Plan de paysage des Monts d’Arrée - PNRA - Réaliser un plan de paysage en régie
Entretien avec Roger Mellouët et Benoît Michel, deux élus du territoire, ainsi qu’avec Lise Vauvert, chargée de mission au PNR d’Armorique et en charge de l’élaboration du Plan de paysage
Point de vue sur les paysages de la communauté de communes des monts d’Arrée (Lise Vauvert - PNRA)
Pourquoi avoir choisi de réaliser le plan de paysage en régie ?
Roger Mellouët, vice-président du Parc naturel régional d’Armorique
Le Parc, avec le soutien de la communauté de communes des monts d’Arrée, a répondu à l’appel à projets du ministère en proposant la réalisation du plan de paysage par les services du Parc. En effet, dans le cadre de la charte 2009 – 2021 du Parc « Pour des paysages d’Armorique choisis », les communautés de communes se sont engagées à réaliser un plan de paysage sur leur territoire, et le Parc à les accompagner dans leur démarche. Ainsi le Plan de paysage de la communauté de communes des Monts d’Arrée est-il le premier plan de paysage au sein du PNR d’Armorique, et le seul dossier retenu dans le Grand Ouest dans la cadre de l’appel à projets national. Cet appel à projets a donc été l’occasion d’initier la dynamique d’élaboration de ces plans sur le territoire du Parc. En expérimentant une méthodologie et des outils de concertation, nous pourrons ainsi capitaliser de l’expérience et la diffuser ensuite auprès des autres communautés de communes de notre territoire. Pour l’élaboration de ce plan de paysage, le Parc dispose de l’ingénierie nécessaire et l’expérience d’un premier projet réalisé en régie dans le cadre d’un programme Interreg IA avec l’élaboration d’une charte du paysage et de l’architecture.
Quelle plus-value pour la communauté de communes ?
Benoit Michel, président de la communauté de communes des monts d’Arrée
Le Parc nous a sollicités pour répondre à l’appel à projets du ministère en nous proposant d’apporter son expertise technique en matière de paysage, d’urbanisme et d’environnement. A travers ce plan de paysage l’ensemble des problématiques liées au paysage et à l’aménagement du territoire seront évoquées. Il traitera ainsi aussi bien des paysages emblématiques du territoire que des paysages du quotidien comme les paysages agricoles ou de bourgs. Le travail en direct avec les services du Parc nous permet d’avoir plus de flexibilité sur l’adaptation de la méthodologie et l’expérimentation de techniques d’animation. Sur le territoire de la communauté de communes des monts d’Arrée, de nombreux projets sont en cours en matière d’urbanisme, d’aménagement, de redynamisation des centres bourgs, de sylviculture… Un plan de paysage en amont permettra aux élus d’orienter leurs projets dans le sens d’un projet de territoire global que l’on souhaite partagé. Les habitants auront en effet la possibilité de participer à l’élaboration de ce plan de paysage.
Quelles sont les difficultés rencontrées concernant la conduite du projet ?
Lise Vauvert, chargée de mission paysage, en charge de la réalisation du plan de paysage
Avant de se lancer dans la réalisation d’un plan de paysage en régie il est important d’avoir bien évalué le temps nécessaire à la conduite du projet, les ressources disponibles, les compétences nécessaires (paysage, urbanisme, agriculture…) ainsi que le temps disponible pour le travail de terrain et de rédaction. Fort de l’expérience de l’élaboration de la charte du paysage et de l’architecture sur le territoire du Parc et de notre connaissance du terrain (éléments de connaissance des paysages de la communauté de communes des monts d’Arrée et de leurs problématiques), nous avons pu cadrer au mieux les objectifs de ce projet. D’autant que, dans la charte du Parc, les plans de paysage sont présentés comme une déclinaison de la charte du paysage et de l’architecture. Cette organisation du travail en régie nous permet également de garantir la complémentarité des différents documents. Cette expérience permettra de conseiller par la suite les communautés de communes qui souhaiteront se lancer dans la démarche. Toutefois, le travail en régie a ses limites alors qu’il peut être intéressant d’avoir un regard extérieur sur le territoire et le projet, notamment lorsqu’il s’agit de mener la concertation (animation d’ateliers, entretiens, …).
Plan de paysage du Trièves
Entretien avec Nathalie Bonato, responsable de l’élaboration du Plan de paysage à la Communauté de communes du Trièves.
