PDA N°08 - Octobre 2012
 

ÉDITORIAL

Parler de pollution atmosphérique dans notre département « vert » peut sembler paradoxal, et pourtant les chiffres relevés par l’organisme LIMAIR, chargé de la surveillance de l’air en Limousin, font apparaître la sensibilité de certaines communes, influencées par le trafic routier, et situées en bordure des autoroutes A20 et A89.

Ces éléments sont repris et explicités dans le volet « Air » du Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) qui va être mis à la consultation du public en novembre et décembre prochain.

Il était donc utile de faire le point sur ce sujet qui touche notre santé et notre environnement.

Alain Chassang
Alain Chassang
Chef du SAET

TRANSPORTS ET POLLUTION ATMOSPHERIQUE

Les transports, principal risque de pollution

La loi sur l’air et l’utilisation rationnelle de l’énergie du 30 décembre 1996 définit la pollution de l’air comme « l’introduction par l’homme, directement ou indirectement, dans l’atmosphère et les espaces clos, de substances ayant des conséquences préjudiciables de nature à mettre en danger la santé humaine, à nuire aux ressources biologiques et aux écosystèmes, à influer sur les changements climatiques, à détériorer les biens matériels et à provoquer des nuisances olfactives excessives ».

Aujourd’hui dans les villes, la pollution d’origine industrielle a cédé la place à une pollution plus diffuse et plus proche des populations, liée aux transports.

Malgré de réels progrès depuis 1990, les émissions des voitures et des poids lourds constituent toujours la principale source de polluants atmosphériques nuisibles à la santé, selon un rapport de l’Agence européenne pour l’environnement (EEA).

Publié le lundi 28 juillet 2008, le rapport indique que le transport routier reste la principale source d’oxydes d’azote (NOx), de monoxyde de carbone (CO) et de composés organiques volatils non méthaniques (NMVOC) en Europe.

Il s’agit également de la deuxième source d’émissions de particules fines en suspension (PM10 et PM2,5) après le secteur du bâtiment et le secteur résidentiel. Ces émissions peuvent provoquer des maladies respiratoires chez l’homme.

Le rapport indique que depuis 1990, la tendance générale des émissions de polluants atmosphériques est à la baisse partout en Europe et qu’en 2006 les émissions d’oxydes d’azote enregistrées ont diminué de plus de 35 % et de près de 70 % dans le cas du dioxyde de souffre.
Toujours selon le rapport, le polluant acide SOx a enregistré la plus importante réduction d’émissions : une baisse de 70 % en 2006 par rapport aux niveaux de 1990. Avec 58,4 % des émissions, l’électricité publique et la production de chaleur sont responsables de la majeure partie de la pollution dans le secteur de l’énergie.

Les émissions des trois principaux polluants atmosphériques à l’origine de la formation d’ozone nuisible au niveau du sol ont également baissé au cours de cette période. Le rapport indique que les émissions de CO ont chuté de 53 %, les émissions de NMVOC de 44 % et les émissions de NOx de 35 %.

Selon la Commission européenne, les Européens vivent en moyenne huit mois de moins à cause des particules fines en suspension dans l’atmosphère. Barbara Helfferich, porte-parole du commissaire à l’Environnement Stavros Dimas, a indiqué que dans certaines zones plus polluées de l’Europe, l’espérance de vie pouvait baisser de 36 mois.

Les polluants liés aux transports

Le trafic routier est responsable du rejet dans l’atmosphère de :

  • 6 % des émissions de dioxyde de soufre (SO2)
  • 69 % des émissions d’oxydes d’azote (Nox)
  • 64 % du monoxyde de carbone (CO)
  • 49 % des composés organiques volatils (COV)
  • 33% des particules en suspension

Les alternatives à l’essence et au gazole

Les voitures qui roulent à l’essence ou au gazole fonctionnent moins bien sur les cinq premiers kilomètres parcourus chaque matin ou après un long arrêt, parce qu’au démarrage le moteur et le pot catalytique sont froids. Cela entraîne une sur-consommation de carburant et l’inefficacité du pot catalytique, donc d’importants rejets de polluant.

• Les véhicules électriques :
Le véhicule électrique, parce qu’il n’émet aucun polluant là où il circule, quelle que soit la longueur du trajet, contribue très efficacement à la diminution de la pollution urbaine.

• Le GPL : un carburant attractif
Un véhicule GPL récent et en bon état de fonctionnement, peut offrir des performances environnementales intéressantes par rapport à l’essence (diminution des polluants). Par ailleurs, les véhicules GPL n’émettent pas de particules.

D’autres pistes (pile à hydrogène, air comprimé) existent mais sont encore confidentielles :
- AIRpod, se conduit avec un minimanche (joystick), il ne coûte que 1 € pour 200 kilomètres et ne laisse personne indifférent en se faufilant dans les embouteillages.
-* http://mobilite.planete-hydrogene.com/ , le site des premiers tests exclusifs en france de véhicules électriques à hydrogène

Cependant attention ! Les progrès techniques ne peuvent à eux seuls régler les problèmes de pollutions et de nuisances que posent les transports. Notre façon d’en user (ou d’en abuser !) conditionnera pour une très grande part le succès de protection de notre environnement.

