PJDD N° 11 - Mai 2012
 

ÉDITORIAL

Les pluies des dernières semaines ont permis d’éloigner le spectre d’une nouvelle sécheresse. Ne nous trompons pas, elles ne résoudront pas les questions posées lors de la sécheresse 2011, notamment les tensions qui sont apparues !!
Tensions en terme d’approvisionnement, que ce soit pour l’alimentation en eau potable, pour l’agriculture (abreuvement, irrigation), pour l’industrie ou pour les loisirs, mais aussi tensions entre les usages qui ont montré que la Corrèze était aussi fragile que les départements voisins malgré son statut de « château d’eau ». Vous trouverez dans cette édition du Petit Journal du Développement Durable quelques pistes faciles à mettre en œuvre.
Quantité mais aussi qualité de l’eau : nitrates, produits phytosanitaires, eutrophisation, … sont autant de risques potentiels qu’il convient de ne pas négliger.

L’eau une ressource précieuse, préservons la !

"Jusqu’à ce que la douleur le lui enseigne, l’homme ne sait pas quel trésor est l’eau" - Lord Byron

Chef du service
Chef du service
Environnement, Police de l’Eau et Risques

LE DOSSIER DU MOIS…

L’eau potable dans le monde et en France

97,5% de l’eau présente sur terre sont constitués d’eau salée. Seulement 0,3% de l’eau terrestre est utilisable par l’homme.
L’eau est une ressource rare qu’il faut préserver : 1 homme sur 3 n’a pas accès à l’eau potable dans le monde.

L’eau potable, constituant essentiel pour le développement de la vie, est soumise en France à la réglementation précisée par le Code de la Santé Publique. La qualité de l’eau distribuée au robinet du consommateur dépend d’une part de la qualité de l’eau de la rivière, de la source ou de la nappe souterraine dans laquelle elle est prélevée, d’autre part des traitements effectués après le prélèvement.

De nombreux contrôles sont effectués tout au long de la chaîne de production d’eau potable : au point de captage, à la station de traitement, au niveau des réseaux de distribution…

L’eau potable, c’est en France de l’ordre de 34 000 captages d’eau à raison de 18,5 millions de m3 d’eau prélévés par jour.

Vous cherchez des informations générales dans le domaine de l’eau en France, eaufrance, le portail de l’eau est le point d’entrée du Système d’information sur l’eau (SIE).

L’eau et l’agriculture

L’agriculture est l’activité qui consomme la majorité de l’eau disponible dans le monde : les 3/4 de tout le volume d’eau mondial sont consommés pour l’irrigation des cultures. En France, 43 % de la consommation globale d’eau est consacrée à l’agriculture.

Quelques chiffres clés (source CNRS) :

  • 238 litres/kg de maïs ensilage
  • 346 litres/kg de banane
  • 454 litres/kg de maïs grain
  • 524 litres/kg d’orge
  • 590 litres/kg de pomme de terre et de blé
  • 900 litres/kg de soja
  • 1600 litres/kg de riz pluvial
  • 5000 litres/kg de riz inondé
  • 5263 litres/kg de coton
  • 15 500 litres /kg de boeuf

Un régime alimentaire occidental consomme environ 4 000 litres d’eau "virtuelle" par jour, contre 1 000 litres d’eau pour un régime alimentaire chinois ou indien.

En savoir +

La préservation de la ressource en eau… un enjeu majeur

Les périmètres de protection

La mise en place de périmètres de protection autour des points de captage est l’un des principaux outils utilisés pour assurer la sécurité sanitaire de l’eau et ainsi garantir leur protection, principalement vis-à-vis des pollutions ponctuelles et accidentelles. Ce dispositif réglementaire est obligatoire autour des captages d’eau destinés à la consommation humaine depuis la loi sur l’eau du 3 janvier 1992.

Le dispositif des Zones Soumises à Contraintes Environnementales

Le dispositif des zones soumises à contraintes environnementales (ZSCE) de protection est issu de l’article 21 de la loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre 2006. Cet outil vient en complément du dispositif des périmètres de protection, afin de lutter contre les pollutions diffuses.

Les captages prioritaires "Grenelle"

Sur les sites internet des ministères en charge du Développement durable, de la Santé et de l’Agriculture, vous trouvez la liste des 530 ouvrages constitués de plus de 890 points de prélèvement (cf définition Sandre).

