N° 55 - septembre 2016
 

Le mot du bureau

Le mot du bureau

« Bonjour,

La participation citoyenne, la concertation, figurent dans les principes de base de l’aménagement durable, et du référentiel EcoQuartier. Au-delà des strictes obligations réglementaires, de nombreux acteurs (élus, collectivités, associations, professionnels …) se saisissent du sujet, de manière parfois très créative, pour aller plus loin et (re)créer les liens entre les acteurs du territoire.
Cette newsletter de rentrée fait ainsi la part belle à des initiatives, des réalisations originales, pérennes ou éphémères, qui font toutes progresser l’élaboration de projets mieux intégrés et renforçant la place du citoyen sur son territoire : occupation éphémère à visée sociale et artistique de friches en attente d’aménagement, utilisation du projet urbain comme support d’un projet pédagogique, fédération des habitants autour d’un travail de mémoire, implication des citoyens dans le développement de la nature en ville, et conseils pratiques aux acteurs professionnels soucieux de mettre en place une véritable démarche systémique, les initiatives foisonnent !
La mission de renouvellement du label EcoQuartier, confiée par la ministre Emmanuelle Cosse à Alain Jund, et qui a débuté par le Forum Ouvert des EcoQuartiers le 28 juin dernier met elle aussi l’accent sur cet ouverture et ce renforcement des initiatives citoyennes. Rendez-vous est d’ores et déjà pris en fin d’année pour connaitre les propositions de renouveau du Label EcoQuartier

Bonne lecture et bonne rentrée !

L’équipe du bureau AD4
DGALN

Point sur :

Plateau Urbain aux Grands Voisins, les apports de l’occupation temporaire pour la programmation d’un Ecoquartier

Le projet des Grands Voisins, occupation temporaire de l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris 14e, est une expérience inédite de préfiguration par l’usage d’un futur écoquartier. Le site de 3,5 hectares, qui doit être aménagé à partir de 2017, est géré depuis 2014 par l’association Aurore, spécialisée dans l’hébergement, le soin et l’insertion.

Hébergeant 300 personnes en situation de précarité et 300 travailleurs étrangers, Aurore a souhaité mixer cet usage résidentiel avec des usages d’activités, afin de favoriser l’insertion des résidents et de faire face aux coûts de gestion des lieux. Elle a fait appel à l’association Plateau Urbain, spécialisée dans l’élaboration d’occupations temporaires, et au collectif Yes We Camp, chargé de l’animation des espaces publics du site.

Après le diagnostic des locaux inutilisés et leur remise en état, la sélection des porteurs de projet devait répondre à un double objectif de mixité des occupants et d’apport de ces derniers à l’expérience d’occupation du site. Aujourd’hui, 130 structures, soit environ 400 actifs, sont aujourd’hui installées dans les 6 600m² d’activités des Grands Voisins. La participation financière demandée à chaque structure couvre les frais d’occupation et les charges du site, permettant au projet de fonctionner sans subvention publique.

La mixité des structures présentes a permis de mettre en pratique une programmation ouverte, c’est-à-dire définie par la demande locale et les usages, en recherchant la cohabitation entre projets associatifs, entrepreneuriaux et culturels d’ampleur et d’avancement variés. L’occupation temporaire permet ainsi d’animer le site durant la phase de montage d’une opération de renouvellement urbain, d’en préfigurer les usages futurs, et d’impliquer les riverains. Pour les structures associatives et culturelles ou pour les jeunes entreprises, l’usage des bâtiments en friche permet de démarrer ou de stabiliser leur activité, dans un contexte temporaire où le partage d’un espace atypique à bas coût entraine des coopérations inattendues.

Les Grands Voisins constituent un projet pilote en matière d’insertion, qui offre de nouvelles ressources à la lutte contre l’exclusion : lieux de rencontre et de sociabilisation, évènements fédérateurs, ateliers et formations, emplois en insertion… C’est aussi un incubateur éphémère, qui répond à une demande immobilière souvent ignorée par les acteurs de l’aménagement, et pourtant cruciale en termes de création d’emplois de lien social. Préfiguratrice d’usages et d’activités, la phase d’occupation temporaire mobilise des pionniers et facilite la transition vers l’écoquartier en devenir, tout en fournissant de nombreuses pistes programmatiques qui pourront inspirer collectivités, aménageurs et maîtres d’ouvrage.

