Adrien : Bonjour Martine, je t’ai vue au loin et je t’ai rattrapée ; quel temps idéal pour faire du vélo  !


Martine : Ah oui alors  ! Je pensais que ce serait plus difficile de s’y remettre. Mais un petit tour à la vélo-école près de chez moi et j’ai bien repris confiance. Ils ont été très patients et c’était gratuit avec le « coup de pouce remise en selle ». En plus je me sens maintenant en bien meilleure forme qu’avant  !

Adrien : Tu vas faire tes courses ?

Martine : Non, non, je vais au travail. J’ai hésité entre le bus et ma voiture. Mais hier j’ai perdu une demi-heure dans les embouteillages avec la voiture. On dirait que les gens conduisent encore plus mal qu’avant, c’est insupportable  ! Et le bus, avec tous ces gens autour de moi, cela me fait encore un peu peur tant que le virus circule… c’est sûr que le vélo pour la distanciation physique c’est l’idéal.

Adrien : Oui, tu as bien fait d’adopter la petite reine du déconfinement. Moi j’en ai profité pour utiliser mon « coup de pouce réparation » et me voilà avec des pneus neufs dont j’avais bien besoin. Tu as vu que les élus prennent aussi des initiatives  : nouvelles pistes cyclables temporaires – ça s’appelle des corona-pistes paraît-il -, aide pour acheter un vélo électrique dans certaines villes, coup d’accélérateur sur les travaux de construction des pistes déjà prévues. C’est bien.


Martine : J’ai l’impression que tout le monde s’occupe beaucoup du vélo en ce moment… Ils ont raison, les gens ne prendront leur vélo que s’ils se sentent plus en sécurité, surtout qu’ici en Normandie la tendance « vélo » au quotidien c’est encore assez récent. Et en dehors de Caen, Rouen et Le Havre, c’est même encore plus récent.


Adrien : J’espère que cette fois-ci, c’est bien parti et pas que pour les habitants des grandes villes de la région. Mon réparateur de vélo m’a dit que l’État met 50 millions d’euros de plus sur la table cette année pour rendre plus sûrs les trajets en vélo. Il m’a dit que cela s’appelle un appel à projet « continuités cyclables ». Pourvu que nos élus pensent à nous qui n’habitons pas tout près de la ville  !

Martine : Dis donc, tu as tout retenu  !

Adrien : Tu sais, le vélo c’est ma passion. Je peux même te dire que toi qui vas au travail en vélo, tu devrais demander à ton patron de te verser le forfait « mobilité durable ».



Martine : Qu’est ce que c’est ?


Adrien : Eh bien ton patron peux te verser jusqu’à 400€ par an pour que tu prennes ton vélo pour faire les trajets domicile-travail.


Martine : Bonne nouvelle  ! Je vais faire mes comptes et avec l’essence que je mets en moins dans la voiture je vais peut-être pouvoir investir dans un vélo électrique. Il faut que je me renseigne auprès de l’agglo, il y a peut être aussi des aides pour l’achat d’un vélo électrique. C’est ce qu’écrit le journal en tous cas.


Adrien : Il faut que je te laisse, j’ai promis d’accompagner mon petit fils à l’école ce matin. Ma fille avait un peu peur de le laisser y aller tout seul en vélo. Alors c’est moi qui vais le guider pour qu’aller à l’école en vélo ne soit plus un problème. Je prépare la nouvelle génération des cyclistes normands.

Le dé-confinement ne sera une réussite que si l’on réussit à maintenir la distanciation d’un mètre minimum entre les individus et c’est un défi dans les transports en commun. Le retour à la mobilité est donc un enjeu fort et l’usage du vélo est une véritable opportunité.
En effet, une voie urbaine permet de faire circuler jusqu’à 800 voitures/heure avec la plupart du temps une seule personne à bord, mais une piste cyclable de même dimension accueille 4 à 5 fois plus de vélos.

En Normandie, avec les associations de promotion de l’usage du vélo, plusieurs collectivités réfléchissent à l’aménagement de voies cyclables temporaires. Certaines viennent même d’en aménager, en un temps record, pour le déconfinement du 11 mai.
Des aménagements sommaires et temporaires peuvent en effet être réalisés très rapidement et à moindre coût, en utilisant du mobilier facile à installer et désinstaller pour transformer un boulevard, une rue ou un espace public en voie cyclable.

Le CEREMA (Centre d’étude et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement), dont une implantation est située au Grand Quevilly propose une boite à outils techniques et des formations « flash » pour découvrir les leviers qui facilitent la circulation des cyclistes pendant le déconfinement  : réduire le nombre de voies motorisées, élargir les aménagements cyclables existants, modifier le plan de circulation, mettre en place du stationnement vélo, etc.

► En savoir plus …  : https://www.cerema.fr/fr/actualites/formations-flash-aux-amenagements-cyclables-provisoires

Mais alors, l’urbanisme tactique, en quoi cela consiste au juste ?
A l’image de ces pistes cyclables temporaires, ce sont des expérimentations d’aménagement provisoire de l’espace public portées par les habitants, avec l’accord des élus.
Les spécialistes regroupent aujourd’hui ces initiatives sous le qualificatif d’ « urbanisme tactique ». Créé en 2005 à San Francisco, le concept d’urbanisme tactique a ensuite été défini par l’urbaniste américain Mike Lydon. Il réunit trois principes  : l’intervention à petite échelle, le court terme et le low-cost. Il se définit avant tout comme un projet issu de la force de proposition des habitants et usagers d’un même quartier, un projet alternatif, plus agile, mais pas nécessairement incompatible avec les grandes opérations d’aménagement urbain portées par les collectivités.