Quelles sont les origines de la sècheresse ? En France, les ressources en eau sont-elles suffisantes ? Comment sont décidées les mesures de restriction ? Sècheresse et changement climatique : comment anticiper ? Ce dossier consacré à la sècheresse vous apporte toutes les réponses.

<H1> Economiser l’eau, comment ? </H1>

Les réserves d’eau potable s’amenuisent, mais la consommation d’eau dans les pays développés est considérable : en France, une famille de 4 personnes consomme en moyenne 410 litres d’eau quotidiennement, les familles aisées consommant plus d’eau que les familles modestes. La consommation d’eau est plus importante en ville qu’à la campagne, et en région parisienne qu’en province.

A ces utilisations individuelles, s’ajoutent les consommations d’eau collectives : à l’école, au travail, dans les hôpitaux, pour le nettoyage des rues, l’arrosage des jardins publics…

Du fait d’une ressource de moins en moins abondante et de plus en plus chère, il y a des solutions simples pour économiser et filtrer l’eau.
Économiser l’eau est devenu un geste indispensable qui permet de faire des économies.
  (nouvelle fenetre)

  • Choisissez les dispositifs économes (1 douchette à environ 30€, 1 flexible renforcé, 2 plaquettes WC à 15 €, 2 mousseurs réducteurs d’eau à 20€). Ces produits permettent d’économiser 45 m3/an soit 180 €/an pour un investissement de 70 €. Ils sont rentabilisés en moins de 6 mois ;
  • Remplacer vos vieux lave-linge et lave-vaisselle anciens est efficace mais coûteux. Ne le faites bien entendu que lorsque vos appareils ne fonctionnent plus correctement. En attendant pensez à utiliser plutôt les programmes avec économies d’eau et à température plus basse ;
  • La récupération d’eau de pluie permet de récupérer un volume assez faible, elle est rentabilisée en plus de 15 ans. A budget équivalent, elle permet de récupérer un volume 10 fois plus faible qu’avec les dispositifs sur les sanitaires décrits précédemment. Elle ne s’envisage donc qu’après avoir réalisé les autres aménagements.

    A moins que cette eau non potable puisse être un jour utilisée pour le lave-linge, le lave-vaisselle, les toilettes ou encore le lavage de voiture !

La qualité de l’eau potable

En France, chaque habitant consomme, en moyenne, 150 litres d’eau par jour pour ses usages sanitaires et domestiques.

La réglementation en vigueur

La directive 98/83/CE fixe au niveau européen des exigences à respecter au sujet de la qualité des eaux destinées à la consommation humaine. Cette directive a été transposée en droit français dans le code de la santé publique, aux articles R. 1321-1 à R. 1321-66.

L’arrêté du 11 janvier 2007 fixe des normes de qualité à respecter pour un certain nombre de substances dans l’eau potable dont le chlore, le calcaire, le plomb, les nitrates, les pesticides et les bactéries.

En France, l’eau du robinet est l’un des aliments les plus contrôlés. Elle fait l’objet d’un suivi sanitaire permanent, destiné à en garantir la sécurité sanitaire. Pour accéder directement aux principaux résultats du contrôle sanitaire réalisé par les agences régionales de santé, cliquez ICI.

Les nitrates

Présents dans le sol à l’état naturel. Mais ils sont surtout présents en forte concentration dans les lisiers et certains engrais minéraux.
La norme européenne (50 mg/l) a été fixée sur la base des recommandations de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Les pesticides ou produits phytosanitaires

Ces substances chimiques (plus de 300 types dénombrés à ce jour) sont destinées à protéger les végétaux contre les insectes, les champignons ou les adventices, et peuvent pénétrer dans le sol pour atteindre les eaux souterraines ou se déverser directement dans les cours d’eau.
Dans les eaux destinées à la consommation humaine, la norme fixe à 0,1 µg/l la limite de qualité pour chaque type de pesticide et à 0,5 µg/l la limite de qualité pour la concentration totale en pesticides.

La qualité microbiologique

Les normes en vigueur imposent un contrôle strict des germes présents, sachant que certains se trouvent naturellement dans l’intestin de l’homme et des mammifères. Les traitements de clarification et de désinfection permettent de les éliminer efficacement.

