Lettre d’information n° 4 du PDLHI de Vaucluse - Avril 2021
 

A LA UNE

Le permis de louer en zone d’habitat dégradé : un levier pour les collectivités pour améliorer la qualité des logements loués

Afin de prévenir la location de biens susceptibles d’être indignes d’une part et, d’autre part, d’améliorer la connaissance du parc locatif sur un territoire donné, le législateur a créé deux régimes :
  • l’autorisation préalable de mise en location d’une part, et,
  • la déclaration de mise en location, d’autre part.

Ils s’appliquent aux locations de logements (vides ou meublés) à usage de résidence principale. Les logements détenus par un organisme de logement social ou conventionnés à l’APL, les locations touristiques, les contrats renouvelés ou reconduits en sont exclus.

Un préalable pour la mise en œuvre de ces dispositifs : une délibération de la collectivité

Une délibération de l’EPCI, lorsqu’il est compétent en matière d’habitat, ou de la commune, si tel n’est pas le cas, est nécessaire pour mettre en place l’un ou l’autre de ces régimes. Elle va déterminer :

  • le périmètre géographique : par exemple, un/des quartier(s), un ou plusieurs ensembles immobiliers,
  • le périmètre fonctionnel : certaines catégories/certaines caractéristiques de logements,
  • les modalités de dépôt de la déclaration ou de la demande d’autorisation et la date d’entrée en vigueur du régime.

La/les zones géographiques sont fixées :

  • au regard des objectifs de lutte contre l’habitat indigne ;
  • en cohérence avec le programme local de l’habitat (PLH) et le plan départemental d’action pour le logement et l’hébergement des personnes défavorisées (PDALHPD).
    Pour l’autorisation préalable de mise en location, il faut de plus que le(s) secteur(s) déterminé(s) présente(nt) « une proportion importante d’habitat dégradé ».

La délibération est transmise à la Caf et à la MSA.

L’autorisation préalable de mise en location

L’obtention préalable de l’autorisation conditionne la conclusion d’un contrat de location. Elle doit en effet être jointe au bail et être renouvelée à chaque nouvelle mise en location.

Le bailleur, ou son mandataire, doit remplir un formulaire et fournir un dossier de diagnostic technique.

A compter du dépôt de la demande, la collectivité a un mois pour faire connaître sa décision. Elle peut, dans ce délai, réaliser une visite sur place pour vérifier la bonne qualité du logement mis en location.

La demande d’autorisation peut être :

  • acceptée (à défaut de décision expresse sous un mois, l’autorisation est tacite) ;
  • accordée sous certaines conditions,
  • refusée en cas d’atteinte à la sécurité des occupants et à la salubrité publique. Elle doit alors préciser la nature des travaux et aménagements nécessaires pour satisfaire aux exigences de sécurité et de salubrité.
    Elle sera ainsi automatiquement rejetée si le logement, ou l’immeuble dans lequel il est compris, fait l’objet d’un arrêté de mise en sécurité ou d’insalubrité.

En cas de refus, la collectivité transmet sa décision à la Caf, à la MSA, aux services fiscaux et au comité responsable du PDALHPD.

L’autorisation devient caduque deux ans après sa délivrance s’il n’y a pas de mise en location. Elle peut être transférée au nouveau propriétaire en cas de vente du bien.

Louer un logement sans autorisation préalable expose le bailleur au paiement d’une amende d’un montant maximal de 5 000 €, voire 15 000 € en cas de récidive dans un délai de 3 ans.
Si le bailleur passe outre le refus de mise en location opposé par la collectivité, il s’expose à une amende de 15 000 € maximum.

La déclaration de mise en location

Elle doit être effectuée dans les 15 jours suivant la signature du bail et à chaque nouvelle mise en location. Le contenu de la déclaration est identique à celui de la demande d’autorisation. La collectivité a une semaine à compter du dépôt du dossier pour traiter la déclaration. Copie du récépissé de dépôt à la collectivité doit être transmis au locataire.

Le défaut de déclaration expose le bailleur à une amende de 5 000 € maximum. Il peut dans le délai d’un mois présenter ses observations et régulariser sa situation.

Les formulaires et notices explicatives :
  • Formulaire de déclaration de mise en location de logement (Notice)
  • Formulaire de demande d’autorisation préalable de mise en location de logement (Notice)
  • Formulaire de transfert de l’autorisation préalable de mise en location (Notice)
Les références réglementaires du code de la construction et de l’habitation :

En savoir plus

LE PDLHI EN ACTION

Les solutions de relogement pour les occupants d’habitations reconnues insalubres

Si un immeuble ou un logement présente un danger pour la santé ou la sécurité de ses occupants, le préfet peut engager une procédure d’insalubrité. La reconnaissance de l’insalubrité d’un logement par arrêté préfectoral entraîne généralement la nécessité pour l’occupant de quitter le logement, de façon temporaire ou définitive. L’objectif prioritaire est la protection des personnes et de leurs droits à un logement décent.

