Le Club Plans de paysage inter-régional Sud-Ouest est né en juillet 2015. Il vise à rassembler les différents territoires lauréats des appels à projet et plus largement les territoires désireux de s’engager dans une démarche de plan de paysage. Il offre aussi une occasion de confirmer le rôle des correspondants Paysage des DDT qui constituent de précieux relais locaux.
Après plus d’un an d’existence, le témoignage d’un lauréat 2013, le Grand Albigeois (Tarn), de trois lauréats 2015, la Lomagne gersoise (Gers), les Véziaux d’Aure (Hautes-Pyrénées) et le massif du Canigó (Pyrénées-Orientales) ainsi que de deux correspondants Paysage, permettent de faire un point sur les démarches engagées et sur les apports de ce club régional.
Par Alain Guglielmetti, Chargé de mission Grands sites et référent du Club Plans de paysage au sein de la DREAL Occitanie (Toulouse)
Quels sont les grands enjeux sur lesquels le plan de paysage peut apporter une réponse ?
L’albigeois, regroupant 17 communes autour du centre historique labellisé Unesco en 2010, est soumis à de forts enjeux liés à l’urbanisation, concernant aussi bien les zones d’activités et commerciales que l’habitat diffus péri-urbain, particulièrement marquant au droit des entrées de ville. Le plan de paysage propose une stratégie reposant sur des actions de préservation/gestion, valorisation/création réhabilitation/requalification.
_Albigeois
La Lomagne gersoise est quant-à-elle un vaste territoire de 43 communes à caractère rural dominant, recouvrant globalement l’entité paysagère éponyme définie dans l’atlas des paysages. Territoire agricole, il a connu une évolution des pratiques pour voir se développer une agriculture intensive, entraînant une évolution structurelle forte des paysages (disparition du bocage et des chemins). Ponctué d’unités villageoises sur les hauteurs et de constructions éparses de fermes et de constructions « d’opportunité » contribuant au mitage, ce territoire est ainsi fragilisé. Ce paysage constitue pourtant une richesse qui contribue à l’attractivité touristique des territoires (83 000 visiteurs par an) en lien avec les sites et monuments remarquables, à commencer par Lectoure sur son promontoire rocheux, mais aussi la collégiale de Romieux et les chemins de Saint-Jacques (patrimoine Unesco).
_Lomagne gersoise - Vallée de l’Auchie
La Communauté de communes de Véziaux d’Aure est une intercommunalité de montagne, avec une économie résidentielle et une dominante touristique, en lien avec plusieurs stations de ski environnantes. Le territoire reste cependant préservé de l’urbanisation extensive malgré une prédominance des résidences secondaires. Ce territoire repose sur trois types d’espaces : le « fond de vallée » (développement des activités humaines), les « zones intermédiaires » (secteurs de pentes avec prairies de fauche et forêts) et enfin les « estives » (pâturages). De nombreux espaces sont préservés, voire classés, au travers du Pays d’Art et d’Histoire, du Parc National des Pyrénées pour 4 communes et d’une réserve naturelle régionale.
_Véziaux d’Aure
Le massif du Canigó, à l’extrémité orientale de la chaîne des Pyrénées, domine le Golfe du Lion. Cette montagne emblématique, symbole de l’identité catalane, est labellisée Grand Site de France depuis 2012. La démarche de Grand Site a permis d’engager une démarche corrective au regard d’une conception touristique génératrice de dysfonctionnements importants (aménagements de pistes, projets d’unité touristiques, place prépondérante des véhicules sur le site classé,…). Sur ces acquis, un projet de territoire plaçant au cœur la préservation et la valorisation du patrimoine du site classé (23 212 ha) est mis en œuvre.
_Massif du Canigó
Comment avance votre démarche de plan de paysage depuis votre sélection et quelles ont été les difficultés rencontrées ?
Le plan de paysage du Grand Albigeois est en cours de finalisation, avec le programme d’actions à valider avant la fin de l’année 2016. Le retard pris dans la démarche est imputable pour partie à l’évolution des équipes d’élus suite aux élections municipales de 2014.
Pour la Lomagne gersoise, la recherche de cofinancements complémentaires (LEADER) à la subvention de l’État a été un préalable, afin de se prémunir d’une étude au rabais. Sur un plan technique, si des modèles de cahiers des charges ont servi de base, la consultation s’est faite sur un référentiel totalement ré-écrit pour être au plus près du contexte local et des attentes des élus, d’où le recrutement d’un prestataire à l’été 2016 seulement.
Concernant le plan de paysage du massif du Canigó, la difficulté a résidé dans la définition de la mission au regard des moyens alloués et de la taille du territoire d’étude (plus de 60 communes), ainsi que l’articulation avec la démarche de renouvellement du label en cours. Le recrutement d’un prestataire s’est formalisé avant l’été 2016.
La vacance du chargé de mission des Véziaux d’Aure pendant plusieurs mois en 2015 n’a permis le recrutement d’un bureau d’étude qu’à partir du mois de mai 2016. En outre, la réorganisation territoriale au 1er janvier 2017, avec l’élargissement de l’intercommunalité de 9 à 47 communes, ne facilite pas l’avancée et l’appropriation par les élus. Cette appropriation constitue pour les territoires un incontournable. Cela passe par la nécessité de rendre l’étude crédible auprès de tous. C’est l’ambition de la Lomagne gersoise, qui veut montrer rapidement les déclinaisons envisagées du plan de paysage et de premières actions concrètes sur le terrain.
De manière générale, les réponses aux appels d’offres ont été de qualité très variable sur les territoires et posent la question de la formation des professionnels à ce type d’étude non réglementaire et dont la méthodologie est encore mal connue et appropriée. Une difficulté ressentie par les référents tient aussi au fait que le suivi d’un plan de paysage ne constitue pour eux qu’une part infime de leurs multiples missions et qu’ils ne peuvent, au stade des études, y consacrer tout au plus que 10 % de leur temps.
Que vous apporte l’existence d’un club régional animé par la DREAL ?
Les référents des plans de paysage se sentent souvent isolés et déconnectés des autres lauréats nationaux et des développements méthodologiques. Au-delà de l’appui technique de la DREAL à la mise en œuvre des plans de paysage (cahier des charges, consultation, suivi), le club régional est considéré comme un lieu d’échanges de proximité, permettant une acculturation des référents territoriaux, un retour d’expériences sur les autres plans de paysage et une appréhension des outils méthodologiques développés au plan national. C’est aussi un espace d’échanges direct où les questions et difficultés peuvent être débattues et partagées. La dimension humaine de proximité est appréciée. Les référents ne pouvant participer facilement aux rencontres techniques nationales, le club régional leur permet aussi de garder ce contact avec le ministère et apparaît totalement complémentaire au club national.
L’avis des correspondants Paysage des DDT
« Le club régional Sud-Ouest étant aussi à destination des correspondants Paysage des DDT qui suivent les démarches des collectivités dans leur département, il contribue à conforter leur activité en réseau. Il permet aux correspondants Paysage de bénéficier des témoignages et retours d’expériences, ainsi que d’une veille régionale et nationale sur les avancées techniques des plans de paysage.
Si le choix délibéré d’une rencontre territorialisée sur les sites de lauréats a été retenu pour les premières rencontres, il peut constituer une contrainte. A l’avenir, les rencontres du club régional pourraient se recentrer plutôt sur Toulouse.
De manière générale, le club régional est une démarche jugée positive, qui rassure les personnes en charge du suivi des plans de paysage au sein des DDT, par les divers apports issus de l’expérience de territoires aux paysages diversifiés et contrastés
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