Plateau urbain est une association proposant de jouer le rôle d’interface entre propriétaires et porteurs de projets, pour redonner vie à des immeubles vacants et soutenir des projets associatifs, entreprenariaux et culturels
Ses fondateurs sont lauréats 2016 du Palmarès des jeunes urbanistes

Témoignage :

La participation citoyenne au coeur de la conception d’un EcoQuartier<BR>Interview de Mme Vanessa Miranville, Maire de la Possession

La participation citoyenne est un élément fondamental de la conception de l’EcoQuartier Coeur de ville : quelles actions avez vous mis en place ?


Au delà de sa fonction urbaine, l’aménagement doit permettre d’augmenter notre capacité à bien vivre ensemble. Nous accordons une attention toute particulière à la construction du volet humain de ce projet. C’est fondamental pour la réussite à terme de l’opération. L’appropriation des habitants passe par la compréhension et par l’acceptation, voire la co-élaboration des changements qui interviennent dans leur environnement. La participation, c’est l’ADN d’un écoquartier.
Avec l’aménageur la Semader nous avons eu à cœur d’associer les Possessionnais dès le début du projet. Nous sommes dans la co-construction car nous pensons que c’est la manière la plus pertinente de construire la ville.
Différents espaces de dialogue ont été ouverts : des rencontres avec les conseils de quartier, la création d’un lieu d’échanges avec l’ouverture d’une maison projet, de l’évènementiel populaire comme le théâtre écoquartier, des actions scolaires pour que les plus petits se projettent dans leur ville de demain, le lancement des travaux avec les habitants…. Autant d’actions qui nous permettent de faire ce projet pour mais aussi avec les habitants.

- Pouvez-vous en dire plus sur le travail mené avec les scolaires ?

Pour la 4ème année consécutive, nous relançons une action réalisée en partenariat avec le CAUE et la Semader dans les écoles de la Ville volontaires. Les élèves sont sensibilisés au développement durable et des clés de lecture du projet Cœur de Ville leur sont données, pour qu’ils puissent se projeter dans leur futur environnement. Chaque année nous sommes stupéfaits par la créativité des enfants, leur intérêt pour l’aménagement de leur territoire et surtout leur préoccupation à préserver leur environnement et vivre dans un cadre agréable. La ville durable les interpelle positivement. Je dirais même qu’ils font preuve d’une maturité saisissante sur de tels sujets.

Télécharger le livret de présentation des actions scolaires menées dans le cadre du projet Coeur de Ville à la Possession. Cet ouvrage a été réalisé par la SEMADER en partenariat avec le CAUE et le cabinet STRATER.

- Quelle est la plus-value de ces actions pour vous, pour les habitants, et en termes d’impacts concrets sur le projet ?

Lorsque des changements aussi profonds interviennent dans votre environnement immédiat, la crainte ou l’inquiétude sont pour beaucoup des sentiments naturels. L’information et le dialogue sont donc essentiels pour favoriser la bonne compréhension des évolutions. Le partage des contraintes est aussi un objectif : la concertation fait émerger des propositions citoyennes, et celles-ci sont prises en compte lorsque cela est possible. Et lorsque cela n’est pas possible, le dialogue permet la compréhension et l’acceptation. En phase travaux, la communication et l’information sont primordiales.
Construire dès les premiers pas un écoquartier dans une démarche citoyenne, cela permet à l’habitant de mieux s’approprier les nouveaux modes de vivre de la ville de demain : dans la maitrise de sa consommation d’énergie, dans l’usage des modes doux de déplacement, dans la gestion de ses déchets, dans la préservation de la biodiversité qui l’environne, dans les espaces de rencontres. Un autre environnement, c’est aussi un autre rapport au bien être, et à la relation aux autres.
C’est par ce long processus de co-construction que nous parvenons à réussir une telle opération urbaine, porteuse de changements et d’innovations pour la ville tropicale de demain.


Crédit photo : "Stratégies et Territoires"

Brèves

<U> Témoignage </U> : 10 ans de rénovation urbaine à Saint-Brieuc : un projet urbain et humain.<BR> Témoignage de Jocelyne Chauwin, DGA des services à la mairie de St Brieux

Consciente de produire de nouvelles formes urbaines aussi durables que possible restructurant profondément les quartiers et bouleversant la vie quotidienne de nombreux habitants, en période chantier et bien au-delà, la Ville de Saint-Brieuc au cours des 10 ans de rénovation urbaine a produit plusieurs ouvrages consacrés à la collecte de témoignages d’habitants.