LA POLLUTION ATMOSPHERIQUE ET LA SANTE

Les effets sur la santé des polluants atmosphériques, notamment des polluants visés par les réglementations européennes et françaises (particules, ozone, dioxyde d’azote, dioxyde de soufre, …), sont de mieux en mieux connus que soient dans le cas d’expositions de courte durée (expositions aiguës) ou d’expositions à moyen et à long terme (expositions sub-chroniques et chroniques). Ces effets sont décrits sur le site de l’Institut de veille sanitaire (InVS)

La communauté scientifique est aujourd’hui à peu près unanime : la pollution de l’air a des impacts négatifs importants sur notre santé. Elle est, entre autres, à l’origine de nombreux décès prématurés, de séjours à l’hôpital, de l’apparition de plusieurs maladies respiratoires et cardiovasculaires, et de cancers.

D’ailleurs l’organisation mondiale de la santé a confirmé le mardi 12 juin que les particules fines émises par les moteurs diesel sont cancérigènes. Depuis des années déjà la dangerosité de ces particules était connue : l’OMS les avait classées jusque-là comme "probablement cancérigènes" et avait estimé le nombre des victimes à 42.000 rien qu’en France. De nombreuses études épidémiologiques avaient évalué la lourde surmortalité liée au diesel. La dernière en date, l’étude Aphekom, estimait la perte de durée de vie des habitants des grandes villes vivant dans un air toxique à six mois.

Quelques chiffres éloquents
Aux Pays-Bas, le nombre annuel de décès prématurés attribuables à la pollution de l’air serait presque le double de celui des morts causées par la circulation automobile1.
Une étude menée en France, en Autriche et en Suisse a conclu que, pour ces trois pays, 6 % de la mortalité totale pouvait être attribuée à la pollution de l’air. Cela équivaut à 40 000 décès par an. Cette pollution causerait chaque année l’apparition de 25 000 nouveaux cas de bronchite chronique chez les adultes, 300 000 épisodes de bronchite chez les enfants, 500 000 crises d’asthme et la perte de plus de 16 millions de jours-personnes d’activité.
Dans la grande région de Montréal, sur une population de 1,8 million d’habitants, 1 540 décès prématurés sont associés à la pollution de l’air chaque année, selon Santé Canada. Parmi ceux-ci, 400 sont liés aux épisodes de pollution intense et 1 140 à une exposition chronique4.
Chaque augmentation de 10 microgrammes par mètre cube des particules fines dans l’air augmente le risque de maladie cardiovasculaire de 12 %, selon une étude de l’American Heart Association20. Autrement dit, vivre dans une ville polluée crée un risque pour la santé qui équivaut à 50 % de celui qu’on court à vivre avec un fumeur.

Les particules sont de taille, de composition et d’origine diverses. Leurs propriétés se définissent en fonction de leur diamètre aérodynamique appelé taille particulaire.

  • Les grosses particules appelées PM10 (particules dont le diamètre aérodynamique est inférieur à 10 ?m), peuvent atteindre les voies respiratoires supérieures et les poumons.
  • Les particules plus fines, appelées PM2,5 (diamètre aérodynamique inférieur à 2,5 ?m), sont plus dangereuses dans la mesure où elles pénètrent plus profondément dans les poumons et peuvent atteindre la région alvéolaire.

SURVEILLANCE DE LA QUALITE DE L’AIR EN LIMOUSIN


Comme tout un chacun, chaque jour, nous respirons un air qui pénètre dans nos voies respiratoires.

Nous interrogeons nous sur la qualité de ces 15 000 litres d’air respirés au quotidien ?

Le site internet de Limair vous accompagne vers l’information sur la mesure en quasi temps réel, la prévision de la qualité de l’air en Limousin et vous propose en téléchargement différents documents d’étude et de communication.

L’indice Atmo, et l’indice de qualité de l’air (IQA) pour les villes de moins de 100 000 habitants, qualifient la situation générale de la qualité de l’air d’une agglomération, c’est à dire d’une zone urbanisée présentant des niveaux de pollution atmosphérique relativement homogènes. Il est construit à partir des mesures effectuées sur des sites représentatifs de la pollution de fond des quatre polluants suivants :
- SO2 : dioxyde de soufre,
- NO2 : dioxyde d’azote,
- O3 : ozone
- PS : particules en suspension de taille inférieure à 10 microns.

Depuis 2006, à Tulle comme à Brive, on relève des valeurs entre 5 et 6 sur 15% des jours. A noter qu’un indice ATMO supérieur à 7 a été constaté seulement une dizaine de journées sur ces 5 années.

La lettre du Plan de Déplacement des Administrations

 

Directeur de la publication : Sophie THIBAULT, Préfet de la Corrèze

Rédacteur en chef : Denis DELCOUR, Directeur Départemental des Territoires

Comité de rédaction : Véronique BOUCHET, Christophe DUPRAZ, Éric SAUBION