Pour une intercommunalité de 250 000 habitants, la loi plafonne le produit de la taxe GEMAPI à une recette maximale de 10 M€ par an (40€ par habitant).
Admettons que, compte tenu des dépenses prévisionnelles à effectuer au titre de la compétence GEMAPI (travaux d’investissement, adhésion à un EPAGE ou à un syndicat de rivière, etc), l’intercommunalité décide de fixer le produit de la taxe GEMAPI à 5 M€ par an (soit la moitié du plafond admis par la loi en référence à sa population).
Pour appliquer la taxe à l’année N, la collectivité devra voter le montant du produit attendu avant le 1er octobre de l’année N-1.
Calcul de répartition de la taxe GEMAPI sur les taxes locales
Le produit des taxes locales de l’intercommunalité représentait en 2015 environ 185 M€, réparti ainsi :
- 70 M€ de taxe d’habitation (TH),
- 85 M€ de taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) et non bâties (TFNB)*
- 30 M€ de cotisation foncière des entreprises (CFE).
Le produit attendu de la taxe GEMAPI représente 2.7 % de cette somme (5 M€ / 185 M€ = 2.7 %).
La recette de la taxe GEMAPI à hauteur de 5 M€ sera donc réparti à hauteur de :
- 70 M€ x 2.7 % = 1.89 M€ sur la TH
- 85 M€ x 2.7 % = 2.30 M€ sur les TFPB et TFNB
- 30 M€ x 2.7 % = 0.81 M€ sur la CFE
Calcul des taux d’imposition
Les taux d’imposition de la taxe GEMAPI sur les taxes locales se calculent en effectuant le ratio du produit attendu par rapport aux bases d’imposition connues des services fiscaux.
Admettons que les bases d’imposition sont les suivantes :
- 400 M€ pour la TH
- 350 M€ pour la TFPB et TFNB
- 80 M€ pour la CFE.
Les taux d’imposition qui en découlent pour le calcul de la taxe GEMAPI sont donc :
- Taux(Th) = 1.89 / 400 = 0.47 %
- Taux(TFPB+TFNB) = 2.30 / 350 = 0.66 %
- Taux(CFE) = 0.81 / 80 = 1.01 %
Calcul du coût supporté par chaque ménage
Pour calculer le montant de la taxe GEMAPI, chaque contribuable doit multiplier la valeur locative nette (VLN) de son lieu de résidence, le revenu cadastral (RC) du bien qu’il possède ou la VLN des biens immobliers utilisés par son entreprise, par les taux d’imposition précédemment calculés. Ainsi, un contribuable s’inscrivant dans des valeurs moyennes serait redevable des sommes suivantes :
- Sur la TH : 2800€ (VLN d’un contribuable moyen) x 0.47% ? 13 €
- sur la TF : 1700€ (RC d’un contribuable moyen) x 0.66% ? 11€
- sur la CFE : 7700€ (VLN indicative pour le propriétaire d’un garage automobile de 3 salarié) x 1.01% ? 78€
Ainsi, un contribuable moyen serait redevable d’environ :
- 13 €/an s’il est simplement locataire (uniquement redevable de la TH),
- 24 €/an s’il est propriétaire (redevable de TH + TF)
- 102 €/an s’il est propriétaire de sa résidence principale et gérant d’une petite entreprise (redevable de TH + TF + CFE)
En conclusion
L’exemple choisi montre que même si le plafond de 40€ par habitant est respecté pour le calcul du produit global de la taxe, certains contribuables devront s’acquitter annuellement d’une somme supérieure à 40€ (notamment ceux qui sont redevables au titre de plusieurs taxes locales).
Dans le cas présent, l’augmentation globale des impôts locaux reste très faible (< 1%) pour la majorité des contribuables. Elle pourrait être plus élevée pour une intercommunalité rurale faiblement peuplée. Le montant du produit attendu de la taxe GEMAPI peut toutefois être adapté en conséquence.
En savoir plus…
Valeur Locative Cadastrale : le loyer annuel théorique que pourrait produire un immeuble bâti ou non bâti, s’il était loué dans des conditions normales. Elle est calculée forfaitairement à partir des conditions du marché locatif de 1970 pour les propriétés baties et de 1961 pour les propriétés non bâties. Pour tenir compte de l’évolution des loyers, cette valeur est modifié par des coefficients forfaitaires dits d’actualisation et de revalorisation, définis annuellement par la loi de finance.
Valeur Locative Nette (VLN) : elle est égale à la valeur locative cadastrale du local diminuée, s’il s’agit de votre résidence principale, d’abattements obligatoires (pour charges de famille) ou facultatifs (en fonction du revenu, d’un handicap ou d’une invalidité…).
La valeur locative nette est mentionnée sur l’avis d’imposition de la taxe d’habitation (voir exemple).
Revenu cadastral (RC) : il est égal à la valeur locative cadastrale diminuée d’un abattement de 50 %. L’abattement forfaitaire de 50 % permet de prendre en compte les frais de gestion, d’assurance, d’amortissement, d’entretien et de réparation.
La valeur du revenu cadastral est mentionnée sur l’avis d’imposition de la taxe foncière (voir exemple).
Bases d’imposition d’une taxe : somme des valeurs locatives nettes des biens immobiliers soumis à la taxe d’habitation (pour la base d’imposition de la TH), des valeurs locatives nettes des biens soumis à la CFE (pour la base d’imposition de la CFE) et des revenus cadastraux (pour la base d’imposition de la TF). Les bases d’impositions des années précédentes sont renseignées sur le site www.impots.gouv.fr (rubrique statistiques/impôts locaux).
* Pour simplifier l’illustration du calcul, les deux taxes foncières (propriétés bâties et non bâties) sont considérées comme une seule et même taxe. Ceci ne fausse pas l’ordre de grandeur des résultats (le revenu de la taxe sur les propriétés non bâties étant très proportionnellement faible), mais en toute rigueur, les deux taxes devraient être individualisées.