Comment l’eurométropole s’est-elle engagée dans l’élaboration d’un PLUi ?
Yves Bur : L’histoire du PLUi a commencé en 2011 et s’est terminée en décembre 2016.Nous avons donc commencé sous l’égide de la loi Grenelle, puis nous avons continué sous la loi ALUR et nous avons terminé juste avant l’entrée en vigueur de la loi égalité et citoyenneté.
Guillaume Simon : Avant la loi Engagement national pour l’environnement (Grenelle II), les communes étaient à l’initiative de l’évolution de leur document d’urbanisme, et un débat préliminaire en conseil municipal précédait les votes en conseil communautaire.
La loi ENE a donc été une secousse pour les élus et les évolutions perçues comme des obligations réglementaires. Le calendrier ambitieux a alors été perçu comme métropolitain par les communes. Ce fut un point de crispation du débat politique. -
Mais, une gouvernance plus transverse entre centre et périphérie s’est installée, avec un vice-président désigné pour porter le PLUi. De nouvelles méthodes de discussion ont été mises en place démontrant que l’on peut faire ensemble tout en ménageant les identités des territoires : différences entre première et deuxième couronnes, déplacements, stationnement, …
Comment a été vécue l’arrivée de la loi ALUR dans ce nouveau contexte ?
Guillaume Simon : La loi ALUR nous a aidé à formaliser les modalités de collaboration. De vrais échanges se sont organisés, avec un comité de pilotage, des réunions par bassin de vie. Pour faire vivre cette gouvernance en sus des réunions formelles, des échanges bilatéraux ont été organisés autant que nécessaire entre le vice-président, le maire et ses services pour déminer des sujets sensibles.
La question du logement avait été au cœur de certaines campagnes municipales et des maires avaient pris des positions sur l’identité de leur village et sur le refus de trop de nouvelles constructions. La loi ALUR aurait pu remettre en cause l’intégration du PLH et du PDU. Le choix a pourtant été fait très rapidement car les débats en comité de pilotage avaient permis aux élus de murir le sujet. Et la décision a été vécue comme un vrai choix des élus et non plus comme une obligation.
Yves Bur : Nous avons fait le choix volontaire de 3 en 1 parce que c’est une démarche plus transversale, qui renforce la cohérence du PLU en combinant la stratégie de développement, les politiques d’habitat et de déplacement, très complémentaires. L’acceptation d’une politique partagée s’est faite à la condition que l’offre de transports et de déplacement soit renforcée et redéployée vers les communes de deuxième et troisième couronnes. Les débats ont mis en évidence ce qui est devenu prioritaire au sein de l’eurométropole : d’une part partager et porter ensemble l’effort sur l’habitat et tout particulièrement sur l’habitat social, qui ne doit plus être porté par la seule ville de Strasbourg, et d’autre part ne peut plus seulement créer des lignes de tramway, mais concrétiser une offre sur la première et la deuxième couronnes. L’acceptabilité de la croissance des logements est passée par une offre de transports, et par le développement de zones d’activité économique connectées.
Quels sont les éléments qui ont permis de construire ces consensus ?
Yves Bur : Le premier enjeu a été de partager la stratégie de développement et d’attractivité. Faire comprendre aux élus et à la population qu’il faut accueillir 50 000 habitants de plus d’ici 2030, et construire 45 000 logements supplémentaires n’était pas évident. Nous avons organisé des réunions pour les élus puis pour les habitants par bassins de vie, au lieu de traiter au niveau des 28 communes. Le PLUi soit approuvé à une grande majorité, ce qui était un résultat inespéré dans les échéances prévues.
Guillaume Simon : Des moments collectifs, notamment de visites d’opérations exemplaires, ont permis aux maires de discuter entre eux. La loi ALUR imposant un deuxième arrêt en cas de désaccord formel d’une commune, nous avons engagé un travail après des conseils municipaux, qui restaient réticents pour certains. Par ailleurs, l’échéance d’approbation du PLUi a été influencée par la fusion avec une communauté de communes faisant passer de 28 à 33 communes, et il était important de finaliser le PLUi à 28 communes, avant d’engager une révision dont les enjeux seront mesurés, en lien avec l’intégration de ces 5 communes.
La loi ALUR a-t-elle entrainé une évolution des pratiques ?
Guillaume Simon : La loi ALUR prévoit un débat annuel sur la politique de l’urbanisme. L’une de nos préoccupations est la modulation des objectifs de logements sociaux mutualisés ; nous accompagnons les communes dans leur discussion avec l’Etat, et parallèlement nous réfléchissons à la pertinence de nos choix : ceci nous conduit à l’observation et à l’évaluation des politiques publiques, qui alimenteront ce débat annuel.
Yves Bur : Il importe de faire vivre ce PLU, d’animer les différentes politiques. Je reste le chef d’orchestre, et nous travaillons en harmonie avec les vice-présidents en charge des politiques d’habitat, de déplacement et d’environnement. Le PLU n’est plus un simple document juridique mais c’est un outil au service de la stratégie métropolitaine.