Marie Claire DIOURON, Première Maire-Adjointe lors de la séance de dédicaces par les habitants de l’ouvrage "D’ici et d’Ailleurs"




Le projet de rénovation urbaine a permis de conduire un vaste chantier consistant à réhabiliter l’habitat, à restructurer les espaces publics, à créer des équipements de proximité au cœur des quartiers ; cependant la vocation première de ce projet est bien de privilégier la dimension sociale et humaine afin de renforcer la cohésion de toute une population attachée à son quartier, son identité, son histoire.


La collecte de la mémoire, de témoignages non expurgés, a permis d’une part de favoriser une appropriation collective du projet de rénovation urbaine et d’autre part, la sincérité, la force intérieure et l’émotion relayées par ces témoignages ont permis aux habitants de se considérer comme acteurs de ces profonds bouleversements. Certains d’entre eux ont connu des moments de grande dignité et notamment des séances de dédicaces par leurs soins des ouvrages réalisés (Détours de vie …des tours de Ville). Ces livres ont également permis d’être reçus collectivement à Paris, au siège de l’Agence nationale de rénovation urbaine.


L’association des habitants s’est aussi traduite par la co-construction des aires de jeux avec les enfants.



<U> Brève sur </U> : « implication citoyenne et nature en ville »

Fondé sur sept retours d’expériences issues de collectivités françaises (Lyon , Villeurbanne, Montpellier, Strasbourg, Saint-Ouen), l’ouvrage « Implication citoyenne et nature en ville » illustre tout l’intérêt d’impliquer les citoyens dans les projets d’intégration de la nature en ville dès la conception et jusqu’à la gestion.
La demande des citadins de présence végétale de proximité, source de nombreux services, est croissante. L’analyse des démarches menées par les collectivités montre une grande diversité de moyens pour impliquer les citoyens dans les projets.
Soutenu par la DGALN, bureau de l’aménagement opérationnel durable et des Ecoquartiers, et en partenariat avec Plante&Cité, le Cerema propose dans cet ouvrage de premiers enseignements issus de l’expérience, à l’attention notamment des maîtres d’ouvrage et aménageurs, afin de faciliter les conditions d’appropriation et de compréhension par les citadins des aménagements en faveur de la nature en ville.
Pour accéder à l’ouvrage : http://www.cerema.fr/ouvrage-implication-citoyenne-et-nature-en-ville-a1497.html


<U>Brève sur</U> : Maitrise d’ouvrage urbaine


La Mission interministérielle pour la qualité des constructions publiques publie un guide consacré à « la maîtrise d’ouvrage de l’opération d’aménagement urbain » proposant une méthode structurante pour la conduite de projet : la démarche stratégique de programmation urbaine. Cette démarche met en évidence les conditions préalables à l’élaboration d’une commande urbaine qui permettra ensuite une interaction entre la collectivité et l’équipe de maîtrise d’oeuvre urbaine dans les meilleures conditions possibles.
S’attachant les arbitrages de la planification stratégique, la démarche investit en faveur de la participation de toutes les composantes de la société civile. Les parties prenantes concernées, impliquées tout au long du processus de projet, doivent être associées à la constitution du diagnostic et au partage des orientations stratégiques. L’approche systémique des politiques publiques et les interactions positives entre les différents acteurs des opérations tendent à renforcer le niveau d’ambition de la maîtrise d’ouvrage urbaine. Un champ de questionnement plus large est exploré. L’association des contributeurs potentiels au projet permet de qualifier ses conditions de mise en œuvre. La commande de conception faite à la maîtrise d’œuvre est plus perspicace, elle devient plus intelligible et recentre son action sur son champ de discipline, ses compétences et ses responsabilités. Le niveau d’ambition et de discernement des enjeux des décideurs se voit extraordinairement augmenté.

Pour plus d’information :


© Miqcp (couverture Patrick CHOTTEAU)

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  • 15 novembre 2016 : Commission Nationale Labels Journée Nationale du Club sur l’évaluation et remise des labels
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