Le chlore

Un désinfectant utilisé pour l’élimination des germes pathogènes et pour la sécurité sanitaire du transport de l’eau dans les canalisations. Le chlore utilisé dans l’eau potable ne présente aucun risque sur le plan sanitaire lorsque l’eau potable est de bonne qualité.

Le calcaire

La nature géologique des sols traversés par l’eau modifie sa dureté en fonction de sa teneur en calcaire. Les désagréments sont principalement de l’ordre du confort : entartrage des tuyauteries, sécheresse de la peau causés par les eaux dites « dures » (riches en calcaire).

Le plomb

Le plomb est rarement à l’état naturel dans l’eau. En revanche, certaines canalisations des réseaux de distribution et des réseaux intérieurs d’immeubles anciens sont encore en plomb.
La qualité de l’eau, son acidité, sa dureté sa température et son temps de contact avec la canalisation peuvent provoquer une corrosion plus ou moins importante entraînant la dissolution du plomb dans l’eau. Pour cette raison, l’utilisation des canalisations en plomb est aujourd’hui interdite.

FOCUS SUR…

<H1> Le 6ème forum mondial de l’eau – 12 au 17 mars 2012 à Marseille </H1>

L’accélération du changement climatique, l’accroissement spectaculaire de la demande mondiale en eau exacerbent la pression exercée sur l’eau douce, creusant un peu plus les disparités économiques entre les pays. C’est le constat dressé par les Nations Unies dans son tout dernier rapport annuel présenté à Marseille. Très attendu par la communauté internationale, ce document pointe du doigt deux phénomènes qui contribuent à accélérer la demande en eau :

  • l’augmentation incessante de la demande en eau. Les besoins alimentaires devraient augmenter de 70% d’ici à 2050, l’eau destinée à alimenter les process de production devrait également connaître une hausse de 50% d’ici à 2035. Le rapport rappelle qu’un milliard de personnes n’ont toujours pas accès à une alimentation en eau potable améliorée et ceux qui n’ont pas accès à l’eau courante en ville sont encore plus nombreux qu’ils ne l’étaient à la fin des années 90. D’ici 2050, la population urbaine mondiale devrait atteindre 6,3 milliards d’individus contre 3,4 milliards en 2009.
  • Sècheresses, inondations… Le changement climatique affectera également la demande en eau. L’élévation de 2°C de la température aura un impact financier considérable et certaines régions du monde telles que l’Asie du Sud et l’Afrique devraient être les régions les plus touchées par le changement climatique d’ici à 2030.

    « Les conclusions sont claires, assure Irina Bokova dans la Préface du rapport. (…) L’eau douce n’est pas utilisée de manière durable compte tenu des besoins et des demandes. L’information reste disparate et la gestion fragmentée. Dans ce contexte l’avenir est de plus en plus incertain et les risques susceptibles d’augmenter ».
    Pour en savoir + http://www.worldwaterforum6.org/fr/accueil/

TEXTES FONDATEURS

<H1> La Directive Cadre européenne sur l’Eau (DCE) </H1>

La DCE est un cadre pour la gestion intégrée des bassins, transcrite en droit français par la loi du 21 avril 2004.
Elle a pour objectif de maintenir ou de restaurer la qualité écologique et chimique des eaux de surface et des eaux
souterraines en Europe.

En savoir +

LE CYCLE DE L’EAU

… dans la nature

Sur la terre, l’eau est la seule substance qu’on trouve dans ses trois phases à l’état naturel : solide (glace, neige), liquide (eau liquide) et gazeux (vapeur d’eau).

Malgré le fait que le pourcentage de vapeur d’eau dans l’atmosphère est faible (0 à 4 % de la composition de l’atmosphère), la quantité d’eau est étonnamment grande et elle joue un rôle prépondérant dans le transport d’énergie autour de la planète.

L’eau s’évapore, se condense et se précipite continuellement dans un cycle infini qui entraîne d’énormes échanges d’énergie.

… potable

L’eau brute destinée à la consommation humaine est prélevée dans un cours d’eau ou une nappe d’eaux souterraines. Elle est ensuite acheminée vers une usine de production d’eau potable où elle subit divers traitements physiques, chimiques et biologiques. Rendue potable, elle est distribuée aux consommateurs. Après usage, elle est recueillie pour être conduite vers les usines de dépollution des eaux usées, avant d’être enfin rendue à la nature.

