A cinq mois de la conférence de Copenhague, les pays du G8, réunis à l’Aquila (Italie), ont reconnu mercredi pour la première fois la nécessité de limiter le réchauffement à moins de 2°C par rapport à l’époque pré-industrielle. A cette fin, ils se sont engagés à réduire de moitié les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES)d’ici 2050 et celles des pays industrialisés de 80% ou plus, par rapport à 1990 ou "une année plus récente". C’est un progrès important du G8 par lequel les pays développés reconnaissent le défi scientifique du GIEC ainsi que le rôle de leadership qu’ils doivent jouer dans la lutte contre le changement climatique. Les réunions d’Heiligendamm en 2007 et de Toyako en 2008 n’avaient pas permis de telles avancées. Les pays émergents se sont ralliés à l’objectif des 2°C le lendemain de la réunion du G8. Les seize principaux pays émetteurs de CO2 de la planète (responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre mondiale), développés et en développement, réunis jeudi en sommet « Major Economies Forum on Energy and Climate » (MEF), ont reconnu ensemble la nécessité de limiter le réchauffement mondial à 2°C par rapport au niveau pré-industriel. Ils se sont ensuite engagés à identifier un objectif commun des réductions des émissions de GES d’ici à 2050. Si ces résultats constituent des progrès certains en vue de Copenhague, on peut néanmoins regretter l’absence d’objectifs de réduction des émissions de GES à horizon 2020 assurant que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de 2050. Les prochaines réunions du MEF, du G20 à Pittsburg, et les sessions onusiennes doivent permettre de définir un objectif intermédiaire à hauteur du défi scientifique ainsi que d’avancer sur le soutien financier aux pays les plus vulnérables au réchauffement.En savoir plus
Les résultats obtenus à l l’Aquila :
- Référence à la nécessité de limiter l’augmentation de température à 2°C par rapport aux niveaux préindustriels (G8 et MEF).
- Mention du fait qu’un pic global des émissions doit avoir lieu « le plus tôt possible » (G8 et MEF).
- Introduction de la notion de comparabilité (G8 et MEF).
- Objectifs moyen terme (G8 et MEF) :
. pour le pays développés : réductions « robustes » et en ligne avec les objectifs de long terme (notion de trajectoire).
. pour les pays en développement : déviation significative par rapport au « business as usual ». - Objectif long terme :
. objectif de réduction de 50% en 2050 en agrégé et 80% en 2050 pour les pays développés (G8).
. « travailler à identifier » un objectif global pour des réductions des émissions mondiales substantielles d’ici à 2050 (MEF).
Les résultats à obtenir d’ici la fin de l’année :
- Objectif moyen terme : des engagements chiffrés pour les pays développés et ce notamment afin d’obtenir des pays en développement un accord sur un objectif de réduction de 50% en agrégé en 2050, dans le cadre du MEF.
- Poursuivre les discussions sur la question de la comparabilité.
- Financement : obtenir un consensus sur la proposition mexicaine, préciser les détails de cette proposition et les modalités d’un éventuel couplage avec la proposition norvégienne.
- Forêt : modalités de prise en compte de la forêt dans la négociation.
- Technologie : le concept de « global partnership » lancé par le MEF à l’Aquila reste à définir
Les actions pour y parvenir
Au niveau européen , cinq grands sujets devront être résolus : les engagements et objectifs de réduction des émissions (comparabilité, passage du 20 à 30% au niveau UE) ; le financement incluant le « burden sharing » intra-européen ; la forêt dans les engagements des pays développés (Lulucf) et dans les actions des pays en développement ( REED) ; la réforme des mécanismes de développement propre et des crédits sectoriels ; les émissions du transport aérien et maritime . Ces questions seront adressées lors des grand rendez-vous de la Présidence suédoise : le Conseil ECOFIN (20 octobre), le Conseil environnement (21 octobre) et le Conseil européen (29-30 octobre)
Au niveau international , plusieurs enceintes doivent se compléter . Le Forum des Economies Majeures (MEF) de niveau ministériel qui permet des discussions politiques importantes en matière d’atténuation, de financement, d’adaptation et de technologie : de nouvelles réunions devraient être programmées dès septembre. Les rencontres onusiennes pour poursuivre les discussions sur les textes de négociation, avec 3 rendez vous avant Copenhague : août, septembre/octobre et novembre . Le « Sommet climat » des Nations Unies de niveau Chefs d’Etat et de gouvernement, afin de mobiliser les leaders politiques en faveur du succès de Copenhague et de donner l’impulsion nécessaire aux dernières sessions de négociation. Le Sommet du G20 également de niveau Chefs d’Etat et de gouvernement, qui sera très fortement axé sur la question du financement de la lutte contre le changement climatique.
Au niveau national , il convient de réussir à créer l’alliance avec l’ Afrique (dont Afrique du Sud) et les petits état insulaires afin de faire pression sur les pays les moins ambitieux et ensuite se tourner vers les Etats-Unis, la Chine et le Brésil.