Les familles les plus fragiles bénéficieront d’un accompagnement social jusqu’au retour à l’habitat pérenne.

Cette mission d’assistance aux victimes de propriétaires indélicats participe à la lutte contre l’habitat indigne et à l’objectif de permettre à chacun de disposer d’un logement décent.

La loi oblige le propriétaire à assurer l’hébergement ou le relogement de ses locataires, ou d’y contribuer à ses frais, lorsque l’arrêté de traitement de l’insalubrité prévoit l’une des interdictions suivantes d’habiter le logement :

  • à titre temporaire ou lorsque les travaux nécessaires pour remédier au danger les rendent temporairement inhabitables (hébergement) ;
  • à titre définitif ou lorsque la cessation de la mise à disposition à des fins d’habitation des locaux est prescrite (relogement).

Dès la fin du délai fixé au propriétaire pour justifier de son offre d’hébergement ou de relogement tel que mentionné dans l’arrêté d’insalubrité, le préfet est tenu de suppléer la défaillance du propriétaire : cette mission, assurée en Vaucluse par la Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités, est confiée à un opérateur. Celui-ci est chargé de l’intermédiation locative en vue d’accompagner les ménages en fonction de l’obligation d’hébergement ou de relogement qui se présente.

Dans les deux cas, cet accompagnement des ménages se traduit par un diagnostic social ayant pour finalité de proposer une solution adaptée au budget et aux besoins des familles (proximité de l’emploi et des services : écoles, structures médicales…), ainsi que par la gestion des formalités administratives lors du déménagement et éventuellement du réemménagement.

Retour d’expérience de l’opérateur sur la réalisation d’un accompagnement

« Le logement de Monsieur A a été reconnu en état d’insalubrité irrémédiable et devait être détruit. Monsieur A y vivait depuis de nombreuses années et était très attaché à l’environnement (près d’un cours d’eau, en campagne). Le diagnostic social et l’accompagnement proposé ont permis de travailler sur un projet de relogement, la réalité du parc immobilier locatif et ses possibilités financières. Monsieur a su se saisir des propositions et a accédé à un appartement en centre-ville. Monsieur A y vit depuis plus d’un an, s’est approprié les lieux et s’y sent bien. Pendant toute la durée de l’accompagnement, nous avons également maintenu le contact avec le propriétaire, jusqu’à la restitution des lieux ».

Les références réglementaires dans le Code du construction et de l’habitation :

  • Obligation du propriétaire d’assurer l’hébergement ou le relogement : articles L. 511-18 et L. 521-1 ;
  • Principe et conditions de substitution de l’État en cas de défaillance du propriétaire : articles L. 521-3-1 et L. 521-3-2.

FOCUS SUR

La consignation des aides au logement : un outil incitatif pour lutter contre la non décence d’un logement

Pour être loué et donc éligible aux aides au logement, tout logement, à usage d’habitation principale, doit être décent.

Un logement est considéré comme décent s’il répond aux caractéristiques définies par le décret du 30 janvier 2002, portant sur la surface minimale de la pièce principale, le niveau d’équipement et de confort (eau, électricité, sanitaires, chauffage) et l’état du logement (gros œuvre, ventilation, menuiseries, luminosité). L’objectif est de s’assurer que le logement ne présente pas de risques manifestes pour la santé ou la sécurité physique de ses occupants et qu’il dispose des équipements habituels permettant d’habiter normalement le logement.

Comment cela fonctionne ?

La vérification de la conformité du logement aux caractéristiques de décence peut intervenir à tout moment de la location. La Caisse d’allocations familiales (Caf) et la Mutualité Sociale Agricole (MSA), organismes payeurs des aides au logement, sont habilités à contrôler la décence des logements loués dès lors que le locataire bénéficie d’une aide au logement au titre d’un logement non conventionné, dans le parc privé.

La MSA et la Caf ont confié, par voie de convention, la réalisation des diagnostics décence à un opérateur spécialisé : SOLiHA84.

Lorsque le logement fait l’objet d’un constat de non-décence, le résultat du diagnostic réalisé est notifié par la MSA ou la Caf au bailleur et au locataire.

Le droit à l’allocation de logement est alors maintenu, mais son montant est conservé par la MSA ou la Caf pendant un délai maximum de 18 mois (prolongation possible dans certains cas), dans l’attente de la mise en conformité du logement.