Ce cycle subi par l’eau du fait de son usage par les sociétés humaines se décompose en cinq grandes étapes : le captage, le transport, la production d’eau potable, la distribution, puis la collecte et la dépollution des eaux usées.

Pour alimenter en eau l’ensemble de la population française, pas moins de 40 000 captages, 700 000 kilomètres de canalisations, et près de 16 000 usines de production d’eau potable sont en effet nécessaires. À ceci, il faut encore ajouter les installations de collecte et de dépollution des eaux usées, soit 180 000 kilomètres de canalisations et 12 000 usines de dépollution. À l’évidence, seuls les pays riches peuvent se doter de tels équipements qui font grandement défaut à ceux qui n’en disposent pas.

À chaque étape de ce cycle, la qualité de l’eau est contrôlée par les traiteurs d’eau et les pouvoirs publics : l’eau brute prélevée et celle effectivement fournie aux usagers après traitement doivent toutes deux être conformes aux normes en vigueur.

BASSINS VERSANTS

C’est quoi ?

Il s’agit d’un domaine dans lequel tous les écoulements des eaux convergent vers un même point, exutoire de ce bassin. Ainsi toute goutte d’eau qui tombe dans ce territoire délimité par des frontières naturelles se dirige vers le cours d’eau ou ses affluents, puis vers l’aval et son exutoire.

Le bassin versant d’un fleuve est ainsi un territoire qui s’étend de sa source à son embouchure, incluant tous les affluents (et affluents des affluents) du fleuve, et tous les territoires qui viennent alimenter ces cours d’eau lorsque tombe une goutte de pluie.
Cette aire d’alimentation a des limites géographiques, qui ne tiennent pas compte des limites administratives.

Deux bassins versants sont effectivement séparés entre eux par une ligne de crête topographique appelée alors la ligne de partage des eaux. A l’intérieur d’un grand bassin, un sous bassin peut être défini pour chaque affluent.

Quelle est la différence entre bassin topographique et bassin hydrogéologique ?

Un bassin versant peut être défini non seulement pour des eaux superficielles (bassin versant hydrographique ou topographique) mais aussi pour des eaux souterraines (bassin versant hydrogéologique). Il s’agit alors du bassin versant « réel ». Le bassin versant topographique sous-entendant que le sol est imperméable. Les bassins versants hydrogéologiques sont définis non pas à partir des lignes de crêtes topographiques, mais à partir des lignes de crêtes piézométriques (hauteur d’eau dans le sol).

Les bassins-versants de la Corrèze (format pdf - 399.6 ko - 31/05/2012)

Pourquoi la notion de bassin versant est-elle importante pour nous tous, usagers de l’eau ?

Nous appartenons tous à un bassin versant. Sur ce territoire peuvent exister diverses activités humaines qui ont des impacts quantitatifs (prélèvements) ou qualitatif (pollution) sur l’eau. La rivière circulant de l’amont du bassin, où elle prend sa source, vers l’aval, toute action sur l’eau réalisée en amont du bassin versant peut ainsi avoir un impact sur l’aval du bassin : moins d’eau qui arrive à l’exutoire, eau polluée à l’aval, etc. Il peut survenir, à l’inverse, qu’une action en aval ait un impact en amont (an cas de crue, une protection urbaine sous forme de digue peut freiner l’eau localement et générer des inondations en amont). Ces interrelations sont souvent à l’origine de conflits entre usagers de l’eau situés sur un même bassin.

Réseau hydrographique

Les rivières du département de la Corrèze s’ordonnent selon une disposition rayonnante centrée sur la Montagne limousine.
La densité des cours d’eau est remarquable, souvent supérieure à 1 km de rivière par km².
Toutes les rivières convergent vers la Dordogne, affluent de la Garonne, à l’exception de la Vienne, affluent de la Loire.

Source : SANDRE, 2007

QUIZZ

Quelle est la consommation d’eau d’un lave-linge ?

Réponse

AGENDA

Rio +20 : conférence des nations unies sur le développement durable

Les actualités du développement durable : ICI

L’information mondiale pour le développement durable : ICI

Toute l’actu professionnelle du secteur de l’environnement : ICI

Le petit journal du développement durable

 

Directeur de la publication : Denis DELCOUR

Rédacteur en chef : Véronique BOUCHET

Comité de rédaction : Éric SAUBION, Christophe DUPRAZ