Le Trièves a une identité marquée par des paysages emblématiques, réputés pour être encore préservés. C’est aussi un territoire de projet, sur lequel de nombreux programmes et actions touchant au paysage ont été menés durant ces 20 dernières années.
Le plan de paysage propose une vision d’avenir globale et partagée. L’exploitation des travaux déjà réalisés et une démarche participative sont les clefs de la construction du Plan.
Le plan de paysage est porté par la commission aménagement de l’espace de la Communauté de Communes, rassemblant une cinquantaine d’élus des 28 communes du territoire et pilotée par son vice-président, Daniel NIOT.
La collectivité est accompagnée par une équipe conseil composée d’un paysagiste et d’une géographe (B. Rétif / Itinéraire Bis et A. Daburon conseil Territoires & Patrimoines / JAM).
L’information sur l’opération a fait l’objet d’une communication en conseil communautaire et d’une réunion de lancement, en mars 2014, qui a rassemblé une quarantaine d’élus. Ensuite, un appel à candidature sur le site internet de la collectivité a été lancé, invitant les associations, les acteurs locaux, et les habitants à participer à la démarche.
La méthodologie
Première cible : les élus et les partenaires institutionnels
Un « atelier projet paysage » inaugural, intitulé « cartes sur table », a été mis en place avec comme objectifs de s’accorder sur les fondamentaux du paysage du Trièves et de s’approprier 20 ans de stratégies territoriales (plus de 20 maires / ou élus municipaux y ont participé). Quatre axes de travail prioritaires ont été dégagés lors de ce premier atelier introductif et ont permis de définir les thèmes des 4 ateliers suivants :
1. Bienvenue en Trièves : des paysages remarquables, un atout pour accueillir
2. Reconquérir les paysages du Trièves
3. Habiter dans le Trièves : la qualité paysagère au quotidien
4. Paysage et urbanisme : la planification
Le but de ces ateliers est de permettre de parvenir à la formulation des objectifs de qualité paysagère pour le Trièves et de cibler les axes d’actions prioritaires.
Aujourd’hui nous avons réalisé 3 des ateliers, qui se sont déroulés sur une demi-journée : sur site en extérieur avec des jeux de rôle et des mises en situation, puis en salle pour une synthèse « à chaud », accompagnée par des retours d’expérience de nos différents partenaires institutionnels (CAUE, PNRV, ONF, Conseil Général de l’Isère, Chambre agriculture…), très impliqués dans l’accompagnement du Plan de Paysage dans une logique d’ingénierie territoriale mutualisée.
Une trentaine de personnes, élus, partenaires, associations et habitants suivent la démarche. L’information est relayée dans la presse locale ou sur le site internet.
Seconde cible : les habitants et les enfants
Un fonds de 2000 cartes postales anciennes a été acquis par le service culture et patrimoine de la Communauté de communes du Trièves. Ce fonds représente les 28 communes du territoire durant la première moitié du XXème siècle.
Pour aider à la réflexion sur le plan de paysage et fort de ce fonds iconographique, nous avons lancé la réalisation de l’exposition « Trièvoscope – dynamiques du paysage en deux temps », pour s’intéresser aux mécanismes de mutations des paysages, liés aux facteurs naturels, économiques, sociaux et culturels.
Un photographe a arpenté chaque village du territoire pour illustrer, avec le même point de vue, ce que sont devenus les bourgs Trièvois.
A l’automne, pour inaugurer la réalisation de cette exposition, et la présenter aux habitants, trois moments sont proposés dans chaque canton avec des temps forts de rencontre autour des paysages, des ateliers d’écriture, des animations avec les enfants en centre de loisirs et milieu scolaire.
Le résultat des ateliers d’écriture sera aussi une matière à analyser et à intégrer dans la réflexion sur le Plan de paysage. Ils retranscriront les représentations, imaginaires ou réelles que les habitants se font de leur territoire et des paysages du quotidien qui les entourent.
Dans le cadre de la visite de l’exposition, des questionnaires sont mis à disposition du public pour recueillir leur perception et les liens qu’ils entretiennent avec les paysages. Cette matière ainsi recueillie nourrira encore le plan de paysage.
Une occasion pour chacun de regarder « à la loupe » les paysages et de participer à la réflexion lancée par le plan de paysage.
Aujourd’hui le territoire s’approprie la démarche, l’animation reste le point essentiel pour assurer la continuité et la prise de conscience de l’ensemble des acteurs qui construisent notre paysage. Les élus ont la volonté de définir un plan d’actions ciblé (5 à 7 actions) et opérationnel.