Durant tout le délai de conservation de l’aide au logement, le locataire ne paie que le loyer résiduel, c’est-à-dire le loyer et les charges récupérables moins l’aide au logement, tout en bénéficiant de la garantie de se maintenir dans le logement. Le bailleur ne peut, en effet, pas obtenir la résiliation du bail pour motif d’impayé à l’encontre de son locataire.

L’objectif recherché est ainsi d’inciter, dans ce délai, le propriétaire à remettre en état de décence le logement et à éviter une dégradation plus significative des lieux. Aussi :

  • lorsque les travaux de mise en conformité ont été réalisés par le propriétaire, le montant consigné d’aide au logement lui sera versé en intégralité et le versement mensuel de la prestation est remis en place ;
  • si les travaux n’ont pas été réalisés à l’expiration du délai, le propriétaire perd définitivement les sommes consignées et ne peut exiger de son locataire la part du loyer non perçue. L’aide au logement n’est plus due et le locataire doit s’acquitter de la totalité de son loyer sauf si son montant a été réduit par décision du juge.

Lorsqu’une procédure de conservation des aides au logement est engagée par la Caf ou la MSA, ces organismes mettent en place un dialogue régulier avec le bailleur et le locataire pour :

  • rappeler au bailleur qu’il doit engager la mise en conformité du logement,
  • informer le locataire des possibilités d’accompagnement ou d’aide aux démarches.

Le locataire d’un logement non décent peut ainsi mettre à profit le délai de consignation des aides pour entamer une démarche amiable avec son propriétaire afin de l’inciter à mettre en conformité son logement, en saisissant un conciliateur de justice ou la Commission Départementale de Conciliation (CDC) des baux d’habitation.
Si la conciliation échoue, le locataire pourra se tourner vers le juge judiciaire, seul un jugement pouvant contraindre le bailleur à réaliser les travaux de mise en conformité.

Sous certaines conditions, le locataire peut bénéficier de l’aide juridictionnelle (totale ou partielle) pour supporter les frais de procédure en justice (honoraires d’avocat, rémunération d’huissier de justice, frais d’expertise.…).

Conçu comme un outil de persuasion, la consignation des aides au logement participe des dispositifs de lutte contre l’habitat dégradé dans le département.

Elle peut être activée concomitamment ou en cas d’échec d’une procédure RSD, car les types de désordres relevant de la non-décence et du respect du Règlement Sanitaire Départemental sont très similaires.

En savoir plus :

BREVES

Logements loués contraires à la dignité humaine : un marchand de sommeil condamné

Le 17 décembre 2020, le tribunal judiciaire de Carpentras a condamné un marchand de sommeil qui avait loué des logements frappés d’arrêtés d’insalubrité irrémédiable ou ayant fait l’objet d’un diagnostic de non décence à une peine d’emprisonnement de 12 mois avec sursis. Il se voit également infliger une peine d’amende de 30 000 € et une interdiction d’exercer une activité de bailleur ou de marchand de biens pendant 5 ans.

Cette condamnation exemplaire s’inscrit dans le cadre d’un travail partenarial réalisé entre le PDLHI de Vaucluse, les communes concernées et le procureur de la République de Carpentras, pour mettre fin aux conditions de logement indignes d’une douzaine de familles.

A LIRE, A VOIR

Le Pôle National de Lutte contre l’Habitat Indigne (PNLHI), en partenariat avec la Direction Habitat, Urbanisme et Paysages du Ministère de la Cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, a réalisé quatre vidéos thématiques sur l’ordonnance du 16 septembre 2020 relative à la réforme des polices de lutte contre l’habitat indigne. Celles-ci sont en accès libre sur le site internet IDEALCO. Pour y accéder, il suffit seulement de disposer d’un compte.

Vous pouvez les retrouver en cliquant sur les liens ci-dessous :

VOS CONTACTS AU SEIN DU PDLHI

La Direction départementale des territoires (DDT) :
ddt-lhi@vaucluse.gouv.fr
La Direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) :
ddets-directeur@vaucluse.gouv.fr
La Délégation départementale de l’Agence régionale de santé (DD84-ARS) :
ars-paca-dt84-sante-environnement@ars.sante.fr
Le Service communal d’hygiène et de santé (SCHS) d’Avignon :
secretariat.hygiene@mairie-avignon.com
La Caisse d’allocations familiales (CAF) :
caf_non_decence.cafavignon@caf.cnafmail.fr
La Mutualité sociale agricole (MSA) :
conseil_relations_exterieures.blf
@alpesvaucluse.msa.fr
Le Conseil départemental de Vaucluse :
enviro-habitat-agri@vaucluse.fr
L’ADIL 84 :
contact@habitatindigne84.org