLUi, alors que la majorité des communes n’avait pas de document, apparaîssait comme une démarche normale, signifiait doter pour la première fois le territoire d’un document d’urbanisme de projet, et par là avoir une approche globale et commune de la gestion des sols et du patrimoine. Pour certaines communes, passer de la carte communale à un PLUi, c’était garantir une bien meilleure protection de leur patrimoine de grande qualité.
Par ailleurs la communauté de communes, membre du syndicat mixte du Pays Vignoble gaillacois, Bastides et Val Dadou, avait l’obligation de mettre en compatibilité son document avec les orientations générales du SCoT approuvé le 11 mai 2009, notamment en termes de maîtrise du foncier constructible, d’identification des trames verte et bleue, etc.

2. Qu’est-ce que cette démarche de PLUi a apporté à votre communauté, aussi bien politiquement que techniquement ?
L’idée a été de mettre à disposition une personne à mi-temps du service urbanisme du syndicat de Pays afin de piloter les études de l’élaboration du PLUi, ce que les communes seules n’auraient pas pu assumer. La mutualisation des moyens d’ingénierie et financiers a été un véritable levier d’action dans la qualité et l’efficacité du travail mené.
Travailler à l’échelle intercommunale a assis le portage politique du projet de PLUi :

  • en terme d’économie de terrains, 1 seule zone d’activités a été créée ;
  • le projet d’accueil de population s’est équilibré en fonction de l’accès aux services répondant ainsi à l’adaptation des formes urbaines et à la typologie des logements ;
  • concernant le cadre de vie, la volonté partagée de préserver le patrimoine bâti et paysager afin d’affirmer le caractère identitaire du territoire s’est traduit par l’élaboration d’une Charte de recommandations architecturale et paysagère que les administrés utilisent de manière très pédagogique.
La démarche de PLUi a nécessité bon nombre de réunions et par là, même si les hommes se connaissaient, a favorisé la découverte de chacun des territoires, le décloisonnement, et une multiplication des échanges. Ainsi elle a permis un renforcement des modes de fonctionnement et de gouvernance du territoire à travers la réflexion commune, notamment sur la cohérence des choix d’aménagement entre les 19 communes et sur les thématiques telles que l’économie, l’agriculture, l’habitat, les services, l’environnement. Il en résulta une prise de conscience partagée du territoire, notamment en matière de patrimoine bâti ou encore de problématiques liées à la vacance des logements dans les villages.
Ainsi la communauté devient le lieu de référence d’informations juridiques et techniques pour les élus et techniciens en charge de la planification de l’urbanisme, notamment en prévision des évolutions législatives en cours et à venir.
Par ailleurs, les réflexions en matière d’harmonisation de la fiscalité de l’urbanisme ont été étudiées et anticipées.
Enfin, cette démarche a abouti à différentes actions et création de services : engagement d’une OPAH, création d’un SIG au niveau du syndicat de Pays. Les missions du SPANC ont été mises en œuvre et un service d’instruction des autorisations d’urbanisme mutualisé au niveau communautaire a été créé.
L’ingénierie opérationnelle, notamment en termes de stratégie et d’acquisition foncière ainsi que d’assistance à la conduite d’actions d’aménagement opérationnelles, est en voie de formalisation.

3. Pour les communautés qui réfléchissent à élaborer un PLUi comme pour celles qui y sont déjà engagées, que pensez-vous que le Club PLUi puisse leur apporter ?
Tout d’abord une mise en commun d’informations ne peut être que positive, l’organisation sur le terrain de rencontres entre élus peut présenter un intérêt. Toutefois, il faut faire attention aux problématiques différentes en raison de la taille et de la population des communautés, et ne pas oublier de tenir compte des plus petites communes. Dans cette démarche, il faut assurer aux élus qu’ils ne perdront « pas leur casquette » mais que leur pouvoir en sortira renforcé parce qu’ils pourront maîtriser leur foncier, en s’appuyant sur un service de proximité de la communauté, notamment en raison de la disparition de l’appui des services de l’Etat. Les appartenances politiques ne doivent pas être non plus un obstacle. Le plus à craindre c’est la relation parfois entre les hommes.
Enfin il est certain que si on impose par la loi le transfert obligatoire de la compétence PLUi, la démarche sera vouée à l’échec. Il faut avant tout une volonté affirmée des élus de vouloir avancer ensemble.
Il serait opportun d’envisager un soutien financier qui pourrait prendre la forme incitative, pour les communautés qui ont terminé leur PLUi, d’une aide affectée spécifiquement à un projet d’aménagement urbain à conduire par la communauté, dans le cadre du PLUi (projet du type entrée de bourg/ cœur de village) dans chacune des communes membres.

Agenda

23 mai 2013  : Guennolé Poix (DHUP / QV3) présentera le Club PLUi au club inter-régional planification des régions Centre et Poitou-Charentes, à Tours.

11 juin 2013 : 3e réunion du club territorialisé Bourgogne à Autun (Saône-et-Loire).

27 juin 2013 : 3e réunion du club territorialisé Basse-Normandie, à Sainte-Mère-Eglise (Manche).

Brèves

Lors du séminaire du 3 avril, 25 nouvelles communautés lauréates ont été accueillies dans le Club. Vous pouvez télécharger la liste et la carte de France, à jour, de l’ensemble des 92 communautés membres du Club PLUi, sur l’extranet du Club.

Suite au séminaire annuel du Club PLUi du 3 avril dernier, de nouveaux documents ont été mis en ligne sur l’extranet PLUi : le compte-rendu de la journée ; le rapport d’activité du Club ; la plaquette de présentation du Club ; le Questions-réponses ; la restitution de l’enquête sur l’avancement des PLUi ; la liste et la carte des lauréats.

Lors de la réunion des chefs de service aménagement des DREAL, le 24 avril dernier, une intervention du bureau QV3 (DGALN/DHUP) a eu lieu suite au séminaire annuel du Club. Cette intervention a notamment permis d’évoquer le lancement des nouveaux clubs territorialisés et de rappeler l’importance de l’engagement des DREAL dans l’accompagnement des démarches locales.

La 2e réunion du club territorialisé Basse-Normandie s’est tenue le 21 mars dernier à Alençon. Réunissant une trentaine de participants, la journée s’est articulée autour de trois sujets : la problématique agricole dans les PLUi, les dispositions habitat dans le PLUi et l’écriture des cahiers des charges de consultation de l’ingénierie. La prochaine réunion aura lieu fin juin et portera notamment sur la question de la gouvernance et sur les travaux en cours sur la rédaction des OAP.

Les travaux sur la rédaction des OAP ont démarré dans le cadre du groupe de travail national méthodologique et juridique. Les premiers résultats sont attendus pour l’été 2013.

La communauté de communes Cœur Côte Fleurie (Trouville – Deauville) a approuvé son PLUi le 22 décembre 2012. Les différentes pièces constitutives du PLUi sont disponibles sur son site Internet.

Le 19 avril 2013, Brest métropole océane a arrêté son projet de PLU facteur 4, c’est-à-dire le projet de PLU communautaire tenant lieu de PLH, de PDU, articulé avec le plan climat-énergie territorial

Le Réseau action climat (RAC) vient de publier 11 propositions pour lutter contre l’étalement urbain. La première propose de « transférer le PLU à l’échelle intercommunale ». Retrouvez ces propositions ici.

 
Si vous souhaitez vous désinscrire de cette lettre d’information, merci d’envoyer une demande en ce sens à club.plui@developpement-durable.gouv.fr.